Etats d'Âme(s) : Adrien.

Euh voilà. Je vais poster le texte que j'ai écrit il y a maintenant deux bonnes semaines. Seulement, je vous demanderai, je vous supplierai même de ne juger aucun des personnes citées dans le texte. Oui, c'est un texte très très personnel, et j'ai très longuement réfléchi avant de le poster.
Ce n'est pas que j'ai pas confiance en vous (nan, je vous aime tous >.<), mais c'est un texte qui me tient à coeur, tout ce qui est écrit est vrai.
Donc voilà, =).

Petite précision pour ne pas que vous vous perdiez : le début du texte se passe au mois de juin 2007. La fin (après l'étoile) se déroule... ben maintenant. -_-'





Cela doit faire maintenant trois heures que je suis assise. Je n'en suis pas sûre, mais en réalité, je m'en moque. Je suis aux premières loges, en front direct des musiciens. Enfin, des apprentis musiciens.

Le stand musique, tenu par Le Florida, comporte une batterie, trois guitares électriques et deux basses. Que du matériel de bonne qualité, le genre de truc qui doit valoir plus de 10 000 €. Les gens de mon âge, les « ados » s'y pressent, il faut jouer des coudes pour obtenir une bonne place – dans l'herbe, au bord du parquet de la tente.

J'ai vu passer des inconnus, des amis, des connaissances, des bons, des nuls. Des gens se sont assis à côté de moi, ont vainement tenté d'engager la conversation, mais je ne leur répondais pas – je ne les entendais
même pas, à vrai dire. Non, moi, je me concentrais sur les guitaristes. Filles ou garçons, là n'est pas la question. Mais j'essayais de décrypter leurs mouvements, le battement de leur pied, leur relation par rapport à l'instrument. Parce que mon rêve, c'est de devenir une grande guitariste. Faire pleurer les débutants devant la complexité de la tablature d'un de mes riffs irréels. Etre vénérée par des milliers de personnes. Les entendre scander mon nom lors de mes concerts. Un beau rêve, me direz-vous. Partagé, chéri, couvé par des centaines et des centaines d'autre rêveurs. Je ne dirais pas que j'ai quelque chose de plus qu'eux, loin de là. Non. Ma seule arme, c'est l'Envie.

Bref, je reste assise, dans l'herbe, les yeux remplis d'étoiles en regardant les bébés guitaristes, batteurs et bassistes jouer, la voix qui tremble quand, tous ensemble, ils reprennent pour une énième fois « Smells like teen spirit », l'hymne d'une génération, de feu Nirvana, et que j'en fredonne les paroles, les doigts qui fourmillent quand, ô miracle, une des guitares est libre – jamais pour très longtemps. Je crève d'envie de rentrer sous la tente, empoigner la gratte, et en jouer, jusqu'à m'en faire saigner les doigts. Seulement voilà, je n'ai jamais joué. Pour une future Jimi Hendrix, c'est plutôt embêtant. Alors je me contente de soupirer, et continue d'écouter les – parfois fausses – notes s'échappant des instruments.

Je ne fais pas attention aux gens qui jouent, je prends juste une photo quand je connais la personne qui joue. Actuellement, c'est Cédric qui a la plus belle guitare, l'Ibanez – une pure merveille. Il est plutôt bon, je dois l'avouer. Achille est toujours derrière la batterie, bouchons dans les oreilles, abusant de la double pédale, mais il joue bien, alors je crois qu'il est pardonné. Ah tiens... Pascal se met à la basse. J'ignorais qu'il en jouait. Et Cédric vient de passer la guitare à... zut, je sais qui c'est, mais je ne connais pas son nom.

Blond, yeux bleus, assez bien foutu – pour un gars de cinquième. X'est un pote de Pascal. Bordel, qu'est-ce qu'il a changé ! Je me rappelle de lui, l'an dernier, il était tout maigrichon, chochotte... Et là, il ressemble vraiment à un mec. A moins que ce ne soit l'Ibanez qui le rende si... si indescriptible en fait. Il a le trac, je le sens et ça se voit. Ses mains tremblent, son dos – oh mon dieu ce dos ! – est contracté, tendu. Le stress de la première fois sans doute. Je m'étonne, je ne m'étais encore jamais préoccupée de détails aussi insignifiants.

Achille s'impatiente, il commence à battre un rythme. Lui, Pascal et le blond sont des amis de longue date, d'après ce que je sais. Un petit signe de tête à Pascal, Pascal au blond – qui ne peut s'empêcher d'afficher un sourire gêné – et lui-même à Achille. « Un... Deux... Un, deux, trois, QUATRE !! » hurle ce dernier. Et la musique est lancée. Smells like teen spirit. Encore une fois. Mais cette fois-ci, c'est différent.

