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| Le Véritable Visage de la Lumière... | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Sam 10 Mai - 11:18 | |
| Bah non, c'est pas ta faute... on est plus ici pour apprendre que pour se faire glorifier non? Enfin je sais pas, mon but était tourné par là au début... enfin . Tiens voilà le 21ème épisode (plus que 5 avant d'arriver au tome 2). On retrouve notre petit Marc... Bonne lecture ! ___________________________________________________________________
Episode 21
Marc s’éveilla soudain. Les mains de Morphée l’avaient enfin desserré de leurs étreintes. Il faisait noir, complètement noir. Sa tête était lourde. On aurait dit qu’il sortait d’un très mauvais rêve qui lui avait procuré moult souffrances morales. Ses traits étaient tirés et des cernes se dessinaient sous ses yeux, comme lors d’un sommeil agité. Son corps semblait meurtri, même si à première vue il ne portait aucune blessure. Engourdi, il ne répondait plus aux ordres du cerveau. Hébété, Marc resta dans cette position inconfortable. Il se remémora alors les événements passés. Il revoyait la catastrophe dévastatrice, les corps désarticulés et les boutiques éventrées. Il se souvenait de cette Lumière qui l’avait encerclé et de l’énergie qu’elle dégageait. Il se rappelait de ce sentiment de toute puissance qu’il avait éprouvé, avec horreur. Il chassa ces images de son esprit avec vigueur et il tenta de s’agiter. Il roula et percuta une paroi froide. Aussitôt, une petite lampe s’alluma, envahissant le monde des ténèbres. Il découvrit alors l’endroit où il se trouvait et il poussa un petit cri d’angoisse. Il était allongé sur une sorte de tapis et le plafond n’était pas bien plus haut que sa tête. En somme, il lui était incapable de se lever véritablement. Une bouffée de chaleur lui monta jusqu’aux oreilles et il retrouva immédiatement l’usage de ses membres, comme animé par une force du désespoir. Il avait toujours été claustrophobe, et il se débattit en poussant de ses pieds la voûte. Mais rien ne se produisit, et le plafond paraissait peser plus d’une tonne. Où se trouvait-il ? Complètement réveillé, il se contorsionna et changea de sens, le ventre au sol. Il heurta alors un petit tas mou au fond. Il parvint à se retourner et à distinguer des petites boites plastifiées qu’il s’empressa d’attraper. La première contenait des petits gâteaux secs et la seconde une sorte de pizza. Il s’empara alors des autres et réalisa qu’un garde-manger entier avait été préparé à son intention. Oubliant toute civilité, il se goinfra de tout ce qui lui tombait sous la main. Il ne savait pas depuis combien de temps il n’avait rien avalé, mais son estomac grognait d’appétit. Une fois repus, il se remit sur le dos afin de mieux digérer. Puis, les images de la catastrophe lui revinrent en tête. Incapable de les retenir, il les laissa s’écouler dans son cerveau. Il se détestait. Intérieurement, il savait que cette Lumière demeurait entièrement sa faute. Il l’avait produite. Pourquoi ? Il s’agissait d’un mystère. Soudain, il pensa à Roald, son très cher Roald, son meilleur ami qui avait peut être péri lui-aussi. Il hurla à cette idée. Puis d’énormes sanglots perlèrent ses cils et des larmes de rage coulèrent le long de ses joues. S’il lui était arrivé quelque chose… il le rejoindrait, où qu’il soit ! Roald était tout pour lui, hormis ses parents. Imaginer de ne plus voir ses yeux bruns, de ne plus entendre sa voix claire et de ne plus sentir son si délicieux parfum habituel servait à lui arracher, sans effort, des pleurs supplémentaires. Son cœur se gonflait et il crut qu’il allait éclater tellement sa tristesse continuait d’affluer. C’était impossible ! Le vide qu’il laisserait serait insupportable. Il ne pouvait mourir, le destin les avait lié. C’est avec cette conclusion qu’il sécha ses larmes. De toute façon, s’il n’était plus là, il le vengerait. Il resta plusieurs heures ainsi, ressassant ces derniers évènements. Il ignorait que voilà déjà cinq jours s’étaient déroulés depuis. Ayant retrouvé son calme, il constata qu’un petit filin d’air frais soufflait sur son front. Un nouvel espoir germa et il se leva d’un bond. Le choc fut immédiatement douloureux. Il se cogna au plafond et retomba au sol, complètement étourdi. Des scintillements dansaient devant ses yeux. Une bosse se formait sur son crâne. Lentement, il approcha sa main dessus et se la massa. Quelques autres minutes s’écoulèrent à leur tour puis l’enfant perçut une nouvelle fois la petite brise d’air fin sur ses joues. Doucement, il se dirigea vers la source de ce phénomène et chercha à tâtons d’où cela pouvait provenir. Si l’air