Pour ceux qui aiment LIRE !! Un vrai fofo pour toutes celles et ceux qui aiment lire et partager leur passion pour la lecture |
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| Céleste | |
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Auteur | Message |
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Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Céleste Mar 4 Mar - 23:09 | |
| Je n'ai pas une grande originalité en ce qui concerne le choix du titre... C'est le prénom de mon héroïne! Je vous présente ma petite création encore incomplète bien sûr, qui j'espère vous plaiera autant que j'ai eu de plaisir à l'écrire...
Chers lecteurs, soyez les bienvenus au sein de mon univers torturé... CELESTE
Chapitre I Au revoir _Combien? Patrick sortit sa montre de sa manche, un sourire béat aux lèvres, il la regarda à peine, il l’examinait déjà toutes les dix secondes depuis une heure : _Huit petites minutes Comme si les minutes pouvaient être petites ou grandes. Je tournai la tête vers la fenêtre avec lassitude, les paroles de mon professeur se perdant dans les chuchotements et les frissons d’excitation qui parcouraient la salle. Nous venions d’entrer dans l’Été et pourtant le temps était exécrable, aucun rayon de soleil ne parvenait à percer l’épaisse couche de nuages qui avait envahi le ciel, il bruinait, et les hauts sapins se penchaient dangereusement sur la droite comme pour nous prévenir de la tempête. J’avais passé tant d’années ici qu’il m’était difficile d’imaginer que dans huit minutes, tout serait fini. Mon sac était déjà sur mon lit, le dortoir était vidé de toute trace de mon passage, et dans à peu près deux mois, quelqu’un d’autre prendrait ma place. Mon visage revint sur la classe, ils étaient tous là, Tom, Ange, Ève, Cha, Pat, Ariane, souriants et pressés que la cloche sonne une dernière fois sur nos années de pension. Adam me regarda du fond de la salle, il était plus beau que jamais, ou peut être était ce le fait que nous vivions nos derniers instants ensemble, et ses yeux d‘un vert d‘émeraude semblaient avides de liberté et de désir. Il portait le col roulé noir que je lui avait offert à Noël, il faisait ressortir son teint pâle et ses cheveux ébouriffés d‘un noir de jais. J’essayais de lui sourire mais c’était une grimace qui apparaissait sur mon visage, je ne savais pas comment lui annoncer que pour lui et moi aussi, ce serait terminé dans sept minutes. J’avais décidé de changer de vie, de tout recommencer à neuf, de laisser derrière moi les deuils, les déceptions, les faux semblants et tout le reste. Je devais aller de l’avant, Adam le comprendrait, du moins je l’espérais. Je ne savais pas encore ce que j’allais faire de ma vie, beaucoup de portes s’étaient déjà fermées de par mon nom de famille: « Elphis ». Mon oncle, chez qui j’avais vécu jusqu’à mon entrée en pension, faisait parti d’un mouvement visant à renverser le gouvernement en place, il y avait perdu ses deux jambes, sa dignité, et aujourd’hui sa vie, car il était mort, il y avait un mois de cela. Je n’étais pas allée à son enterrement, le début de mon changement de vie? Je l’ignorais, en revanche, je savais que mon absence avait figuré dans le journal, et cela avait permis aux gens d’ouvrir les yeux sur moi, sur le fait que je n’étais pas comme mon oncle. Quant à mes parents, c’est une histoire sombre, ma mère est morte peu après ma naissance, et mon père en est mort de chagrin, c’était la version officielle. En réalité, ma mère et mon père ont été assassiné par les dirigeants du pays à l‘époque, ils faisaient parti de la résistance face au gouvernement Felomniste. Mon oncle était un haut dirigeant de ce parti politique, il a toujours détesté mes parents, et moi aussi par la suite. J’ai donc grandi dans un univers déchiré par la haine et le mensonge, loin de l’amour de mes défunts parents dont seules les photos me revenaient en mémoire. Ca y est, la cloche allait sonner dans cinq secondes, quatre, trois, deux, un… Mes espoirs de revenir en arrière disparurent dans une larme scintillante, qui coula doucement sur ma joue et vint mourir au creux de mes lèvres. Un goût salé envahit ma bouche, mais j’avais plutôt une sensation amère au fond de la gorge, au revoir tout le monde, au revoir ma jeunesse, au revoir Adam. Non, pas encore, il fallait d’abord que je lui annonce. Je me levai et rangeai mes affaires dans mon sac à dos, j’avais très bien vu qu’il s’était approché de moi, il me prit le sac des mains, puis glissa ma main dans la sienne: _Nous sommes libres, me murmura t’il à l’oreille _Adam, je dois te parler Il ne semblait pas le moins du monde effrayé par ma requête, c’était un jour merveilleux, que pourrait il arriver? Je le traînai donc dans les couloirs bondés de monde, des papiers volaient en tous sens, le tumulte était insupportable, j’ai toujours détesté la foule. Ma main toujours dans la sienne, nous descendîmes vivement les escaliers de pierre et j’ouvris la grande porte donnant sur les jardins, il me retint par le bras: _Il fait froid, restons à l’intèrieur Je fis non de la tête, incapable de prononcer la moindre parole, je devais attendre d’être arrivée à notre endroit, sur notre banc. Le vent faisait voler mes cheveux et je me cramponnais au bras d’Adam pour ne pas m’envoler, cela le faisait rire, il n’imaginait pas ce que j‘avais à lui dire. Notre banc était là, sous le saule pleureur de notre premier baiser, où Adam avait gravé nos initiales au couteau, il y avait trois ans, quand tout était simple, quand nous nous aimions encore comme des adolescents, quand nous n’avions que quinze ans. Je m’assis maladroitement et lui lâchai la main, j’ouvris la bouche mais il me coupa la parole: _J’ai réfléchi, et nous ne pouvons pas continuer comme avant _Ah… ah bon? Demandai-je d’une voix tremblante _Non, je crois que… Il mit la main dans sa poche, mes yeux s’écarquillèrent, non, non, non, non, pas ça! _… je serai le plus heureux des hommes… Il sortis un écrin noir de son jean et me prit la main, il fallait qu‘il s‘arrête! _… si tu acceptais de devenir ma femme. L’écrin s’ouvrit et une bague sertie de trois pierres, un rubis, et deux diamants noirs apparut à ma vue, je l‘avais déjà vue, c‘était la bague de sa grand mère. Il leva enfin la tête vers moi, les larmes aux yeux, la voix chevrotante: _Veux tu m’épouser? Je poussai un soupir désespéré, lui serrai la main, et n’arrivai à murmurer qu’un seul mot: _Oui Sa joie se fit ressentir telle, qu’il me prit dans ses bras à m‘étouffer: _Je t’aime Céleste, si tu savais comme je t’aime! Je savais qu’il m’aimait, et c’était pour cette raison que je devais attendre d’être dans le train qui nous ramènerait tous chez nous, attendre qu’il fut endormi, et descendre à la première station en laissant la bague sur la banquette. _… Pardon… Mon chuchotement ne l’atteint guère, il pensait à notre avenir, à notre mariage, à nos enfants, et toutes ces choses qui n’existeraient jamais. Je revins une dernière fois dans le dortoir où je m’étais endormi toutes les nuits depuis huit ans. Tout me semblait si loin: je me revis avec le même sac que j’arrivais difficilement à porter du haut de mes 1m30, et qui maintenant me semblait minuscule. Je jetais un dernier regard sur cette salle, un poids sur l’estomac, qui ne ferait qu’augmenter au fil du temps. Lentement, je descendis les escaliers dans le « living room » des filles, déjà vidé de toutes ces hystériques, pressées de se délecter de bain de mer et de soleil, que je ne reverrai plus. Un homme d’une cinquantaine d’années était assis dans un des canapés de velours violet au centre de la pièce. Il avait déjà les cheveux et la moustache d’un blanc impeccable, et portait un costume noir avec une cravate à rayures blanches, l’étonnement se fit ressentir sur mon visage car il éclata de rire: _Eh bien Céleste, tu pensais que je n’allais pas te dire au revoir? Je descendis les dernière marches et vins me blottir contre lui quelques instants avant de me retirer: _L’école va me manquer! _Je me doute bien! J’ai un petit quelque chose pour toi Il sortit un long écrin bleu marine de sa veste - c’était un peu trop pour une seule journée - et en tira un bracelet en argent finement ciselé: _Donne moi ton bras s’il te plait. Je lui tendis instinctivement le bras gauche et ne m’aperçus de mon erreur que quand son regard se posa sur la bague d’Adam, il ne fit pas de commentaire: _Ce bracelet appartenait à ta mère, j’ai réussi à l’arracher aux… services funèbres, il y a quelques années, j’attendais ta majorité pour te l’offrir _Je ne sais pas quoi dire… Merci… Ce simple bracelet représentait plus à mes yeux que toutes les bagues de fiançailles au monde, et je compris alors qu’il fallait que je parte loin d’Adam au plus vite: _Merci beaucoup Fabian. Je le pris à nouveau dans mes bras, puis, profitant que je desserrai mon étreinte, il attrapa ma main gauche et examina la bague: _C’est