Bon, un épisode (un peu) plus long, avec de l'action, siouplait!
Et maintenant plus de protestations, le BAC et seulement le BAC!
ps (je viens de m'apercevoir que ça faisait aussi bien pré-scriptum que post-scriptum, le latin est vraiment une langue fabuleuse) désolée pour les fautes d'orthographe
-… bip … bip … Allô?
-… Euh oui Ariane c’est moi…
- Oh tu as oublié quelque chose à la maison?
- Non non, mais euh… Tu fais quoi de ta journée?
- Je te l’ai dit hier soir, chéri, je passe la journée avec les filles, on prépare le dîner de charité pour la clinique…
- Oui! C’est vrai j’avais totalement oublié, et bien passe une bonne journée!
- Attends qu’est-ce que…
- A ce soir!
Je ne pouvais pas contenir ma joie plus longtemps, mon cri déchira le silence du parking, depuis quand n’avais-je eu une journée de liberté?
Il ne m’en fallait pas plus, je sautai dans ma voiture et démarrai en trombe.
Je m’arrêtai au centre commercial et en ressortis une quinzaine de minutes plus tard, deux sacs plastiques à la main, l’un rempli de gâteaux fourrés à la crème et l’autre de trois bouteilles d’alcool, trio du bonheur composé de tequila, vodka et rhum.
Depuis la naissance des filles, Ariane contrôlait tout ce que je mangeais et bien sûr tout ce que je buvais, j’avais tous les mois droit à un examen complet et à la moindre hausse du taux de cholestérol c’était bouillon tous les midis et tous les soirs pendant deux semaines.
Je posai les sacs dans le coffre et pris mon portable pour vérifier qu’il n’y ait personne à la maison, le téléphone sonna trois fois avant que la tonalité cesse.
Je recomposai le numéro mais cette fois ci la voix d’une femme m’annonça que le numéro n’était plus attribué.
J’eus subitement un mauvais pressentiment.
Je remontais dans la voiture et tandis que je prenais l’autoroute à plus de 150 km/h un millier de questions se bousculaient dans ma tête, je n’étais sûr que d’une chose.
Il y avait un problème.
Dix minutes plus tard je garai la voiture devant le garage, le cœur battant, la porte d’entrée et toutes les fenêtres étaient fermées et pourtant, quelque chose d’inhabituel flottait dans l’air.
J’observais chaque détail minutieusement, prêt à bondir sur le moindre tremblement de rideau, le moindre froissement de feuilles, chaque bruissement de vent…
Je sortis de la voiture, les poings serrés, la mâchoire tremblante, et me dirigeai vers la porte, guettant l’apparition d’un voisin à sa fenêtre, afin de me rassurer ne serait ce qu‘un instant, mais il n’y avait personne, les maisons tout comme la rue étaient désertes.
Depuis combien de temps n’avais-je pas eu peur?
Ma respiration semblait être le seul signe de vie à des kilomètres, et tandis que j’enfonçais ma clef dans la serrure, une bourrasque de vent m’arracha une sueur froide.
Je n’avais jamais autant désiré une cigarette qu’à cet instant.
La clef tourna une première fois dans la serrure, puis une deuxième, et le cliquetis familier de la porte m’indiqua que celle-ci était déverrouillée. Je composai le code de l’alarme et un bip sonore m’indiqua que je pouvais entrer.
La maison semblait vide, et pourtant un froid glacial avait envahi chaque recoin, plongeant la demeure entière dans une sorte de trouble inexplicable.
Un violent coup de vent me fit tourner la tête vers la baie vitrée, devant laquelle un des géraniums en pot d’Ariane s’était renversé contre la vitre dans un fracas sonore.
Mon regard scrutait anxieusement les coins sombres, où il me paraissait à chaque seconde apercevoir un visage ou croiser un regard.
Mais il n’y avait personne.
Je poussai un soupir de demi soulagement, sans vraiment être rassuré.
Je ressortis de la maison et pris les sacs dans le coffre de la voiture, en le refermant je crus voir une silhouette sombre s’écarter vivement de la fenêtre, deux scintillements rouge vif s’éteignirent derrière les rideaux de lin, je n’avais pas rêvé, j’en étais sûr.
J’aurais pu prendre ma voiture et repartir à l’hôpital, ou même en ville, un endroit vivant, habité, mais quelque chose m’attirait dans ce silence de mort, cet espace lugubre et froid.
Une sensation étrange naissait au bas de mon ventre, une excitation macabre dont le seul souvenir de l’ennui suffisait à me convaincre d’affronter cette chose, quelle qu’elle soit. Prendre des risques semblait devenir une obsession grandissante au fil des années de routine et d’habitudes m’étant devenues insoutenables, je vivais chaque jour un peu plus, ce que je m’étais promis de ne jamais devenir.