passait, c’est qu’une sortie vers l’extérieur était percée quelque part. Impatient, il inspecta les moindres recoins pendant un certain temps, mais rien ne fut très concluant. Dépité, il réfléchit. Inspiré, il éteignit la lumière et chercha si une lueur de l’au-dehors ne pénétrerait pas les ténèbres. Car si tel était le cas, il concentrerait toutes ses forces pour agrandir le trou et trouver un moyen de sortir. Il examina alors tout l’espace dans lequel il se trouvait et, à sa grande joie, un minuscule halo doré s’illuminait de l’autre côté. Immédiatement, il se jeta, ongles déployés, et gratta comme un forcené. Une sorte de tissu sembla se déchirer et il tira jusqu’à ce que l’ensemble se détache. Epuisé, il ralluma la lumière et découvrit, frustré, une bonbonne d’oxygène. Un petit tuyau remontait au plafond et lâchait de l’air frais sur l’enfant. Au moins, il ne mourrait pas asphyxié. Désappointé, il recula vers le tas de nourriture et se servit en bonbons sucrés. Puis il s’allongea et s’endormit, sachant qu’il n’y avait que cela à faire. Son rêve était agité, une fois de plus. La Lumière hantait encore les parties sombres de son esprit. Il tenta de la chasser mais elle revenait toujours plus vivement. Alors il courut pour la fuir, mais ses rayons désintégraient tout. Il aperçut Roald au loin et il voulut crier pour lui dire de partir. Mais au contraire, il s’approchait, marchant lentement. Le halo de lumière l’atteint et son ami se décomposa sous ses yeux. Marc impuissant, assista à la mort de son frère de cœur. Mais il n’eut pas le temps de hurler que déjà, d’autres images circulaient dans son cerveau. Il observait maintenant l’agent. L’agent qui l’avait ramassé complètement vidé de ses forces physiques et mentales sur le trottoir dans sa ville natale. Il lui souriait. La Lumière apparut elle aussi. Marc, épouvanté, se jeta sur le polégardien qui ne bougeait pas d’un centimètre. L’enfant l’attrapa par la manche et le tira mais l’homme semblait comme enraciné au sol. Il tourna la tête vers lui et lui sourit à nouveau. La Lumière se glissa alors vers eux, mais au grand étonnement de Marc, elle contourna l’agent pour poursuivre son chemin. L’agent releva la figure et pointa de son doigt le front de Marc. Puis il ferma les paupières et sembla tomber dans un profond coma. L’enfant se réveilla alors tout doucement de son songe. C’était l’une des premières fois depuis longtemps… Quand il rouvrit totalement les yeux, il constata, sans surprise, qu’il se situait toujours bel et bien dans cet endroit clos. L’angoisse lui enserra encore la gorge. Et s’il finissait ses jours ici ? Seul à tout jamais, perdu il ne savait où. Que s’était-il passé ? Pourquoi l’agent l’avait-il ainsi abandonné ? Où subsistait-il ? Toutes ces questions asservirent son esprit et une colère désespérée s’empara une nouvelle fois de ses jambes qui battirent le plafond de coups. Lorsque sa rage faiblit, il prit le temps de réfléchir sur sa condition. Son rêve aussi lui revint en mémoire. Il pensa au geste du polégardien avant qu’il ne se réveille. Il lui indiquait qu’il fallait qu’il fasse fonctionner ses cellules grises… Brusquement, il eut une vague idée de sa probable localisation. Ne comprenant toutefois pas ce geste, il chercha ce qui pourrait effectivement confirmer son intuition. Il souleva difficilement le tapis sur lequel il était allongé et toucha une surface dure et froide. Elle était noire, luisante. Il comprit. Il laissa vagabonder ses doigts tout autour de la jointure entre le sol et la paroi et il trouva un petit loquet. Reprenant haleine après ces efforts de contorsionnistes, il actionna la petite barre métallique. Aussitôt le plafond se releva. La lumière vive lui brouilla la vue et Marc se mit debout, les mains devant les yeux. Lorsque, enfin, il put abaisser sa paume, il découvrit avec horreur de nombreux techniciens qui le regardaient, perplexes, oubliant leur travail. L’enfant contempla les lieux. Il demeurait dans le coffre de la voiture Impériale mais déjà l’alerte avait été donnée. Des officiers P.U l’encerclèrent et crièrent : « Les mains sur la tête ! Les mains sur la tête ! Et maintenant, sors doucement de ta cachette le morveux ! » A suivre... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Dim 11 Mai - 0:48 | |
| Oh, suspens!! LA SUITE!!!! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Dim 11 Mai - 11:20 | |
| Ouahou ^^'. Et toi aussi tu as su avant pour l'Empereur, dans l'épisode d'avant? Dites donc, mais c'est que la fin approche (du Tome I, pas de l'histoire...). Quelques explications vont vous être peu à peu révélées, pour enchaîner ensuite sur le Tome 2... enfin c'est pas encore tout de suite. Là, c'est juste une situation qui se dégrade... Bref, bonne lecture ! ______________________________________________________________________________