Adam? J’hochai timidement la tête, ne sachant quoi ajouter d’autre. _Je croyais que c’était… terminé… _Ca le sera, ce soir. _Tu lui fais du mal, tu sais? _Oui, je sais, mais je ne pouvais pas lui dire non, pas aujourd’hui, il semblait tellement heureux… Je ne voulais pas lui gâcher cette journée, du moins pas maintenant. Le directeur hocha la tête en soupirant puis se remémorant une chose, glissa sa main dans la poche de sa veste et en sortit une lettre: _Il y a l’adresse de ton frère ainsi que celle de mon ami Elias dont je t’avais parlé Il me tendit l’enveloppe que je refusai: _Ne recommencez pas Fabian, je ne veux pas entendre parler de mon frère. _Il le faudra bien tu sais, il se marie dans une semaine, je suis sûr que ça lui ferait plaisir que tu sois là… _Alors pourquoi ne m’a-t-il rien envoyé, pas une carte, une lettre, un mot, rien en treize ans? Cet argument faisait mouche à chaque fois. Il mit tout de même l’enveloppe dans ma main: _On ne sait jamais… Je mis négligemment la lettre dans mon sac et dit une dernière fois au revoir à l’ancien ami de mes parents. _Au revoir Fabian _Au revoir Céleste Je pris la porte sans regarder en arrière, mon sac sur l’épaule et mes yeux au bord des larmes. Tout le groupe m’attendait gaiement en bas de l’escalier, un flot de tristesse m’envahit une nouvelle fois quand je les vis, j’allais les quitter, mes amis fidèles depuis huit ans. Seul Adam avait levé la tête, il me regardait descendre, l’amour au fond des yeux, l’espoir au bord des lèvres. En arrivant à leur hauteur je respirai de pouvoir une dernière fois sentir cette chaleur, cette bienveillance, cet amour qui se dégageait de chacun d’eux. Nous allâmes alors sur le terrain vague où Patrick, surnommé Pat’, avait l’habitude de garer sa voiture, nous le charrions sans cesse sur la richesse de sa famille, son père était ministre des affaires étrangères, et en plus de son influence, possédait une richesse considérable. Je montais à l’arrière, entre Angélique et Ève qui se chamaillaient pour un rien, je les écoutais, restant silencieuse à leurs suppliques. Patrick conduisait, Adam à côté de lui, ne cessant de me fixer, comme s’il savait que nous n’allions plus nous revoir. Derrière moi, Charlotte, Guilhem, Thomas et Ariane se serraient comme d’habitude sur une banquette de trois places en criant des injures qu‘ils ne pensaient pas. J’aurais voulu que le trajet jusqu’à la gare dure un siècle, mais nous fûmes arrivés en une dizaine de minutes. Avec le temps, nous avions notre compartiment particulier, rien qu’à nous, et tandis que le soleil se couchait à l’horizon, les garçons chargeaient les bagages, ne demandant pas pourquoi je tenais à garder mon sac près de moi, trop excités de leurs nouveaux statuts d’hommes libres pour s’en préoccuper. J’avais demandé à Adam de ne pas leur annoncer nos prétendues fiançailles avant d’être arrivés à Besnom, ville où nous avions tous loués une petite villa pour les vacances. Je ne voulais pas l’humilier devant ses amis, enfin, nos amis. La vieille locomotive partit tout doucement, puis se mit à accélérer. Je ne dis pas un mot de la soirée, faisant mine d’être fatiguée pour ne pas inquiéter Adam et les autres. Puis, après plusieurs heures de discussion, une bouteille de champagne servie dans des gobelets en plastique, tous finirent par s’endormir, il était minuit, et mon arrêt était à une heure. J’attendis donc, la peur au ventre, profitant une dernière fois du parfum d’Adam, de la chaleur de son corps et de la douceur de son sommeil. Une voix quelque peu brouillée par des grésillements se fit entendre dans les haut-parleurs des compartiments en annonçant mon arrêt. Je me levai en silence, prenant délicatement mon sac dans les bras et jetant un dernier regard sur Adam et la bague occupant la place où j’étais censée être assise, je dis adieu à mon enfance, à tous ces gens que j’avais aimé et entrai dans une nouvelle vie, celle qui serait désormais la mienne. Les portes s’ouvrirent dans un grincement sonore et je descendis sur le quai. La fenêtre de notre compartiment était couverte de buée, et les filles avaient dessiné des soleils à lunettes et des dessins de plage avec leurs doigts. Cela m’arracha un dernier sourire avant que les portes ne se referment. Pendant un instant je me mis à espérer ainsi qu‘à craindre, qu’Adam ne lève sa tête à demi endormie, et ne m’aperçoive sur le quai, mais ce ne fut pas le cas et le train s’éloigna dans le silence de la nuit. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Céleste Mer 5 Mar - 0:10 | |
| Tu écris merveilleusement bien tu sais? Je me sentais carrément plongé dans un vrai roman. J'ai bien hate de lire la suite!!
ps: Peux-tu me dire si l'histoire sera du genre fantastique, réelle, amour??!? |
| | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Mer 5 Mar - 0:31 | |
| Amour et fantastique......... *o* mon rêve!!!!!!!!!!!!!! ^^ En tout cas merci beaucoup, ça me fait très plaisir ! | |
| | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Mer 5 Mar - 11:34 | |
| Suite et fin du chapitre
Je sortis de la gare d’un pas lourd, et scrutai les alentours. Un panneau électrique luisait en vert et rouge, reflétant ses couleurs sur le bitume encore humide, de l’autre côté de la rue, sur la façade d’un hôtel délabré qui était ouvert « jour et nuit ». Le vent était tombé mais il faisait frais, je resserrai donc mon col sur mon cou et entrepris de traverser le parking pour atteindre le passage clouté. Je faisais attention à contourner les clochards et les quelques hommes à l’apparence louche qui rôdaient dans les environs. Mais ce que je redoutais arriva, un homme commença à me héler, je n’y fis pas attention et accélérai le pas quand cet homme m’appela par mon prénom. Je me retournai donc et vis un home âgé d’une trentaine d’année, les cheveux bruns et courts soigneusement lissés sur le crâne, les yeux d’un bleu profond et une barbe naissante autour de la bouche. Je poussai un soupir exaspéré en le reconnaissant, mais attendis qu’il me rejoigne, il fit quelques enjambées avant de se retrouver près de moi, et d’une voix des plus neutres je demandai: _ Fabian? _ Oui, il ne savait pas si tu descendrai ici ou dans la capitale, j’attendais au cas où. Je le jaugeai quelques instants, il était plus grand que dans mon souvenir, en tout cas plus « chic », il portait un pantalon noir, des chaussures en cuir, un col roulé beige qui me rappela douloureusement Adam, ainsi qu’un manteau noir à la façon d’un détective privé. Je tournai la tête et repris mon chemin, il me rattrapa: _Viens à la maison, j’ai une chambre d’ami. _Pas une seule lettre en treize ans. Il ne répondit rien, je continuai: _A quinze ans, alors que j’en avais cinq tu t’es barré et tu m’as laissée seule avec le vieil ivrogne… _Tu ne craignais rien… _Tu crois? Il me battait tous les soirs, complètement ivre, fou de rage que tu te sois barré, et à chaque fois que j’essayais de partir, moi aussi, pour te retrouver et pour fuir cet homme, les flics me ramenaient et il me battait encore plus. Alors que la seule chose qui me préoccupait c’était de savoir si tu allais bien, toi tu gambadais dans la nature sans aucune pensée pour moi. Vois les choses en face, tu n’en as rien à foutre de moi, tu m’as laissée seule avec ce porc. J’ai été élevé dans une maison où je tressautais à chaque bruit dans l’escalier qui menait à ma chambre, je ne voyais défiler que drogués, alcooliques et putes! Et pendant cinq ans! Je ne mangeais que ce que je trouvais, j’étais seule, toute seule, la peur au ventre et l’espoir que tu reviennes s’estompant un peu plus à chaque minute. _J’ai vécu la même chose quand tu n’étais qu’un bébé! _Non! Tais toi! Il ne te frappait pas toi! Je le sais parce que j’écoutais tout, parce que j‘avais peur qu‘il te fasse du mal! Il te gueulait dessus mais c’était tout. Je ne sais même pas ce qui serait arrivé si Fabian… si j’étais restée un peu plus… Je me tus à la pensée qui me tiraillait chaque soir, le dégoût m’arracha un haut le coeur et je m’agrippai à un lampadaire pour ne pas tomber à terre tandis que mes yeux lâchaient leurs larmes sur mon visage blafard. _Ca va aller? Sa voix me fit frémir tant elle sonnait faux, mais je me redressai: _J’ai besoin d’une chambre pour une semaine, et d’argent aussi. _Combien? _Je vais réfléchir. Ta fiancée est chez toi? J’avais prononcé ce mot avec une amertume qui le fit pâlir: _Oui, elle y est, j’ai pris ma voiture, si tu veux… Il me montra une jaguar bleu marine si bien polie que sa carrosserie luisait à la lueur des réverbères et de la pleine lune. J’hochai la tête et m’approchai du véhicule, il hésita un instant à me faire monter, puis, comme s’il avait mauvaise conscience il se décida. Je montai, moi-même sans grand enthousiasme. Il démarra: _Ta ceinture s’il te plaît. Je lui jetai un regard noir qui signifiait quelque chose comme « je ne suis pas ta fille », et