« N’aie pas peur. Ce n’est que moi et je veille sur toi. »
Un souffle froid sur le bout de mes lèvres puis plus rien. Je me rendormis.
Cette nuit là, j’avais rêvé d’une ombre planant au dessus de moi, décrivant des inlassablement des cercles, conjurant le mauvais sort.
Au réveil, Il avait été là, énigmatique et magnanime, intouchable.
Le jour précédent, la chaleur torride m’avait épuisé, la douche froide m’aiderait à m’endormir.
Etendue sur mon lit, je me demandais s’Il reviendrait cette nuit, au fond de moi je savais que oui mais une alarme dans mon cerveau me priait d’éviter de L’attendre avec autant d’impatience : ce n’était pas normal.
Chaque nuit depuis le début de l’été Il venait et passait la nuit avec moi. Je n’apercevais jamais qu’un coin brillant de Ses yeux, un reflet sur Ses dents blanches, l’humidité de Ses lèvres.
Les jours passent et se succèdent. J’arrive à rester éveiller plus longtemps en Sa présence. Il me parle de pays, de gens, de souvenirs, de parfums, d’émotion et de sentiments. Les journées sont plus longues, je fais des siestes et L’espère. Je vis entre le soleil et la lune. Mon amour grandit et il est dur de Nous séparer. Je voudrais être capable de ne pas m’endormir alors qu’Il est encore là, bientôt, j’y arriverai.
Nous sommes le 15 août, ce soir Il ne m’échappera pas, ce sont les 50 ans de mariage de mes grands parents et le mot d’ordre c’est faire la fête jusqu’au lever du jour. Il m’a promit qu’Il serait là, Nous irons Nous promener, je Le verrai enfin.
(Il est minuit)
- Tu es en avance.
C’est Sa voix, je la reconnais. Quelle douce mélodie qui vient charmer la nuit de son chant. Je suis assise sous le sol pleureur du domaine, j’aime cet endroit.
Je me retourne, Il est là, dans toute Sa grandeur. Je le savais, Il est beau comme dans mes rêves, mon fantasme incarné. Comment résister ? Un sourire.
Il me tend une main fraîche pour me relever, je n’hésite pas et m’en empare. D’un geste vif et tendre Il me serre contre lui et respire à grande goulet l’air. Son corps semble mouler pour accueillir le mien. De Ses doux doigts Il relève mon menton, me sourit et embrasse le bout de mon nez, Il s’écarte mais ne lâche pas ma main
- Es-tu heureuse d’enfin me voir ?
- Evidemment !
- Ma nature ne te gène pas ?
- De quoi parles-tu ?
Je sens que quelque chose m’échappe, l’alarme de mon cerveau se réveille.
- Plus tard, me souffle t-Il
Nous marchons dans le parc, prés de Lui je n’ai pas chaud, une odeur sucrée et délicieuse se dégage de Lui.
Il me raconte Sa vie, si longue…
L’alarme cogne sur ma boîte crânienne mais je la mets en sourdine.
Nous sommes assis sur un banc au bord du canal. Comme s’Il lisait en moi, Il précise les choses qui m’intéressent le plus.
Le silence se fait.
- M’accorderais-tu une faveur ?
Sa voix parait hésitante mais excité.
- Oui, dis moi.
Lentement il s’approche, Sa main droite tient ma nuque, la gauche dans le dos. Ses lèvres s’approchent irrésistiblement, Il garde les yeux ouverts, moi je m’évade déjà. Le contact est violent émotionnellement, jamais saveur ne fut plus langoureuse que celle de Ses lèvres, quelle aimable torture me fait-il vivre. Ma langue rencontre la Sienne, aucune dimension connue ne s’approche de l’effet qu’elle procure. Le temps autour de nous est suspendu. Du ciel, les étoiles pleuvent en paillettes majestueuses. Le baiser se poursuit, je mourrais pour qu’il ne s’arrête jamais.
Sentant mes réticences à me séparer de Lui, Il nous soude l’un à l’autre.
Ma tête n’est plus soutenue que par Sa main. Je suis ivre d’amour. Sa langue se retire, Il me presse contre Lui, ma tête dans son cou. Un sol moelleux sous moi m’indique que je suis allongée sur l’herbe.
Je rouvre les yeux, Il est penché sur moi, jaugeant mon état.
- Ce soir je t’offre toutes mes faveurs, chuchotais-je
La foudre reprend, Ses baisers me brûlent le corps, je suis consumée par le désir.
Il vient en moi comme le ressac, le ressac de l’être aimé. Mystérieuse union de deux personnes prédestinées à ne jamais se côtoyer, finalement se heurtent au fatalisme, à l’accomplissement de leur amour, de leur désir.
Autour de Nous la beauté pâlit, l’éclipse est totale.
Envoutante mélodie qui ne Nous quitte plus.
Allongée prés de Lui, dans Ses bras, plus rien n’a d’importance. Sa main caresse mes cheveux, Son parfum dans les narines, je suis ivre de Lui. Telle une drogue j’en veux toujours plus, je ne veux pas m’en séparer.
Ivre, je ne marche pas droit. Pour rentrer chez moi, Il doit me soutenir. La fatale séparation est atroce mais une promesse résonnant dans ma tête me fera survivre jusqu’au lendemain soir.
Le jour se lève, j’ai mal à la tête et me sens vide de Sa présence. Je me lève, pantelante et prise de nausée, cours aux toilettes régurgiter ce que j’avais mangé la veille. Aujourd’hui je suis seule chez moi pour le week-end. Je m’allonge sur le sol frais de la salle de bain. Recouverte de sueur je prends une douche froide mais mes tremblements ne se calmeront que quand Il reviendra.
La journée, je la passe en travers de mon lit, une souffrance me déchire le ventre et je continue de transpirer à flot.
La nuit arrive, chargée de deux promesses : celle de sa fraicheur et celle de Son retour.
C’est une fraîche caresse qui me réveille de ma léthargie, une faible lueur L’éclair. L’inquiétude se lit sur Ses traits mais cela renforce Sa beauté.
Au cours de la nuit mes tremblements se calmeront, ma fièvre régressera mais au levée du jour Ses bons soins s’arrêtent et voyant que je m’agite, il calfeutre la maison dans le noir et reste.
Seule la nausée persistera.
Les mots doux, les caresses, les baisers sont les seuls et meilleurs remèdes qu’Il ait.
Il m’arrive de perdre des gouttes de sang, même là Il me soigne, bien que tendu comme un arc.
Deux jours passent ainsi, entre rêve et réalité, jour et nuit. Mais Il reste et c’est le plus important, Il dort prés de moi et veille.
Mes parents reviennent, Il doit partir. Je pleure sans arrêt, les douleurs accumulées sont insupportables. Ils s’inquiètent et me conduisent à l’hôpital, là bas le verdict tombe.
Mes parents éberlués n’en reviennent pas, je n’ai que 17 ans.
De retour, la nuit, je Lui raconte tout. Aux anges, Nous faisons des projets mais bientôt Il recouvre son sérieux et me demande si je suis bien certaine de le vouloir.
Les heures passent et je n’ai plus qu’une idée en tête : partir.
Une lettre est posée sur la table de la cuisine, le matin, les parents de la jeune fille la trouve et la lise.
Ils ne comprennent pas, n’en reviennent pas, mais leur fille ne leur laisse pas le choix, elle reviendra les voir quand elle aura accouché.
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Comme toujours, à vos commentaires ^^
Désolé pour la fin, j'en avais plusieurs en tête, en tout cas celle ci ne me convient pas ...