Episode 22
Les courbes des lettres se dessinaient dans les pupilles du président Mernine. Les mots s’incrustaient profondément dans son cerveau. Les phrases devenaient l’ensemble de sa nouvelle réalité. Sarcadid suait à grosses gouttes et il se sécha le front machinalement par son mouchoir blanc. Le message était clair. Il ne pouvait le contrer. Ô qu’il aurait aimé être à la place du balayeur du hall d’entrée en cet instant. Un horizon totalement différent se dévoilait à sa vision et toutes ses constructions tombaient en ruine. Il les voyaient s’écrouler au fur et à mesure des lignes qu’il arpentait du regard. Son monde entier perdait ses bases. Ses valeurs étaient emportées dans le flot de responsabilités qui lui tombaient sur les épaules. Il aurait voulu hurler mais sa voix resta coincée au fond de sa gorge. Comme si on lui infligeait encore en plus l’interdiction de ce plaisir de défoulement. Impossible. Il avait lui-même tout détruit. « La Crise » s’approchait à présent à grands pas et il serait le président qui annoncerait cette terrible nouvelle… « Monsieur le Président ?, l’interrompit sa jeune secrétaire en frappant à sa porte qu’elle entrouvrit » Mernine ne l’avait jamais trouvée aussi belle qu’aujourd’hui. Resplendissante, elle arborait un chignon coiffé de sa magnifique chevelure blonde. Un sourire aux lèvres, elle attendait la réponse de son patron qui s’extasiait devant sa fraîcheur. Malgré tous les soucis que rencontrait la République, elle demeurait toujours présente, apte à résoudre n’importe quelle contrainte. Mernine en aurait presque oublié la lettre qu’il tenait entre ses doigts. -Oui Marie ? -Monsieur Mirelly désire s’entretenir avec vous au sujet… -Bien. Faites le entrer ! » Mlle Borkest s’inclina et se retourna pour autoriser l’invité d’accéder à sa demande. Lorsque le président distingua l’ombre de sa silhouette, une colère sans nom s’empara de ses membres. L’ensemble des mots de la lettre entre ses doigts reprenaient forme. « La République nous a profondément déçu. » ou encore « L’Empire croyait sincèrement en une union durable et solennelle entre nos deux peuples … ». Désormais, tout espoir était anéanti. La Polégardie ne pourrait plus jamais faire confiance à Terrae. Du moins, pas avant un long moment et la République devrait montrer sa loyauté à maints reprises. Le petit homme vêtu entièrement de beige fixa les yeux du président et s’avança jusqu’à un fauteuil sans ciller. Son arrogance dépassait les limites. Sarcadid Mernine détestait ce genre d’insolence et il l’aurait battu s’il s’était trouvé en d’autres circonstances. Puis, Mirelly s’assit et, machinalement, attrapa son chapeau melon et l’essuya du revers de la main. Il remonta les manches de sa veste et s’enfonça confortablement dans le cuir du siège. Et il parla. Sa voix demeurait si calme et si sereine que le président s’interrogea sur la qualité mentale de son compagnon. La catastrophe politique ne semblait pas l’effleurer. Les conséquences de ses actes s’avéraient dramatiques cependant il gardait son air nonchalant, sûr de lui. « Monsieur, nous essuyons un regrettable échec qui ne se reproduira plus. Je déplore immanquablement nos pertes et je vous promets que toutes les familles de nos héros tombés sur le marbre du hall seront honorées. L’Empire nous a dupé et j’ai honte de m’être fait prendre à leur jeu. Mais je vous certifie que la prochaine fois, une telle erreur… -Comment ?, coupa férocement Mernine. Vous osez m’annoncer qu’il y aura une prochaine fois ? Vous plaisantez ! Je vais de ce pas destituer l’Organisation Mondiale de la Réhabilitation Immédiate du Peuple de Terrae. Il s’agit d’une foutaise. Vous vous fichez complètement de nos populations. Vous n’avez pas agi pour elles quand vous avez attaqué franchement l’Empereur. Bien au contraire, désormais, vous leur avez attiré les foudres de la Polégardie. » Le président tendit la lettre à Mirelly qui s’en saisit avec apathie, ignorant les implications de ses informations. Le directeur de l’OMRIPT eut un même un léger sourire lorsqu’il la lut et il fut heureux d’apprendre les projets de l’Empire. « Bon. Désormais, nous avons marqué d’un point d’honneur notre insoumission. C’est cela que j’ai apporté à notre peuple. » Mernine se leva d’un bond de sa chaise. Frappant du poing sur son sous-main, il s’écria : « Quoi ? Vous me signifiez que vous trouvez une quelconque réussite dans ce que nous avons entrepris ? Enfin, dans ce que VOUS avez entrepris… -En effet. La mort de l’Empereur