finis par l’attacher. La voiture démarra et s’arrêta dans un silence des plus complets, il ne me posait pas de question, moi non plus, c’était dit. Il s’arrêta donc dans un quartier bourgeois, devant une maison du style baroque, dont seulement une pièce était allumée, une Laguna grise était garée devant la façade. Je sortis avec empressement de sa voiture et attendis qu’il ouvre la porte de la maison. Le hall était éclairé par un lustre, dont les cristaux renvoyaient la lumière dans un long miroir qui s’étendait sur toute la longueur de la pièce. Un buffet occupait le mur en face de celui-ci, orné de photos de famille dont je ne faisais pas partie, et un tapis beige ornait le sol carrelé qui brillait sous la lumière, comme si on venait de le cirer. La pièce, pourtant exiguë, était décorée avec soin, et je me sentais intruse dans cette maison qui semblait tout droit sortie d’un catalogue de décoration. Une jeune femme blonde sortit en trombe de ce qui semblait être le salon, que je présumai être la fiancée. Elle portait un tailleur beige et semblait rassurée que je n’ai pas l’apparence d’une droguée ou d’une nymphomane, sa coupe de cheveux était taillée en un carré minutieux, et un solitaire brillait à son doigt long et manucuré. Elle s’approcha de moi et me fit la bise comme à la fille d‘une de ses amies: _Bonjour, je m’appelle Carole, la fiancée de Jean-Charles, je suppose que tu es Céleste! Après une seconde d’hésitation, imaginant la description affreuse que mon frère avait pu lui donner de moi, je décidai de recourir à la politesse et au charme que je n’avais pensé réserver qu’au Président, si je le rencontrais un jour: _En effet, je suis vraiment enchantée de vous connaître, je constate avec joie que vous avez su donner le goût de l’ordre à mon frère aîné, car je doute que la décoration vienne de lui, je me trompe? Ne décelant pas le sarcasme dans ma phrase, « Carole » sembla ravie de me découvrir civilisée, et nous vînmes à entamer une conversation sur les us et coutumes d’un frère que je n’avais pas revu depuis treize ans, inventant diverses choses pour le mettre mal à l‘aise, et ressortant de souvenirs éloignés, quelques histoires drôles qu‘il, je le pense, aurait préféré oublier. Ma cordialité ne semblait pas réjouir mon frère autant que sa fiancée, il restait de marbre devant mes plaisanteries, et ne se joignait guère à la conversation. Peu m’importait, mon seul désir étant de l’importuner autant que possible dans la semaine qui allait suivre. Refusant de dîner, prétextant être repue d’un repas pris dans le train, je me fis conduire à ma chambre. C’était, comme je l’avais prévu, la réplique conforme de la chambre d’amis parfaite, dans un catalogue de meubles et décoration. Le mobilier se composait d’un lit à baldaquin en fer forgé, d’une commode en bois, d’un petit fauteuil crapaud, d’une immense plante en pot, et d’une étagère où quelques livres à la couverture ancienne, attiraient le regard des visiteurs, cependant je ne taris pas d’éloge sur la couleur très « design » du linge de lit. Une fois la porte refermée, je soufflai fortement, et m’étendis sur le lit, les larmes commençant à me piquer les yeux, et la gorge nouée d’avoir à jouer la comédie. Je me relevai et d’un geste de la main tout en prononçant « levare » du bout des lèvres, j’ouvris mon sac et déposais son contenu dans un tiroir de la commode, puis, sans plus me lever, je fis voler mes quelques livres jusqu’à l’étagère, et enfin sortis de mon sac désormais vide, un vieux pyjama que je fis atterrir dans mes mains. Tout en changeant de vêtements, je me demandais si « Carole » était au courant que son futur mari était comme moi un légimentien. Je fis glisser les couvertures et me blottis dans le lit, à l’affût de la conversation de mon frère et de sa future femme. Me remémorant l’incantation, je me concentrai sur leur chambre en murmurant « audire » d’une voix presque inaudible: _… Je ne sais pas si je tiendrai une semaine! _Mais voyons, ta sœur est adorable! _C’est que tu ne l’as pas vue quand je suis allé la chercher à la gare, elle était odieuse, elle me déteste depuis que je suis sorti de sa vie! _Tu te comportes comme un mufle! _Mon oncle l’adorait, je ne l‘ai pas laissée seule! Elle n’est qu’une sale petite peste, et ma seule envie est qu’elle sorte de ma vie aussi vite qu’elle y est revenue! J’en avais assez entendu, et j’aurais aimé que Fabian soit là pour constater à quel point « mon frère tenait à ce que je sois présente pour son mariage. » Cela faisait longtemps que j’avais renoncé à mon frère, je n’attendais plus rien de lui mis à part le gîte et le couvert pour quelques temps, ainsi que l’argent nécessaire à sortir de sa vie. Je ne pensais plus à Adam, mais à l’avenir qui s’étendait devant moi, je n’avais qu’une envie, celle de quitter le monde des humains pour celui des légimentiens, et de retrouver enfin la vie que j’avais perdue en même temps que mes parents, une vie que j‘étudiais secrètement dans des livres par le biais de mon ancien directeur depuis treize ans, la vie dans le monde occulte de la magie. | |
| | | Acid Queen Admin
Nombre de messages : 2437 Age : 34 Localisation : En Vacances !!! Emploi : Terminale L Loisirs : Lire, Ecrire, Aimer ^^ Date d'inscription : 08/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Sam 8 Mar - 13:41 | |
| wouaaaaaaaaaaa !!! coment je suis contente que tu sois de retour !!! en plus en force avec une nouvelle histoire !!! j'ai TROP TROP envie de la lire mais j'ai pas le temps !!! argh !!! je te jure, te promets de la lire dans le week-end !!! *yeux qui brillent d'excitation à l'idée de ma prochaine lecture ^^* | |
| | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Sam 8 Mar - 19:45 | |
| ^^ Moi aussi je suis trop heureuse d'être revenue! Vous m'avez trop manqué!!!!! Promis je pars plus!! *Fais un gros poutou à Mathy* | |
| | | Invité Invité
| | | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Dim 16 Mar - 0:17 | |
| CHAPITRE II Une croix sur le passé pour avancer dans l’avenir _S’il te plaît, reste! Ne pars pas Jean! Ne me laisse pas ici! _Je dois partir Céleste, mais je reviendrai, je te le promets petite sœur, je te le promets. Fais comme si tu ne m’avais pas vu, d’accord? Je reviendrai le plus vite possible. Le jeune garçon embrassa la petite fille sur le front avec hâte et celle-ci répondit d‘une voix tremblante: _D’accord L’enfant lâcha le bras de son frère, et le laissa s’en aller, dans la faible lumière du crépuscule, il ne se retourna pas et s’éloigna sans un regard sur l’enfant qui pleurait derrière lui, accroupie sur le seuil d’une maison délabrée. Je me réveillai en sursaut, les larmes aux yeux et le cœur battant la chamade, le passé que je voulais fuir à tout prix semblait me poursuivre comme un fantôme, restant dans mon sillage telle une ombre fidèle, naissant avec les premiers rayons du soleil, et s’évanouissant à la tombée du jour. La fraîcheur de la pièce me fit frissonner, alors avec un claquement de doigt, je murmurai « inferre » et la pièce se réchauffa instantanément. Avec un soupir de soulagement, je me détendis un peu et sortis des couvertures. D’un geste de la main j’ouvris le tiroir de la commode et en sortis des affaires propres dont je me vêtis, l’esprit un peu ailleurs, avant de sortir dans le corridor. Le jour n’était pas encore levé, et le couloir était plongé dans l’obscurité; par la fenêtre, j’apercevais vaguement les arbres se balancer au grès de la tempête et le bleu nuit du ciel s’éclaircir à l’horizon. J’entendais le bruit sourd des respirations provenant de la chambre de mon frère, mais à part ça, le silence était complet et je me délectais enfin d’un moment de calme. Je fis apparaître une flamme sur le bout de mes doigts, qui diffusa une faible lueur, assez forte tout de même, pour me permettre d’avancer sans risque. Sans faire aucun bruit, je descendis les marches menant au rez de chaussée et me dirigeai vers la cuisine, je n’eus pas de mal à la trouver car la porte était ornée d’un petit écriteau peint à la main, que je supposai être celle de Carole. Je ne me serais jamais permise de fouiller une maison qui n’était pas la mienne, car je n’aurais pas apprécié qu’on fasse la même chose dans ma propre demeure, mais n’en possédant pas, et n’en ayant jamais possédé, je me permis de fouiller les placards à la recherche d’un encas en continuant à jouer avec la flamme que j‘avais faite apparaître sur le bout de mes doigts. Je n’avais jamais vu autant d’épices que sur le plan de travail de ma future belle-sœur, elles étaient même disposées par couleurs et par ordre alphabétique, ce dernier point m‘arracha un sourire. Je finis par dénicher deux barres de céréales que je me forçai à grignoter sans grand appétit. Le soleil commençait à diffuser quelques rayons qui me permirent d’éteindre la petite flamme qui brillait déjà avec un peu moins d’intensité dans ma main. Je