Je m’avançai à nouveau vers la porte et entrai, rien n’avait bougé, du moins en apparence, je posai les sacs sur le bar et allumai la pièce.
Tout en m’avançant vers le salon, l’hypothèse d’imaginer tout cela semblait vouloir percer mon esprit, mais j’étais devenu sourd à sa demande, j’étais absorbé par ce frisson d’excitation qui parcourait mon échine.
- Adam c’est cela?
Je sursautai en découvrant un volute de fumée blanche naître dans l’obscurité d’un coin de la pièce et s’élever vers le plafond, se confondant avec la lourdeur de l’air ambiant.
- Sortez de chez moi!
Un léger rire découvrit une lignée de dents blanches parfaitement alignées, et son visage sortit de l’ombre. C’était une femme d’une trentaine d’années, la peau d’une blancheur de nacre, elle semblait presque irréelle sous ses airs de poupée de porcelaine. Ses cheveux d’un blond doré, tombaient en cascade sur ses épaules carrées, soulignées par un tailleur carmin découvrant des jambes d’une blancheur immaculée. N’importe quel homme aurait été attiré ou même envoûté par ses yeux de chatte, d’un vert émeraude luisant dans l’obscurité, cependant je n’y étais pas sensible, quelque chose en elle me faisait frémir. Ca n’était pas de l’attirance mais une peur mêlée de dégoût pour cette femme.
- Qui êtes vous?
Elle souffla un volute de fumée et répondit dans un sourire:
- Ca n’est pas important…
- Répondez à mes questions!
- Vous êtes exactement comme je l’avais imaginé… Un peu plus de dureté dans les traits tout de même…Vous avez subi des épreuves?
- Qui êtes vous bordel?!
Son sourire sarcastique disparut de son visage en un instant:
- Où est Céleste?
- Pardon?
- Je vous demande où est Céleste Elphis, votre ancienne petite-amie…
- Je… Je n’en sais rien…
La franchise de ma réponse me surprit moi-même.
- Que lui voulez vous?
- Ca ne vous regarde pas… C’est personnel…
- Ecoute moi bien salope, j’en ai rien à foutre de ce que tu fous là, j’en ai rien à foutre de ton nom, mais si tu touches à un seul de ses cheveux je te jure que…
- Que quoi? Que tu vas m’insulter? C’et toi qui vas m’écouter maintenant, où est elle? Si tu ne me réponds pas, ta jolie petite famille ne sera bientôt qu’un lointain, très lointain souvenir…
- J’en ai rien à foutre!
Après tout c’était vrai, peu m’importait Ariane, peu m’importait les jumelles, elle avait prononcé le seul nom qui importait pour moi… Céleste.
- Vraiment?
Elle voulait sa voix assurée, mais le ton de la mienne avait jeté le doute dans son esprit…
D’un geste de nonchalance, elle attrapa son sac à main à son côté et en sortit un portable d’un noir luisant. Elle appuya sur une touche et porta le téléphone à son oreille:
- Rien. Je suis là dans trente secondes.
Elle se leva et sortit sans un mot, je voulais parler mais aucun son ne sortait de ma bouche, j’étais comme plongé dans une léthargie totale qui paralysait tout mon corps.
Je venais de subir mon premier sort de légimentie.
Mais je ne le savais pas encore, tout comme j’ignorais jusqu’au sens de ce mot, et ce qu’il allait signifier pour moi.
Je ne pouvais plus bouger aucun de mes membres, peut être n’étais je plus capable de penser à le faire, le néant s’emparait peu à peu de mon esprit, ma vision se brouillait sans que je puisse réagir et je finis par plonger dans un noir complet.
Une sorte de délice m’envahit tout entier, j’entrevoyais des végétations luxuriantes, et le parfum des fleurs me montait à la tête tout comme les mélodies lointaines qui s‘intensifiaient jusqu‘à parcourir chacune des fibres de mes muscles.
Soudain un vent glacial s’abattit sur le paysage et balaya toute trace de joie autour de moi, les couleurs se fanaient une à une, remplacées par un gris terne et sale, le froid était tel que mes membres s’engourdissaient avant de disparaître dans une neige noire qui recouvrait tout un peu plus, seconde après seconde.
Je sombrai.
En me réveillant, rien n’avait changé autour de moi et le calvaire que je venais de subir, n’avait volé qu’une minute à l’horloge, alors qu’il me semblait m’être fait dérober plusieurs années de ma vie.
Je me relevai avec difficulté du carrelage glacé du salon, dehors, une pluie fine commençait à taper aux vitres, m’emprisonnant dans une prison sonore, quelques images me parvenaient en bribes, une femme, un portable, un sourire, de la fumée… Et, vision par vision, un souvenir complet me revint.
Je me souvenais.
Je ne le savais pas encore, mais j’étais censé avoir tout oublié...