aurait été une véritable victoire. Malheureusement, nous ne pouvions prévoir qu’il se servirait d’un pantin en guise de sa personne… Mais, comme je vous l’ai précédemment dit, nous ne commettrons pas la même faute deux fois de suite… » Il eut un petit rire et une étincelle s’illumina dans ses yeux. Submergé, Mernine fit les cent pas devant la fenêtre du balcon. Se caressant le crane, il réfléchit longuement, ensuite, n’y résistant plus, il éclata : « Mais vous rendez-vous compte seulement de la situation ? -Quelle situation ?, releva le directeur. Que nous avons failli éliminer le numéro un de l’Empire ? Que nous avons manqué d’assujettir à notre tour la Polégardie ? Que nous lui avons prouvé que Terrae était capable de lui tenir tête ? D’avoir voulu sauver notre monde d’un assaillant rusé dont personne ne semblait comprendre sa réelle ambition ? -Vous êtes fou, marmonna Mernine. Vous avez joué dangereusement, frisant la folie même, avec l’étiquette du peuple mondial entier. Et vous avez perdu. En plus de Bagdad, ce sont Paris, Tokyo, New-York, Mexico, Dakar et j’en cite, qui sombrent avec vous dans le déshonneur. -Le déshonneur de ne plus être soumis ?, demanda Mirelly -Non ! Le déshonneur de la faillite !, rétorqua le président fulminant. Relisez la lettre bon sang ! » Il se rassit et contempla mélancoliquement le drapeau de la resplendissante Terrae pendant que le directeur s’exécutait avec plus dé sérieux. Puis, ce dernier la posa sur le bord du secrétaire et soupira : « J’ai agi dans le sens de mon peuple. Je vous le certifie. L’Empire nous aurait manipulé. » Le président s’attrapa la tête entre ses mains et gémit à son tour. Il parlait à un mur. Et un mur ne bougeait jamais, à moins de le démolir… « Mais vous ne comprenez rien ! L’Empire me l’a envoyée sitôt le départ de Sa Majesté, comme s’il avait prévu l’événement. Il affirme que la République s’est effondrée et qu’elle doit assumer les conséquences de ses actes ! Il annonce aussi qu’un tel autre affront ne sera plus jamais toléré. Et vous avez lu comme moi les nouvelles mesures prises par son gouvernement ? -Nous nous relèverons, assura Mirelly -Mais enfin ! La Crise va revenir et va terrasser tout notre monde. Tous les accords en notre intérêt, celui de Terrae, sont résiliés. Toutes les transactions en cours sont suspendues. La Bourse a confirmé la chute des capitaux des entreprises de fleurs et de métallurgie. Les centres scientifiques ont aussi subi les lourds résultats de votre échec : toutes les expériences engagées avec la Polégardie ont mystérieusement brûlé ou du moins disparu. Les bilans ont été volés dans des coffre fort forcés. Tous nos hôpitaux déplorent la perte des machines performantes que l’Empire leur avait confiées. Des milliers de malades devraient vous remercier. Ils mourront insoumis ! -Eh bien oui, acquiesça le directeur de l’OMRIPT. Nous ne savions pas à long terme ce que ces machines apporteraient de néfastes à notre civilisation. Qui nous dit qu’elles ne nous affaiblissaient pas le cerveau pour mieux pouvoir nous conquérir ? -Bien sûr que non !, rugit le président. Elles soignaient, rien de plus. Il s’agissait d’un cadeau en signe de sa bonne volonté ! Mais la vérité, c’est que vous n’acceptez pas qu’un autre monde puisse donner de l’aide au nôtre ! Vous êtes trop fier pour cela… -Il nous soumettait. Et il faisait ça bien. La preuve, vous ne vous en rendiez même pas compte. » Sarcadid Mernine se rassit face à cette nouvelle affirmation. Il n’y avait aucun espoir à le convaincre. Tant pis pour lui… « Bien. Par votre faute, la Polégardie s’est rétractée dans tous les secteurs d’activités de notre planète. Par votre faute, elle s’est retirée et nous a laissé dans notre misère, en annulant tous ses projets avec notre monde. Par votre faute, vous êtes coupable de toutes les dégringolades financières, de tous les taux de chômage qui grimperont en flèche, de toutes les pauvretés qui s’accumuleront sur Terrae. Car voyez-vous, en appuyant sur la gâchette, vous n’avez pas seulement tué un agent travesti en Empereur, non, vous avez par la même occasion assassiné la République. Alors, je crois qu’il est amplement temps que je vous délie de vos fonctions et que je vous jette à la porte des actions gouvernementales. » Mirelly se releva alors et dévisagea le président, comme s’il s’agissait de leur première rencontre. Réajustant le col de sa chemise beige, il ne se laissa nullement impressionné par le ton grave du président. Un rictus mauvais se matérialisa en l’espace de quelques secondes sur sa figure boursouflée. Mernine frémit en découvrant ce nouvel aspect. Puis, le directeur caressa sa petite moustache