sortis de la cuisine et me dirigeai dans le salon, sur la table basse, un mp3 attira mon attention, je l’allumai et survolai les quelques chansons qui composaient son répertoire. Je soupirai mais mis quand même les écouteurs à mes oreilles, je sortis de la maison après avoir laisser un mot peu équivoque « Ai emprunté votre mp3, reviens dans quelques heures. Céleste », et partis en courant dans le quartier. Je n’avais ni les vêtements, ni la forme physique adaptée au jogging, car j’étais mince mais peu sportive, cependant, pouvoir enfin me déplacer librement, malgré le froid qui mordait ma peau, me fit un bien considérable. Au bout d’une vingtaine de minutes de course, je m’arrêtai à bout de souffle et observai les environs, j’avais quitté les espaces habités depuis un petit moment déjà, et la campagne s’offrait à moi, silencieuse et magnifique entre les arbres et les fleurs sauvages, qui se mêlaient au paysage mystique des landes. Un cours d’eau passait à proximité du chemin, j’y trempai les doigts, l’eau était glacée, et pourtant le contact du liquide sur ma peau semblait telle une caresse dans ma main. Quelques mètres plus loin, le chemin en terre battue s’arrêtait, pris d’assaut par les plantes sauvages, je m’y aventurai avec précaution, pour ne rien déranger de cette perfection naturelle, je débouchai sur une sorte de terrain vague, entouré par de hauts chênes, c’était parfait pour m’exercer. Ôtant les écouteurs de mes oreilles, je vins me placer au milieu du terrain vague. Je respirai grandement, essayant d’oublier l’engourdissement qui s’emparait de mes muscles. Avant de partir de pension, Fabian m’avait donné un livre, assez fin, contenant quelques incantations que j’avais apprises mais pas encore utilisées. Je savais qu’elles me prendraient beaucoup de mon énergie, et qu’elles ne pouvaient pas s’utiliser en pleine ville, c’était donc le moment d’agir. Après m’être totalement décontractée, je pris en cible une vielle souche d’arbre, déracinée à moitié. _Levitare! La souche se souleva dans les airs un peu brutalement ce qui me fit vaciller, puis vint se poser devant moi. Inspirant à nouveau, j’essayai une nouvelle incantation en me concentrant sur les racines apparentes: _Decurtare! Comme en présence d’une scie invisible, la partie anciennement enracinée se découpa du reste du tronc, laissant apparaître une coupe peu nette, mais une coupe quand même, les deux parties se séparèrent et je relâchai mon emprise. C’était épuisant, et je n’avais pourtant utilisé qu’un seul sort. Je m’étais promis d’en essayer deux autres, donc, fixant un des troncs, je m’exprimai, la voix un peu tremblante: _Coquere! Un mince filet de fumée se dégagea d’un endroit sur l’écorce, puis disparut avec un coup de vent. Je rassemblai mes forces et recommençai: _COQUERE! Une mince flamme apparut, s’agrandit, et finalement s’empara de toute la surface de l’arbre, et le consuma en quelques minutes. Un sourire de contentement se dessina sur mes lèvres, et gonfla ma poitrine de fierté. Je tendis la main en désignant un des chênes autour de moi: _CARPERE! La moitié du feuillage tomba sur le sol en voletant et mon cri de victoire transperça le silence de l’aurore naissante. Encore haletante, je retournai sur mes pas et revins sur le chemin de terre battue. Maintenant que le soleil était levé, le vent s’était quelque peu réchauffé mais la bise était toujours fraîche, je m’aperçus alors que je ne portais qu’un tee-shirt et que tout mon corps s’était hérissé au contact de l‘air. Je me remis à courir pour dissiper le froid qui semblait prendre possession de mes membres, je me sentais bien. Une tâche noire apparut à l’horizon, me faisant froncer les sourcils et accélérer ma course. La tâche grossissait à mesure que j’avançais, et, petit à petit, je pus enfin déceler les contours d’un homme, tout habillé de noir, une longue cape flottant derrière lui. Je continuai à avancer. Arrivée à sa hauteur je ralentis puis finis par m’arrêter. C’était un homme blond, les yeux clairs et voilés, une peau aussi pâle que son regard, et me dépassant d’une tête au moins. Il me fixait, sans paraître réellement me voir, sans ciller tandis que moi-même je le regardai, sans plus bouger, dissimulant mon impatience. Mon regard l’examinait, cherchant un détail qui m’aurait permis de comprendre, et j’aperçus alors un collier en argent autour de son cou, dont le pendentif était un cercle, gravé d’inscriptions dont le sens m’échappait, tout en me semblant familier. Je brisai le silence d’une voix hautaine et glaciale qui ne me ressemblait pas: _Bonjour Ce simple mot sembla tant le surprendre qu’il cilla, et ses lèvres se mirent à remuer, comme pour dévoiler un secret à mi-voix, ou du moins me confier quelque chose que personne d’autre n’aurait pu entendre: _Céleste Elphis? _En chair et en os… L’envie me prit de rajouter « surtout en os » car j’avais perdu beaucoup de poids depuis quelques mois, mon visage était plus fin, les contours de ma silhouette plus carrés, suivant la ligne de mon squelette et enfin mes bras semblaient pouvoir remplir une manche à eux deux. L’homme tendit vers moi une petite carte d’une main blanche aux doigts fins: _Prenez Sa voix n’était pas autoritaire et pourtant, le simple fait de penser à le contredire m’arracha un frisson ou bien peut-être était ce le froid. Je pris délicatement la carte d’entre ses doigts, une inscription y était inscrite à la plume: Elisa Vacker Cabinet des successions Bureau gouvernemental des légimentiens « Mors ultima ratio » Je lus la carte avec perplexité, il sembla le remarquer car il ajouta: _Mme Vacker aurait grand plaisir à vous rencontrer prochainement. J’hochai timidement la tête et mis la carte dans mon jean, il sembla satisfait car je crus apercevoir comme un sourire au creux de ses lèvres, il ajouta: _Au plaisir de vous revoir prochainement, mademoiselle. Il s’inclina, s’éloigna, sa cape flottant au vent derrière lui, et disparut à l’horizon. Quant à moi, je n’avais pas bougé, encore sonnée par ce qui venait de se passer, avec une seule idée en tête: parler à Fabian. Je remis les écouteurs sur mes oreilles et recommençai à trottiner, l’esprit encore un peu brouillé, cherchant une incantation qui me permettrait d’entrer en contact avec mon ancien directeur. Je me mis à courir un peu plus vite, et j’arrivai chez mon frère en une quinzaine de minutes. J’essayai d’ouvrir la porte d’entrée mais celle-ci était fermée à clef, je fis le tour de la maison sans trouver la moindre fenêtre ou la moindre porte ouverte. Je fis claquer ma langue dans ma bouche et pris une profonde inspiration, mes ongles s’enfonçant dans mes poings fermés, je commençais à m’énerver. Était ce le fait que j’étais enfermée dehors ou bien que je ne comprenais rien à la visite de l’homme en noir? Je me déplaçai jusque la porte de derrière, arrivée devant celle-ci, je tendis la main vers elle: _Pandere ostium! La porte s’ouvrit à la volée, dans un fracas qui reflétait ma mauvaise humeur, J’entrai dans la cuisine, où chaque objet occupait la même place qu‘avant mon départ, cependant je sentais que mon frère et sa fiancée y avaient pris leur petit déjeuner. Je soupirai de ne pouvoir passer ma mauvaise humeur sur personne mais me repris bien vite en repensant à l’homme mystérieux que j’avais rencontré, et réfléchissant à une incantation pour entrer en contact avec Fabian. Je sortis de la cuisine et me dirigeai vers le salon: sur la table basse, au centre de la pièce, mon mot avait disparu, remplacé par un billet écrit de la main de Carole: « Nous avons eu ton mot et sommes partis travailler, la clef de la maison est sous le paillasson comme tu as dû le constater -rires- je t’ai aussi préparé un encas pour midi, nous ne pourrons pas rentrer pour déjeuner. Jean et moi t’embrassons. Carole ». Cela m’arrangeait, je n’avais aucune envie de les voir, encore moins de manger, mon estomac était noué. Je montai à l’étage, mon lit était fait et mes affaires sales apparemment envoyées à la machine, je ne sus pas expliquer pourquoi, mais cela m’agaçait plus qu’autre chose. Je pris un des livres que j’avais posé sur l’étagère, intitulé « la vie à la campagne » et d’un geste délicat de la main, caressai les lettres d’or en murmurant « enuntiare », les lettres frémirent au contact de ma peau, puis changèrent de place pour les unes, et se transformèrent en lettres différentes pour les autres, afin de former un nouvel intitulé, en latin cette fois. J’ouvris le manuscrit écrit de la main d‘un moine légimentien, de nombreuses pages en avaient été arrachées, mais l’essentiel demeurait. Il ne me fallut pas beaucoup de temps pour trouver la page que je cherchais: « le voyage de l‘esprit ». J’aurais pu utiliser le téléphone cependant je voulais parler à Fabian, face à face, et quitter cet endroit me ferait le plus grand bien. Sans quitter le livre des yeux, je me levai et me mis face au miroir