Le blond commence le riff d'intro. Une, deux fausses notes. Aïe, pas bon. Il se crispe encore plus. Si ça continue, il va faire comme une corde trop tendue : casser et fouetter. Quelqu'un dans le public lance un « Allez Adrien !! ». Alors il s'appelle Adrien. Pascal s'incruste, Achille entre à son tour dans la danse. Il tape fort, et lance des sourires d'encouragement à Adrien : d'eux trois, c'est celui qui est le plus mort de trouille. Il se détend à vue d'œil à présent. Et son talent n'en ressort que mieux. Il n'est pas exceptionnellement doué, mais disons qu'il se défend bien.

Je ne suis pas loin de lui. Il me suffirait de tendre le bras pour le toucher, il est là, au bout de mes doigts. Mais ce serait violer le moment présent, briser cette communion. Parce que oui, Adrien et l'Ibanez ne font plus qu'un. C'est comme si elle avait fait, fait, et fera toujours partie intégrante de lui. Comme moi je ne vois et n'entend que lui, il semble être dans une bulle, complètement coupé des autres... dans son monde. Un monde ô combien égoïste, exclusif, mais tellement merveilleux. Un monde où il n'existerait que lui et la guitare. Où il s'imaginerait peut-être en train de jouer au Download de Londres. Où il côtoierait les plus grands, Alexi Laiho, Rob Flynch, Max Cavalera, Mark Knopfler, Buckethead...

Il regarde sa guitare avec tellement d'amour que je me dit que décidément, je veux être et je serai guitariste. La chanson prend fin. Il sourit – et quel sourire... Le public explose, moi parmi les plus bruyants. Mais je reste en retrait, encore une fois. Non, ce rêve-là n'est pas pour moi.

*

Six mois après, j'ai enfin eu ma guitare. Je l'aime, comme je n'ai jamais aimé un « simple objet ». j'en joue souvent, on me dit que si je continue comme ça, je peux espérer aller loin. Mais je ne sais pas. Je ne sais plus. J'ai envie de jouer, de jouer pendant des heures. Mais je bloque au bout de cinq malheureuses minutes. Et ça, ça me rend folle...

Adrien fait toujours partie de moi, et pas qu'un peu. Je l'observe de loin ; avec ou sans discrétion, cela varie selon l'humeur. Mais je ne peux plus le regarder de la même manière qu'avant, depuis que je l'ai vu à l'œuvre.
Parce que finalement, je me rend compte d'une chose : je veux qu'il me regarde comme il a regardé sa guitare, en ce mois de juin 2007.

Mais c'est trop demander, j'en suis consciente.

c'est trés bien...
je ne vois par pourquoi on devrait juger un personnage !

ton texte est bien écrit, fluide et le style change, évolut, c'est bien !! chapeau !

C'est super bien écrit, on se laisse emporter pas l'histoire, j'aime beaucoup *limite les larmes aux yeux*... C'est franchement bien, et t'arrive à glisser des "apports d'informations complémentaires" comme dirait mon prof de français, sur la musique et le milieu guitariste... Enfin je me comprends, j'aime beaucoup cette histoire, il y aura t'il une suite?

C'est vrai que c'était super bon!!! J'aime trop les histoires vraies.

Merci les filles >.<

Acid Queen a écrit:

je ne vois par pourquoi on devrait juger un personnage !

Eh bien en fait, j'avais peur de paraître nunuche -___________-'
Adrien, Pascal, Achille, tous les gens cités existent réellement et font partie de mon entourage (plus ou moins proche). Je ne sais pas pourquoi, j'avais peur que les gens me jugent trop... "rêveuse", "utopique", 'fin dans ce genre quoi.

Aléanore a écrit:

Enfin je me comprends, j'aime beaucoup cette histoire, il y aura t'il une suite?

Je ne pense pas que l'on peut dire qu'il y aura une suite, vu que ce texte fait partie des écrits que je rédige depuis pas longtemps, qui sont ce qu'on pourrait appeler des "écrits en temps réel". En gros, un journal.
Peut-être que je recopierai celui que j'ai écrit ce jeudi. Je ne sais pas trop =(

En tout cas, merci encore. =D

J'ai bien entendu "autres écrits"?????
Pourquoi tu nous infliges la torture de ne pas les publier??? *boude*
J'en veux encore...

Ps: tu parais pas du tout nunuche t'inquiète pas

xD J'ai la réputation d'être sadique x)
Non mais en fait, j'aime bien être au calme quand il s'agit de recopier un texte, histoire de pouvoir faire les modif' nécessaires, et là en ce moment... *AUTORITE PARENTALE*

J'vais essayer d'en recopier un, mais je ne garantis rien de rien >.<

Ouah, j'trouve ça trop touchant... et c'est tellement bien dit à la fin la révélation... Nan, on jugera aucun des personnages, manquerait plus que ça =O!
Et psi des fois, prendre des gens de son entourage, c'est pas plus mal, ça n'en fait que mieux ressortir le ressenti !

Je te souhaite la même chose; Bonne Chance. Vie ta vie d'accord? Bah stun peu évident mais Vie la pleinement d'accord .