et déclara : « Un jour, n’importe quel médecin se retrouve confronté à ma situation vis à vis d’un malade. Pour détruire une infection, il faut parfois amputer l’un des membres du patient, pour éviter la propagation de la putréfaction. Et l’Empire est cette maladie. Et vous, vous êtes ce membre dont il faut quelquefois se séparer, monsieur le Président. -Qu’est ce que cela signifie ?, interrogea Mernine inquiet -Les médecins tentent souvent tout avant de prendre une telle décision. Et j’ai essayé de vous sauver des griffes de l’Empire, monsieur le Président. Mais vous ne m’avez pas écouté. Votre vénération est telle, qu’on croirait que vous êtes un polégardien de souche. Alors désormais, il me semble bon de passer à l’acte avant que vous n’infectiez le reste du gouvernement. » Mirelly pointa son index sur le président et clama : « Je demande votre démission de la tête de la République. Pour le bien de Terrae, fuyez ! Vous êtes l’objet de la Polégardie et elle vous obligera à confier notre monde entre ses mains ! Sauvez-nous et votre honneur. -Il n’en est pas question ! Qui êtes-vous pour me donner un tel ordre ? J’en ai plus qu’assez de vos jugements anti-polégardiens. Vous cherchez à éliminer l’Empire à tout prix, sans vous apercevoir qu’il nous apporte de grands progrès. Vous préférez la guerre à une union. Vous êtes pitoyable, monsieur Mirelly. Vous êtes la honte de notre société ! -Mensonges, s’écria le directeur. Partez tant qu’il est encore temps. Je vous donne trois jours pour déserter les lieux et annoncer cela au peuple. -Mais pour qui vous prenez-vous ?, ironisa le président. Je suis votre chef hiérarchique et j’ai le soutien des populations qui m’ont élu. -Plus pour longtemps, répliqua Mirelly. En ce moment même, une information circule à votre sujet. Il semblerait que vous auriez l’intention d’instaurer un ou plusieurs membres de l’Empire à l’Assemblée. Et ceci, le peuple n’appréciera pas. » Une étincelle de rage s’alluma dans les yeux du président et il clama : « Vous aviez déjà prévu ma destitution. Notre rencontre n’avait aucunement le but de vous excuser. Il fallait que vous trouviez le moyen de m’annoncer ma destitution. Eh bien soit, nous verrons bien l’avis du peuple… » Mirelly approuva et se retourna pour sortir. Seulement, Mernine l’interpella au moment où il actionnait la poignée : « Et que pensez-vous de la réaction de l’Empire ? Il estimait assez positivement mon rang… -L’Empire n’agira pas contre votre démission. Il aura d’autres projets qui l’éloigneront de vous et de votre sort… Il aura d’autres préoccupations en mon honneur je suppose. » Mernine se rassit, tétanisé. Alors, la situation pouvait être encore plus dramatique ? En son for intérieur, il avait espéré une infime chance… il demanda, d’une petite voix : « Vous avez l’enfant ? » Mirelly ne répondit rien. Il ouvrit le battant et sortit. Mais avant que le battant ne se referme totalement, il souhaita lugubrement : « Joyeux Noël… »
A suivre... |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Mer 14 Mai - 4:38 | |
| Excellent! Je vois déjà les milliers de problèmes à l'horizon...Pour l'épisode précédent, je n'étais tellement pas concentrée que je croyais que l'homme en blanc était le président. Ensuite, je me rend compte que ce n'est 'pas la cas', mais finalement, quand tu écris qu'il fait un petit sourire amusé, je me dit qu'il y a quelque chose de louche. Bref, compliqué. J'attend la suite avec impatience.^^ |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Mer 14 Mai - 19:04 | |
| Rentré pour la grève, ça arrange =)! Alors voilà donc la suite ^^'. J'espère qu'elle vous plaira... plus que quatre épisodes avant le Tome 2 ! Voilà ! _________________________________________________________________________________________
Episode 23
Les rayons du soleil effleurèrent le visage brun de Roald. Les songes dans lesquels il s’était plongé devenaient translucides, jusqu’à s’évaporer entièrement, puis la Lumière éclaira son esprit. Les nuages s’écartaient sur son passage et la vérité absolue apparaissait devant lui. Roald tendit ses bras en avant, mais il trébucha de sa jambe endolorie. Sa chute fut amortie par une substance moelleuse, comme une sorte de coton. Il releva la tête. La Lumière s’éloignait, emportant avec elle son bagage si précieux. Roald poussa sur ses membres épuisés pour continuer sa progression. Mais il était impuissant. La Lumière lui échappait. Au loin, elle se dissipait sous un étendard virevoltant sous un vent imperceptible. Ce drapeau noir, aussi noir que la profondeur d’une âme, intriguait l’enfant. Il ne l’avait encore jamais vu. Enfin du moins, jamais sous cet aspect. Il renvoyait