de ma chambre. Je mis quelques secondes à retenir l’incantation mais, fermant les yeux, je levai finalement la main droite vers le miroir: _Videre, audire vocare Fabian! Mon reflet dans le miroir se brouilla et je rouvris les yeux sur un endroit que je ne connaissais que trop bien. Fabian était assis sur un banc, au milieu du parc, indifférent à l’air glacé qui faisait voler ses cheveux blancs et gercer ses lèvres minces, il tourna à peine la tête quand il me vit apparaître au milieu des arbres déchaînés et du parc vide. Un sourire se dessina tout de même sur ses lèvres: _Je me demandai combien de temps ils mettraient à te retrouver. _Qui était cet homme? _Je suppose qu’ils ont pris contact avec toi par l’intermédiaire de Matthias Kinégan, il travaille pour… _…Elisa Vacker, oui, je sais. Ce que je veux savoir, c’est pourquoi cette femme qui s’occupe d‘un… Je ressortis prestement la carte de mon jean: _… cabinet des successions dans le monde de la légimentie, s’intéresse t’elle à moi? _Je ne… _Moi qui suis censée n’avoir aucun lien de parenté avec des légimentiens, je me trompe? _Céleste… _Permets tu que je m’assois? A chaque fois que tu commences une phrase par mon prénom avec une tête de premier ministre, je dois m’attendre à frôler une crise cardiaque… c’est bien en commençant ta phrase de cette manière que tu m’as annoncé que je n’avais pas eu mon BAC… _… rancunière! Je me suis démenti quelques minutes plus tard! Je plaisantais… _Ah, ah, ah Je m’assis et le regardai d’un air sérieux, pour dissimuler les frissons de peur et d’excitation qui parcouraient mon corps: _Vas y, parle, n’aie pas peur, je t’écouterai bien sagement et ne te tuerai qu’après avoir tout entendu, même si pour cela, je dois user de la torture. Il éclata de rire mais reprit bien vite son sérieux _Je vais te parler de choses que je n’étais pas censé aborder avec toi avant ta majorité… _Je suis majeure! _Laisse moi parler! Tes parents m’avaient demandé de ne jamais te parler de la part de ta famille qui… exerce la légimentie… _QUOI??? Ma famille exerce la… _Laisse moi parler voyons! Les parents de ta mère étaient légimentiens, ton grand père est mort il y a déjà plusieurs années de cela, il était bijoutier, et taillait des joyaux d’une grande beauté mais aussi d’un grand pouvoir. C’était un homme respecté et réputé dans le monde de la légimentie, sa mort a rendu ses oeuvres très célèbres, et très chères aussi! Ta grand-mère a gagné une fortune considérable mais elle ne s’est jamais vraiment remise de la mort de son mari… C’était une femme adorable… _ Alors pourquoi mes parents ne voulaient pas que je la connaisse? _… Céleste, tes parents… Il s’arrêta un moment, comme s’il venait de tout m’avouer alors que mes yeux restaient fixés à ses lèvres, buvant chaque parole qui pouvait en sortir, mais ne le voyant pas continuer, je lui pris le bras: _S’il te plait! Il me regarda d’un air de chien battu, et un voile de tristesse s’abattit devant son regard: _… Tes parents ne voulaient pas que tu développes tes dons, ils voulaient t‘éloigner de la légimentie. Cette dernière phrase m‘arracha un sanglot, j’avais l’impression que toute ma vie n’était que mensonge, mes illusions s’envolaient et je ne m’étais jamais sentie aussi stupide. Depuis leur mort, j’idolâtrais mes parents, car ils avaient combattu pour les idées auxquelles ils croyaient, et ils étaient morts pour une cause qui leur semblait juste.
Dernière édition par Aléanore le Mer 19 Mar - 23:39, édité 1 fois | |
| | | Edeldrym Explorateur du monde lecteur
Nombre de messages : 81 Age : 34 Date d'inscription : 05/03/2008
| Sujet: Re: Céleste Dim 16 Mar - 1:26 | |
| Je connaissais déjà tout cela depuis un moment mais ce fût un réel plaisir que de relire ces écrits rédigés avec tant de talent (J'entends encore ta voix me les lisant, ce qui rajoute une dimension supplémentaire à ce texte fabuleux). Vraiment je ne m'en lasserais jamais et attend avec une impatience infinie la suite des aventures de cette chère Céleste que je commence à adorer !!! Bravo Clo, tu a vraiment un don ! | |
| | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Dim 16 Mar - 1:30 | |
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| | | Invité Invité
| | | | Acid Queen Admin
Nombre de messages : 2437 Age : 34 Localisation : En Vacances !!! Emploi : Terminale L Loisirs : Lire, Ecrire, Aimer ^^ Date d'inscription : 08/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Dim 16 Mar - 15:50 | |
| Je viens de tout lire !!! C'est juste troooop biiiien !!! Quel retour en force ! Franchement chapeau, le texte est clair, les descriptions sympathiques à lirent (pas lourdes quoi^^) et franchement on sent que c'est reflechit et que les mots sont pesés !!!
Ra, me tarde la suite maintenant !! Bravo encore !! | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Céleste Lun 17 Mar - 13:36 | |
| Une nouvelle histoire -qu'en est-il de l'autre?-. Personnellement, je préfère celle-ci, je trouve que tu t'es vachement amélioré -ok, c'est normal-, j'aime bien ^^ A quand le prochain chapitre? |
| | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Mer 19 Mar - 23:34 | |
| Voilà la suite et la fin du chapitre 3 Ce don, qui grandissait en moi chaque jour un peu plus, qui coulait dans mes veines et faisait battre mon coeur, m’avait toujours semblé être le plus bel héritage qu’ils aient pu me faire. Mais en réalité, je m’étais mentie à moi-même, car je ne m’étais jamais demandé s’ils approuvaient ma différence, tant cela me paraissait évident. Mais ces origines après lesquelles je courais depuis des années, n’étaient en réalité que des faux semblants, destinés depuis toujours à disparaître. Je ne m’étais pas aperçue que mon visage ruisselait de larmes, trop absorbée par le désir d’en savoir plus: _Comment se fait il alors que tu m’aies aidée à développer mon don? Il sembla tout d’un coup très vieux, comme rattrapé par le passé: _Tu n’étais qu’un tout petit bébé, ton frère, lui, ne possédait qu’un don infime pour la magie, déjà un peu bridé par tes parents, mais toi, tu respirais de la magie, il aurait fallu être aveugle pour ne pas remarquer que tu est faite pour le monde de la légimentie, et, moi-même légimentien, je m’en serais voulu de ne pas laisser vivre ton don. Alors je n’ai rien fait, du moins jusqu‘à ce que tu entres en pension. Je ne voulais pas entraver tes pouvoirs par les dernières volontés de tes parents, ni suivre mon propre instinct, alors je t’ai laissé chez le frère de ton père, et non pas chez tes grands-parents, j’ai fait tout comme tes parents me l’avaient demandé sans pour autant brider tes pouvoirs. Voilà. _Et ma grand-mère est… Je n’arrivai pas à prononcer le dernier mot, la peur d’apprendre ce que je savais déjà me tiraillant le ventre, Fabian prit une profonde inspiration avant d’hocher douloureusement la tête: _…décédée, je suis désolé Céleste. Le dernier lien qui me rattachait encore à la légimentie se rompit violemment en m’arrachant un sanglot. L’idée de pleurer pour la mort d’une personne qui m’était pourtant inconnue m’aurait parue stupide ou sans intérêt il y a quelques jours, mais aujourd’hui, ce n’était pas seulement un membre de ma famille qui disparaissait, mais également les origines mêmes du sang qui se diffusait dans mes veines qui s’évanouissaient avec la mort de cette femme: _Comment les as-tu connu? Fabian tourna la tête vers moi, comme impressionné que je parle encore après ses aveux: _Nous étions voisins, ta mère et moi à l’époque où elle vivait encore chez ses parents, puis nous nous sommes perdus de vue, puis j’ai été amené à travailler dans le monde des humains, et je l’ai revue au cours d’une soirée. Depuis ce moment, je me suis beaucoup lié à ton père, et nous sommes devenus amis. _Comment étaient il? _Qui donc? _Mes parents _Ah… Il semblait déconcerté par ma question, et gêné d’y répondre mais après quelques instants, il se décida: _C’était des gens merveilleux, pour des humains du moins, ils se battaient pour leurs seules idées, ils ne se laissaient dominer par quiconque sans aucune crainte de la mort. _Mais? _Mais ils ne se souciaient que très peu de leurs enfants, la famille ne venait qu’après leurs convictions et quand ils rentraient chez eux le soir, leur seul désir était que tout soit « normal » , j’entends par là sans aucun lien avec la légimentie… _Mais ma mère était née de parents légimentiens! _Et elle a tout fait pour s’éloigner d’eux, si tu ne me crois pas, réfléchis! As-tu un seul souvenir de tes grands-parents ou du monde de la légimentie? _… Non… _Mais cela ne faisait pas d’eux des monstres ou des sans-cœur, bien au contraire, mais pour eux, le fait que toi et ton frère soient… différents, et donc dangereux, était inacceptable. C’est pour cette raison qu’ils désiraient voir disparaître vos dons à tous deux. J’aurais aimé que tout soit faux et que les parents que j’avais imaginé, aimants, compréhensifs et héroïques, remplacent ces gens détestables qui m’avaient donné naissance. Qu’ils aient voulu me priver de la légimentie, me donnait d’autant plus envie d’entrer dans ce monde et d’y refaire ma vie. Mon regard se posa sur le bracelet que je portais au poignet, ce bijou avait il réellement appartenu à une femme aussi détestable que sa description le laissait entendre? Une larme roula sur mon visage et vint s’abattre sur le bijou à mon poignet gauche, des inscriptions apparurent alors sur l’argent comme gravées au fer rouge, d’une écriture penchée en lettres de platine. L’épitaphe disait: « Vitam, impendere vero et nil admirari », je tournai la tête vers Fabian qui n’avait rien vu et prise d’un doute soudain, je cachai le bracelet à sa vue: _Merci beaucoup Fabian. Je crois que je vais retourner chez mon frère. Il hocha la tête d’un signe désolé et je lui pressai la main tout en continuant à dissimuler le bracelet. Je me levai, pris une profonde inspiration mais il ajouta: _Adam m’a appelé, il ne comprend pas. _Il n’y a rien à comprendre. _Tu ne t’émeus donc de rien. _Plus maintenant. Je me préparai à partir mais finis par formuler les mots qui me tiraillaient le ventre: _S’il te rappelle, dis lui que je suis désolée. Je fermai les yeux et la pension disparut, je rouvris les yeux dans la chambre d’amis de mon frère. La maison était déserte, je me débarrassais donc de mes vêtements et fis couler de l’eau dans la baignoire tandis que j‘essayais d‘ôter de ma tête tout ce que Fabian m‘avait dit. Je me plongeai dans l’eau brûlante avec un frisson de douleur et de plaisir. Mon regard se reporta sur le bracelet qui, désormais, était profondément gravé d’une inscription que j’essayai en vain de traduire: _Vitam, impendere vero et nil admirari… Je ne comprenais pas la première partie de la phrase mais la deuxième m’était familière, je venais d’ailleurs de l’entendre de la bouche de Fabian: _Ne s’émouvoir de rien… La voix de mon ancien directeur, résonna alors dans ma tête « tu ne t’émeus donc de rien », était ce une coïncidence? J’essayai de détacher le bracelet de mon poignet, mais celui-ci résistait: _Saleté de… Le bracelet me brûla violemment la peau, et m’arracha un cri. Quelle abominable personne devait être cette femme qui m’avait donné le jour, pour mettre à son poignet un bracelet aux inscriptions cruelles et à l’orgueil assez étendu pour s’attaquer à son porteur. Je me plongeai entièrement dans la baignoire et en ressortis la peau rougie par la température de l’eau. « Chers parents , je décide en ce jour de vous défier et de suivre la voie que vous désiriez m’interdire. Je ne suis désormais que mon propre instinct, et il me dicte le contraire de ce que vous vouliez m’imposer. Je fais une croix sur le passé et sur tous ces gens que j’ai aimé et dont je pensais l’amour réciproque. « Ne s’émouvoir de rien », si telle était votre devise, chers géniteurs, je la suivrai à la lettre et ne verserai plus une larme sur vos tombes, ou sur aucun des actes que vous avez commis et dont je devrais me sentir coupable ou honteuse. Dans cinq jours je vais quitter ce monde, votre monde, pour en découvrir un autre, loin de tout, loin de vous et loin de cette personne que je croyais être: votre fille. Céleste Elphis » | |
| | | Edeldrym Explorateur du monde lecteur
Nombre de messages : 81 Age : 34 Date d'inscription : 05/03/2008
| Sujet: Re: Céleste Jeu 20 Mar - 0:48 | |
| Toujours aussi passionnant et écrit avec style , la suite me tarde plus que jamais !
Ton plus grand FAN | |
| | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Ven 21 Mar - 22:50 | |
| Chapitre III Mais qui est cette grosse dame orange? Je passai le reste de la semaine enfermée dans ma chambre, sortant seulement le soir pour manger avec Jean et Carole et parfois le matin pour aller courir. Le ciel était toujours pluvieux et on annonçait plusieurs bouleversements météorologiques partout dans le monde, tsunami, cyclones et tornades s’enchaînaient aux quatre coins de la planète, sans que quiconque puisse expliquer cet enchaînement de catastrophes. Je n’avais rien dit à mon frère sur les aveux que m’avait fait Fabian, ce n’était pas pour le préserver, mais parce qu’au fond de moi, je sentais que cela ne le concernait pas, du moins pas autant que moi. De plus, j’étais sûre qu’il n’en avait rien à faire, il ne me détestait pas, il essayait juste de m’éloigner de sa vie, et de la même manière, d’oublier le passé tout comme je voulais le faire. Il m’avait prêté assez d’argent pour que je puisse prendre le train jusqu’à la capitale, et dormir une nuit sur place, il ne m’avait pas demandé ce que je comptais faire par la suite ni comment j’allais continuer à vivre sans un sous en poche, si je le lui avais demandé, il m’aurait prêté plus d’argent, toujours sans poser de questions. Il était comme ça mon frère, je voyais qu’il me fuyait, mais il m’aidait quand même, et cela me suffisait. Je n’étais plus cette fillette de cinq ans qui espérait chaque nuit que son frère vienne essuyer ses larmes, j’avais grandi, pour le meilleur, et pour le pire. Carole avait insisté pour que je reste chez eux jusqu’au mariage, et elle avait fini par me convaincre, ou plutôt par épuiser mes arguments. Et le jour suivant, je m’étais retrouvée à essayer une robe de soirée au milieu d’une boutique de mariage de luxe. Il fallait admettre qu’elle était somptueuse: de couleur nacrée, dénudée dans le dos, avec de fines bretelles en petites perles dorées, et un décolleté ample, elle me tombait aux chevilles. Je n’aurais jamais osé porter une robe aussi splendide à un mariage, de peur d’éclipser la mariée elle-même, mais après avoir vu la robe de Carole, je n’avais plus aucune remord. Elle avait fait dessiner celle-ci par un styliste renommé, puis coudre à la main centimètre par centimètre par les plus grands couturiers du pays. C’était une robe sans bretelles dont le corset était en soie, brodé de fils d’argent et d’or, et dont la jupe en mousseline légère surmontée de satin blanc, avait été minutieusement cousue avec des lambeaux de velours argenté, et travaillée avec de petites perles transparentes. La traîne de la robe s’étendait sur environ deux mètres, et une bande de satin doré en agrémentait l’ourlet. J’avais peine à imaginer ce qu’avait dû être la réalisation de ce « chef d’œuvre de la mode », alors que j’assistais aux cris aigus de Carole pour une simple robe de demoiselle d’honneur. Elle donnait mille recommandations à la couturière -au bord de la crise de nerf-, à propos de ma tenue, et tandis que sa voix se portait sous la pauvre femme à genoux devant moi, des épingles plein la bouche, son regard se posa sur le bracelet de ma mère: _Peux tu enlever ton bracelet s’il te plait? _Pardon? Elle ne semblait pas vraiment s’intéresser à ce que je pouvais lui répondre, absorbée par tous les formulaires à signer qu’on lui tendait de toutes parts, elle pointa du menton le bijou: _J’aurais aimé voir ce que cela donne sans ce bracelet. _Mais je ne peux… _Quoi? « Ce bracelet ne peut quitter mon poignet car je le suppose possédé par des force maléfiques », préférant bluffer je feintai: _Ce bracelet appartenait à ma mère, je n‘arrive pas à… enfin je préfèrerais ne pas l’enlever, il compte beaucoup pour moi Carole s’arrêta net, ne faisant plus attention aux papiers qu’on lui tendait, ni aux questions de la couturière qui tendait vers elle ses yeux suppliants: _A ta mère? _Euh… oui… _Mais tu ne… Enfin Jean m’avait dit que votre maison avait… et qu’il ne restait pas… Enfin plus rien… _C’est Fabian qui me l’a offert, il a réussi à le… récupérer. _Oh… Une pointe de déception sembla paraître sur son visage, et même si je n’avais pas envie de la lui poser, la question était inévitable: _Quelque chose ne va pas? _C’est que j’aurais tellement aimé… Je n’avais pas envie qu’elle termine sa phrase, car je savais à l’avance quel était son contenu: _J’aurais tellement aimé porter un bijou de… enfin de votre famille, à toi et Jean… Mes traits se figèrent, et à cet instant, mon poignet droit se referma sur le bracelet de ma mère, et bien que j’avais tout tenté pour me séparer de ce bijou maléfique qui ne voulait plus me quitter, mon seul désir était désormais de le garder tout contre moi, mais surtout de l‘éloigner de la vue de cette femme qui me regardait d’une manière faussement innocente, dans son tailleur noir de grand couturier, son énorme solitaire à l’annuaire gauche. La voix un peu tremblante je finis par lui répondre: _C’est que… je ne… le fermoir est bloqué et je n’ai pas envie de l’abîmer, il faut que je l’emmène dans une bijouterie… _Fais moi voir… Elle tendit la main vers mon poignet mais mon regard menaçant l’amena à rajouter une phrase contre laquelle je ne pouvais rien: _Ca ne coûte rien d’essayer tu sais… Je lui présentai donc mon bracelet avec réticence, elle le regarda un instant sans tenir compte des gravures qui le