une puissance commune mais il montrait aussi une fragilité grandissante… comme s’il se lamentait sur son sort. Brusquement, Roald fut agrippé par deux mains. Elles le tirèrent dans les hauteurs et sa vision du pays de l’imaginaire s’estompa. Le monde des songes réapparut. Les mains le lâchèrent. Roald s’ébroua et parcourut l’endroit de son regard innocent. Engourdi, il s’affala sur un gazon frais et il se remémora son passage en ses lieux. La première image demeura celle de l’homme grincheux, d’une petite taille, qui se grattait incessamment le crâne en soulevant son petit chapeau melon. Il s’était présenté comme le directeur d’une nouvelle organisation. Les souvenirs affluaient peu à peu. Des cadavres, partout des cadavres… Roald roula sur l’herbe aux odeurs alléchantes. Après tout pourquoi se poser tant de questions ? Il était dans un monde de rêve où la complexité n’existait pas. Tout n’était que douceurs et envoûtements. Les oiseaux chantaient à cœur joie, loin de l’horreur d’une guerre qui se profilait. Soudain, Roald sursauta, se retrouvant sur ses pieds en un bond. Voilà un souvenir qui resurgissait de nul part. La guerre était si proche. Il écarquilla les yeux et discerna au loin une foule qui combattait. Plus il s’en approchait, plus des cris assourdissants hurlaient dans ses tympans. Des hommes armés se livraient à une tuerie sans égale. Des hommes tous de noir vêtu, sous le regard impétueux d’une grande ombre enroulée dans une toge aussi sombre que ses soldats. Femmes, enfants et même animaux tombaient sous les slaves de balles répétées des officiers cruels. Des détonations retentissaient partout et un projectile effleura le jeune Adjahid. Ce dernier se jeta vivement à terre et contempla, désespéré, le carnage qui s’effectuait devant lui. Une parole résonna dans sa tête : « L’Empire sera la perte de notre monde ! » Roald suait à grosses gouttes. Soudain, un petit enfant blond se découpa dans le champs de bataille. Une vive émotion enserra le cœur du petit Adjahid et il sut tout de suite de qui il s’agissait. Il n’aimait personne d’autre autant que lui. Il aurait dépendu la lune pour lui décrocher un sourire gai. Il le protégerait dans n’importe quelle circonstance, il l’épaulerait lorsqu’il en aurait besoin, il le consolerait quand son âme se trouverait affectée. « Marc…, murmura t-il à lui même » Son meilleur ami marchait au milieu des tirs des hommes armés, mais aucun ne semblait l’atteindre, comme si on l’évitait… Oubliant tout danger, Roald, malgré sa douleur inexpliquée dans la jambe, sauta au milieu du massacre et ceintura l’enfant blond qui tomba à la renverse. Roald n’aurait pu en cet instant expliquer sa joie mais un immense sentiment de bonheur se diffusa dans toute sa personne. Puis, les coups de feu cessèrent. Le silence retomba et la Lumière réapparut. Les enfants examinèrent autour d’eux et Roald s’aperçut que tout avait disparu. Les corps ne gisaient plus, les soldats ne tuaient plus et l’ombre n’existait plus. Tout avait été dissipé sous les rayons de la Lumière. Encore une fois, ces derniers effleurèrent son visage brun. Les songes dans lesquels il était plongé devinrent translucides, jusqu’à s’évaporer entièrement. Puis la Lumière éclaira à nouveau son esprit. Les nuages de brume s’écartaient sur son passage mais, brusquement, des mains le retinrent. Il comprit. Morphée ne voulait pas le voir fuir une nouvelle fois. Cependant, Marc continua sa progression, avançant tranquillement entre les illuminations qui le traversaient de toute part. Pourquoi personne ne le retenait lui ? Roald se débattit mais il ne se dégagea pas de l’étreinte. Les mains le tirèrent et le poussèrent sur un gazon frais. Il resta ainsi allongé pendant plusieurs minutes…Il contempla de son regard innocent les alentours il essaya de se remémorer son passage en ses lieux. Le souvenir d’un petit homme bouffi lui revint en tête. Son poing colérique qui s’était écrasé sur le visage d’un jeune médecin… Oui, ça lui revenait maintenant. Tomas, il se nommait Tomas. Il était gentil. Il était là pour l’aider. Oui, c’est cela… Les oiseaux chantaient joyeusement, loin de toute guerre qui se profilait. La guerre… ce mot paraissait quitter toute son horreur dans ce monde de clartés et de rêveries. Puis, il se sentit aspiré par quelque chose ou quelqu’un. Il se toucha les côtes mais aucune main ne l’entourait. Il ne pourrait affirmer combien de temps cette impression dura. Puis il perdit connaissance… Roald releva lentement ses paupières. Un petit rayon de soleil pointait sur son visage. Cela lui rappelait quelque chose, comme s’il repartait à nouveau dans les songes. Mais il tint bon. Qu’importe, il