parcouraient, et pressée de pouvoir me l’enlever elle trouva le fermoir en moins d’une seconde et je ne sais par quel miracle, le bijou se détacha de moi: _Tu vois, ça n’était pas si difficile! Elle me regardait comme une enfant égoïste auquel un parent voudrait faire une leçon de morale. Mais je doutais vraiment de revoir encore une fois mon bracelet ailleurs qu’au poignet de cette femme que je portais désormais en horreur. Ma robe passa à la trappe et Carole pris ma place au centre de la pièce, avec sa robe de mariée et le bracelet de ma mère: enfin mon bracelet: _Je pense qu’on pourrait peut être le rajeunir, je ne sais pas… Le faire polir et peut être lui ajouter un diamant sur le fermoir… Je ne disais rien, muette d’amertume, ses paroles ne faisaient qu’accroître le dégoût que le simple son de sa voix provoquait en moi. Je constatais chaque instant un peu plus que ce monde de futilités n’était pas le mien, je désirais plus que tout partir loin, et vite. Je m’éloignai de l’attroupement qui s’était formé autour de la future mariée et vint poser mon front contre la baie vitrée qui donnait sur la rue. Une, puis deux, puis trois, puis une dizaine de gouttes vinrent frapper la vitre tandis que je regardais les passants s’affairer à trouver un parapluie ou à s’abriter dans une boutique. Mon attention se porta alors sur une femme qui restait, elle, immobile et impassible devant le chaut. Son drôle d’accoutrement faisait sourire les passants malgré leur précipitation: elle était toute vêtue de orange, de ses escarpins à son grand chapeau surmonté d’un tournesol difforme, cependant, ça n’était pas totalement son attitude ou son style vestimentaire qui m’avait fait poser les yeux sur elle, c’était quelque chose de plus petit, presque invisible à l’œil d’une personne autre que moi. Ce que j’avais vu, était un bijou, un petit bracelet en argent qui serrait son poignet trop gras, et sur lequel était inscrit une locution latine… _Céleste, qu’en penses tu? Sa question me tira de ma rêverie et je tournai la tête vers Carole, elle avait enfilé tout son « attirail » de mariée, et le bracelet de ma mère ornait toujours son poignet trop blanc: _Tu ne trouves pas qu’il me donne quelque chose de… plus? Il n’y avait aucune différence: _Oui, il… il fait ressortir la couleur de ta peau… C’est très joli… mentis-je Et tandis qu’un sourire satisfait apparaissait sur son visage, et qu’un brouhaha insupportable emplissait à nouveau la salle, mon regard se tourna vers le trottoir d’en face… La grosse dame orange avait disparu. Nous rentrâmes assez tard à « la maison », Carole faisait seule la conversation: je n’avais pas ouvert une seule fois la bouche depuis que nous étions sorties de la boutique. Elle ne m’avait pas rendu mon bracelet et ne semblait pas réaliser que je ne répondais à aucune de ses questions, et ne réagissais à aucune de ses paroles. Perdue dans mes pensées, je sortis de la voiture et montai dans ma chambre sans m’en rendre compte. Je me déshabillai et me glissai dans les draps, la fraîcheur de ce contact m’arracha un frisson tandis que déjà, mon esprit vagabondait à la recherche d’une quelconque cohérence entre les évènements qui s’enchaînaient sans que je n‘y comprenne rien. Je m’endormis sans trouver de réponse à mes questions, et mon sommeil fut agité: Le vent glacial faisait voleter mes cheveux autour de mon visage, plus pâle qu‘à l’ habitude, et frissonner ma peau, même à travers un épais blouson de cuir. Un silence pesant avait envahi le cimetière et me tenait en alerte, prête à réagir au moindre bruissement de feuilles. J’attendais, appuyée à une moto noire, tendue de tout mon être et guettant les alentours d‘un regard inquiet. Une de mes mains était gantée, l’autre recouverte d’un enchevêtrement de lanières de cuir noir, qui passaient entre mes doigts et se regroupaient au centre de ma paume pour s’unir en un seul lien qui s’enroulait autour de mon poignet et disparaissait sous mon blouson. Au centre de cet étrange objet, une pierre rouge, taillée très grossièrement, point de concours des sangles de cuir, diffusait une douce lumière colorée, se reflétant dans le métal poli de la moto, ainsi que dans le fond de mes yeux qui scrutaient anxieusement l’obscurité. Une pluie de flocons de neige pleuvait sur les tombes autour de moi, les recouvrant d’une fine couche de poudre blanche. La nuit tombait à grande vitesse, et déjà, le ciel sans lune s’assombrissait de minute en minute, tout en plongeant la ville dans le noir complet. Au loin, une silhouette d’homme se dessina, il avançait d’un pas rapide, une cape noire flottant derrière lui, ses épaules recouvertes d’une fine pellicule de flocons blancs, soulignant la couleur sombre de ses cheveux et rappelant la blancheur de sa peau. En moins d’une minute il fut à mon côté et le parfum envoûtant qui se dégageait de son cou me parvint aux narines, je fermai les yeux et me concentrai uniquement sur ce que j‘avais à dire, mais il s‘exprima en premier. Sa voix s‘était faite plus dure avec le temps: _Belle soirée… _Pourquoi ce rendez-vous? _Comment vas-tu? _Trêve de plaisanteries, que fais tu ici? _Tu le sais très bien Céleste…déclara-t-il d’une voix énigmatique _Vraiment? Répondis-je sèchement Il sortit un long écrin de sa poche intérieure et me le tendit, je le pris délicatement dans ma main gantée, l’ouvris et en sortis un mince poignard dont la lame était finement ciselée de locutions latines, les mêmes que sur mon bracelet: _Que dois je en conclure? Murmurai-je Il sourit, puis, apercevant mon visage circonspect, éclata d’un rire cristallin avant de retourner sur ses pas et de se perdre dans les ténèbres … Je me réveillai en trombe, le front brûlant et le souffle court, ce n’était pas le premier rêve de la sorte. Habituée, je pris donc le temps de me calmer, le réveil indiquait trois heures, je refermai les yeux et tâchai de me rendormir. Le lendemain matin, j’avais pris la décision de partir: je n’étais restée jusque là que par politesse et pour faire plaisir à Carole, mais désormais, aucune de ses raisons ne me paraissait vraiment valable. J’avais déjà perdu trop de temps ici. Le seul problème était de récupérer mon bracelet: je ne pouvais prendre le risque d’utiliser un sortilège, et le pourcentage de chance que Carole me le rende frôlait le zéro pointé. La possibilité de lui laisser le bracelet m’avait traversé l’esprit, cependant mon orgueil démesuré avait repris le dessus et je n’avais plus qu’une seule chose en tête: le récupérer. Quand à la grosse orange que j’avais aperçue hier, elle m’était comme qui dirait sortie de la tête, ou plutôt, avait été reléguée en troisième place sur la liste de mes priorités, derrière la récupération de mon bracelet et mon désir grandissant d’intégrer le monde des légimentiens au plus vite. La maison était vide et bien entendu, Carole avait pris le bracelet, car il n’était ni dans sa chambre, ni dans sa salle de bain, ni dans aucune des pièce de la maison que j’eus fouillées en quelques minutes grâce à un sort et mon obstination sans borne. J’attendrais donc ce soir, quand elle rentrerait. Je préparai mes affaires et fis le trajet aller-retour jusqu’à la gare pour aller prendre un billet et me chronométrer, il me faudrait vingt minutes de course pour y arriver. Tout était prêt en début de soirée, Carole et mon frère rentrèrent en même temps, j’avais préparé le dîner et me montrai particulièrement aimable durant tout le repas. A dix heures précises Carole et Jean se retirèrent dans leur chambre, et une heure plus tard, les ronflements de ce dernier m’indiquèrent que tout était prêt. Je me dirigeai silencieusement jusqu’à leur chambre et ouvris la porte, deux silhouettes couchées se dessinaient dans l’obscurité, respirant calmement. Je levai ma main sur la silhouette de Carole en murmurant: abducere, tout en me concentrant sur le bracelet, mais rien ne se produisit. Je renouvelai plusieurs fois le sortilège mais ma main resta vide, je m’approchai donc des deux silhouettes quand une main agrippa mon bras, me tirant en arrière, je fermai les yeux. Je les rouvris dans le salon de la maison, préparant une excuse plausible pour mon frère: je me retournai pour lui faire face cependant ça n’était pas lui qui se tenait devant moi, mai bel et bien Carole, assise dans un fauteuil, mon bracelet à la main: _C’est cela que tu cherches? | |
| | | Invité Invité
| | | | Acid Queen Admin
Nombre de messages : 2437 Age : 34 Localisation : En Vacances !!! Emploi : Terminale L Loisirs : Lire, Ecrire, Aimer ^^ Date d'inscription : 08/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Sam 22 Mar - 13:46 | |
| *pousse Edeldrym d'un coup d'épaule* Et non, c'est moi ça plus grande fan!!! *sens le regard "poignardant" dans mon dos, mais fait comme si je n'avais rien remarque en me badinant*
Gros Gros suspens (désolé je sais plus l'écrire en français, je sais, c'est pathétique) !!!
Moi aussi je veux la suiteuh !!!!!!
> Quand même des encouragements pour l'auteur ^^ Comme toujours tu écris trés trés bien, avec ton propre style que j'adoooore, bien que celui ci ce soit améliorer sans aucun doute ! Bravo, tu peux être sure que je serais toujours *lance un petit ragard pervers derrière elle* ta plus grande fan !!! | |
| | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Mer 9 Avr - 22:04 | |
| Elle agita le bijou un instant, un sourire arrogant aux lèvres: _Pauvre petite sotte! Tu t’imaginais vraiment pouvoir me voler aussi facilement? _Carole je ne… C’est un malentendu… Vraiment je ne suis pas une voleuse je voulais juste… _… Récupérer ce bracelet, oui j’avais compris. Mais, ne me fais tu pas confiance? Un rictus méprisant déforma ses traits angéliques, je répondis d’une voix trahissant la peur qui me déchirait le ventre: _Bien sûr que si mais… _…Mais tu avais l’intention de précipiter ton départ? Sans me dire au revoir et sans dire au revoir à ton frère? Ca n’est pas très gentil… _Comment sais tu… _Mais ma chère penses tu vraiment que tu es la seule légimentienne sur terre? Mes yeux s’écarquillèrent: _Tu es… _Et oui, je suis une légimentienne, comme toi! Seulement moi, je sais ce que représente ceci! Elle agita le bracelet une nouvelle fois devant mes yeux, la franchise m’entraîna à répondre: _ Non je ne sais pas ce qu‘il représente, mais je sais qu’il m’appartient! Abducere! Mais le bracelet ne bougea pas de sa main, elle éclata d’un rire cynique: _Pauvre fille! Tu crois que je ne sais pas me défendre? Je n’ai même pas besoin de prononcer des formules, il me suffit de les penser! Elle fixa son regard sur un des fauteuils du salon, celui-ci se mit à s’agiter dans tous les sens avant de revenir tranquillement à sa place: _Tu vois? Peut être arriveras-tu à m’égaler dans une quarantaine d’années. Maintenant, trêve de plaisanterie! Tu vas aller chercher ton sac, et tu vas partir de cette maison à jamais, je me chargerai d’écrire un petit mot à ta place pour Jean, ne t’en fais pas pour ça! Maintenant dehors! Elle m’indiqua la porte mais je ne bougeai pas d’un cil, elle fixa à nouveau son regard sur moi: _Bien entendu je garde ceci! Elle désigna le bracelet d’un hochement de tête et m’indiqua à nouveau la porte: _Adieu Céleste! _Croyez moi, chère future belle-sœur, nous nous reverrons! Tant que vous détiendrez ce bracelet et que mon frère vous fréquentera et donc sera en danger, nous serons amenées à nous revoir. La dureté de mes paroles ainsi que le sang froid dont je fis preuve m’étonna moi-même mais pas autant qu’il n’étonna Carole, cependant elle camoufla sa surprise derrière un dédain exagéré: _Oui, quand vous serez capable d’utiliser un sortilège correctement, ce qui, je le pense, n’est pas demain la veille. Un sourire perfide apparut sur ses lèvres, je tendis le bras tout en me concentrant sur mes affaires: _Abducere! En quelques secondes, la sangle de mon sac fut dans ma main, je fixai Carole une dernière fois dans les yeux et sortis de la maison sans un regard en arrière. La colère déformait mes traits et tiraillait mon ventre, j’attendis d’être hors de vue de la maison pour me jeter violemment contre un mur. Des larmes de haine se déversent sur mes joues, je lâchai mon sac et tapai du poing avec rancœur contre le bâtiment auquel je m’étais appuyée. Comment avais-je pu être aussi stupide? Je n’avais rien soupçonné, pas même un doute ne m’avait traversé l’esprit, j’avais sous-estimé mon ennemie. Je me mordis les lèvres pour me forcer à faire refluer les larmes, mais elles continuaient à couler, malgré moi. Je me sentais tellement stupide, j‘aurais pu lui dire non, j‘aurais pu taire l‘origine de ce bracelet! J’aurais…Non… Fabian! Fabian aurait pu me le dire, aurait dû me le dire! Il le savait, il devait le savoir! Je commençai à grelotter entre deux sanglots, en effet, je ne m’étais pas rendue compte à quel point il faisait froid, et je ne portais ni veste ni manteau. Minuit sonna à l’église de quartier, mon train partait dans quinze minutes. J’essuyai mes larmes d’un revers de manche et respirai à fond, j’avais besoin de me réchauffer, de me défouler, de canaliser ma rage: de courir. Mon sac sur l’épaule je me mis à détaler à toute vitesse, je ne sentais pas la douleur qui se répandait dans mes muscles à chacun de mes pas, ni la soif qui prenait ma gorge, je ne ressentais plus rien. J’arrivai à la gare cinq minutes en avance, le train était déjà à quai, j’y entrai en haletant, essayant de retrouver mon souffle. Je parcourus les wagons en chancelant, parfois occupés par quelque badaud endormi mais vides pour la plupart, à la recherche de solitude. Trouvant un compartiment inoccupé: je m’y installai, collant mon front à la fenêtre pour tenter de me rafraîchir je m’aperçus alors que j’étais en sueur. La tête me tournait et je n’arrivai plus à respirer, chaque parcelle de mon corps semblait manquer de quelque chose. Le train démarra, je m’évanouis. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Céleste Mer 9 Avr - 23:36 | |
| Bon alors j'ai lu que le premier chapitre et le début du 2ème. J'continuerai la suite demain, j'ai tt mon temps xD. Eh ben sérieux... whoua! On dirait vraiment un vrai de chez vrai auteur... c'est magnifiquement bien écrit, c'est simple mais en mm tps recherché... C'est purement tentant, ça me plonge dans ton monde... nan, franchement chapeau. Au stade ou j'en suis, j'sais tjrs pas dans quel pays ça se passe mais je présume que c'est un état inventé de toute pièce ^.^. Donc franchement ta Céleste, je la trouve très attachante, nan, j'avoue j'aime beaucoup... j'me frais un plaisir de venir lire la suite =)! |
| | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Céleste Mer 9 Avr - 23:41 | |
| *rougit* Merci beaucoup... ça me fait très plaisir.... Vraiment très très plaisir | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Céleste Mer 9 Avr - 23:54 | |
| Mais de rien! En plus j'men voulais, t'étais la première qu'avait accouru vers le mien... et en plus tu m'as fait des compliments xD. C'était dégueulasse que je te rende pas la pareil.Et pis en plus, j'te jure que j'en ai zappé mes convers' msn tellement j'étais captivé ^^. |
| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Céleste Jeu 10 Avr - 4:33 | |
| J'ai lu la premiere Page. Hate de lire la 2ieme |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Céleste Jeu 10 Avr - 13:27 | |
| Ayé!! J'ai tout lu! Donc c'est bon je suis plus en retard . Alors, franchement... j'ADORE!!!! C'est excellent, j'me suis complètement laissé entraîné... t'as un vrai talent (mieux que le mien :oups: ). Je me suis presque demandé si j'avais pas un véritable bouquin devant les yeux, que je venais juste d'acheter ^^. Et pis le ptit coup de Carole qui paraissait gentille et qui en fait bah elle l'est pas du tout... franchement joli . Ah la la la, j'trouve ça génial! Bon faudra qu'elle développe un peu ses pouvoirs histoire qu'elle rabatte le caquet à cette cruche xD Et pis... la dame orange ne serait la madame Vecker? Enfin, bref, j'attends la suite avec impatience . |
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| Sujet: Re: Céleste | |
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| | | | Céleste | |
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