semblait désormais éveillé. Néanmoins, le lit demeurait si douillet qu’un terrible désir de replonger dans le sommeil l’assaillait. Luttant de toutes ses forces, Roald parvint à conserver les yeux ouverts. Une machine bipait à ses côtés mais il n’eut pas le courage de se tourner. Il venait de sortir d’un étrange rêve, dont il n’avait aucun souvenir mais dont une délicieuse impression de douceur et d’extase en émanait. Il se délectait de ces instants. Il était si loin de cette actualité inquiétante. Terrae et la Polégardie vivaient sur une autre planète, loin de ses couettes chaudes et de ses draps parfumés. Un sourire béat se dessinait sur sa figure. La Lumière du soleil suffisait amplement à son bonheur. Une belle journée se préparait. Les oiseaux chanteraient joyeusement, oubliant toute guerre à l’horizon. Les fleurs s’épanouiraient, ne pensant pas au lendemain ni aux hommes qui risqueraient de les piétiner. Non, tout ça demeurait trop loin de son esprit pour l’affecter. Soudain, la porte de sa chambre s’ouvrit et un visage familier se pencha au-dessus de son lit : « Bonjour bonhomme, claironna t-il -Coucou Tomas, répondit d’une voix pâteuse Roald. » Tomas l’ausculta minutieusement. Il lui prit son pouls tout en vérifiant l’écran d’une machine située à l’arrière de l’oreiller. A l’aide d’une petite lampe, il lui examina les pupilles, et un vague sentiment de déjà vu trotta dans l’esprit de l’enfant. Après avoir observé sa bouche, le médecin affirma : « Bon. Tu as bien supporté l’anesthésie. Tes membres vont encore être un peu engourdis pendant la journée mais l’effet s’estompera rapidement. -Et…, commença Roald -Et ta jambe ?, termina Tomas » L’enfant acquiesça d’un signe de tête. Une inquiétude se lisait sur ses traits, mais le médecin jugea qu’il était assez courageux pour son âge. Des adultes avaient paniqué pour moins que ça. « Eh bien, je ne peux m’avancer sur ce point là, expliqua t-il. Il faut déjà voir si la greffe a tenu. Nous avons dépassé les limites temporelles de sûreté avec le… retard qui nous a été infligé. Mais… -En clair ?, supplia Roald -En clair, répéta Tomas gêné, je ne sais pas du tout si ta jambe fonctionnera comme avant, si même tu pourras garder la nouvelle. Pour cela, des séances de rééducation t’ont été prescrites… » La mine du jeune Adjahid s’assombrit. Il était décidément mieux dans son monde de songes, même s’il ne savait de quoi il s’agissait. Une peur sans nom lui tenaillait les entrailles. Il angoissait à l’idée de se retrouver à la charge des autres. Sans moyen de locomotion, comment pourrait-il accomplir des miracles ? Surtout en ces temps troubles… Tomas remarqua son désappointement, et il rajouta : « Mais tu es un jeune homme vaillant et empli de volonté. Je parie que tu seras vite sur pied d’ici un mois. » Puis, respectueusement, le médecin sortit de la chambre. Avant de refermer la porte, il dit : « Ah, j’oubliais. J’ai appelé tes parents. Avec un nom pareil, il n’est pas compliqué de les retrouver. Je leur ai donné l’adresse de l’hôpital, ils seront bientôt à ton chevet, tu pourras te remettre de tes émotions. » Tomas sortit. Il aimait beaucoup cet enfant. Il le protégerait jusqu’à son rétablissement. Ce foutu directeur de l’OMRIPT avait sérieusement compliqué les chances du petit avec sa folie contre l’Empire. Mais l’opération ne s’était pas trop mal déroulé et ce Mirelly s’était rattrapé en offrant au médecin un véhicule de fonction pour l’emmener à l’hôpital le plus proche. « Docteur Lincoln !Docteur Lincoln, l’appela une infirmière. Dépêchez-vous, venez voir ! » Affolé, Tomas courut jusqu’à la salle commune des aide-soignantes. Le poste de télévision trois dimensions étaient allumé. Au milieu de la pièce, le président Mernine parlait. « … j’ai, par tous les moyens, tenté d’emmener notre République à des fins plus glorieuses. J’ai forgé ses bases et je l’ai élevée comme ma propre fille. Cependant, certains membres me reprochent une certaine collaboration trop étroite avec le tout nouvel Empire de Polégardie. Et par ce fait, ils me jugent inapte à diriger Terrae. Après une mûre réflexion, j’ai cédé à leurs exigences… » Tomas déglutit. Une boule d’angoisse s’était formé dans sa gorge. Non, c’était impossible. Pas LUI ! Il demeurait la seule chance de la République… « … j’ai donc le regret, mes chers citoyens, de vous annoncer ma démission de président mondial de la République Terrae. Ce sera mon dernier discours sous ce titre avec vous… » -Impossible, murmura le médecin -Bah, il paraît qu’il voulait instaurer des membres de l’Empire à l’Assemblée, dédaigna une infirmière -D’où vous tenez cette information ?, demanda Tomas -Ben ils l’ont dit à la télé, répondit l’infirmière d’un air de défi. » Résigné, Tomas alla se servir une tasse de café. Le président remerciait à présent toutes les personnes qui l’avaient accompagné au cours de sa carrière. Puis soudain, il changea totalement son discours, manquant au médecin de faire échapper sa chope. « …étant donné le reproche incessant vis à vis de l’Empire, j’ai décidé que mes nouvelles fonctions résideront dans le fait de prouver que ce dernier est bénéfique pour notre République. Seulement, désormais je n’agirais plus sous la bannière de Terrae, mais à mon propre compte… » Où voulait-il en venir ? Toutes les attentions étaient à nouveau tournées vers le futur ex-président mondial. Il avouait donc avoir des affinités avec l’Empire, se disaient certains. Il va enfin sur la voie de la raison, pensaient d’autres. « … c’est pourquoi, je m’exilerais en Polégardie pendant la période de troubles afin de ne pas gêner l’instauration d’un nouveau gouvernement. J’espère, mes chers concitoyens, que mon successeur saura vous apporter ce dont je n’ai pas réussi à vous octroyer et qu’il vous livrera vos attentes… » Ainsi donc, il paraît… ainsi donc, il laissait derrière lui tous les problèmes. Protégeait-il sa vie ? En Polégardie, personne n’attenterait à sa personne. Mernine avait fait son choix. Il ne se battrait donc pas pour regagner sa place au sommet. Il avait donc pris les devants avant que ses opposants ne l’assassinent politiquement. C’était bien joué ! Tomas termina sa tasse d’une traite et sortit. D’autres patients l’attendaient, malades ou mutilés. Et eux, toutes ces affaires ne les touchaient pas. Ils mourraient peut être avant. Il repenserait donc à tous ces problèmes plus tard… A suivre... |
| | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Mer 14 Mai - 20:16 | |
| Excuse moi d'avoir mis tant de temps à lire... Tu me pardonnes? Bon allez je te fais tous les compliments possibles et imaginables, c'est super c'est grandiose, c'est OUAH! J'adore, j'adore, j'adore.. Ce que je trouve (encore plus) remarquable c'est que tu as vraiment réussi à me transporter dans le rêve de Roald, j'étais aussi perdue, je me sentais entre le rêve et la réalité, tout comme lui et ça peu d'écrivains arrivent à le faire... Je te félicite... *sort* *revient dans l'ombre un couteau à la main* _ Dis elle est pour quand la suite... Non, non juste comme ça
*regard noir* *folle* Oo | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Mer 14 Mai - 21:29 | |
| Héhé, voilà donc un épisode... triste pour commencer à terminer (j'aime cette antithèse ). Donc voilà, sortez les mouchoirs, pour pleurer sur mon sort, car ça sera peut être trop nul... tant pis, je verrais bien ! (et puis si vous préférer les sopalins, c'est pas un souci ^^'). Bref, bonne lecture ! ____________________________________________________________________________________________
Episode 24
Terrae s’affaissait. Comme un énorme édifice reposant sur une vulgaire dalle d’argile, ses fondations s’écroulaient. Les fissures, pourtant maintes fois dissimulées, se révélaient au grand jour. Les briques fuyaient cette armature sans ciment, sans maintient, sans lien… Elle dépérissait sur ses pavés de basalte qui ne brillaient plus pour elle. Ses derniers soupirs se perdaient dans ses immenses avenues bondées d’un peuple en furie. La garde nationale n’osait même plus faire de la répression. Terrae n’avait su résister à l’infection qui s’était propagée peu à peu dans son organisme politique et populaire. Humiliée et dépouillée, elle se retirait dans les tréfonds de l’Assemblée où de vieux mais sages députés tentaient par tous les moyens de lui épargner la vie. Le combat faisait rage et ils tombaient un à un sous le joug des partisans de la peine capitale. La République avait failli, elle avait berné le monde, elle en paierait les conséquences. Trop jeune, trop fragile ou trop peu expérimentée peut être, on la jugeait inapte à conserver son titre. Elle croulait sous les agressions verbales perpétuelles, sous des violences gratuites ou sous du vandalisme menaçant. Il n’était plus question de la restaurer. La nouvelle année scintillante débuterait sans son ombre. On riait d’elle pendant qu’elle souffrait et qu’elle ravalait sa rage. Terrae chutait, sa gloire n’était plus. Si l’on voulait garder une once de son rayonnement, il fallait concilier avec les opposants à son pouvoir… c’est à dire avec le peuple mondial. Ce dernier dénigrait son autorité et violait ses principes. Il hurlait à sa mort, avec une soif de colère inquiétante. Il désirait son exécution immédiate. Les médias se rengorgeaient de sa lente agonie et s’arrangeaient pour lui enfoncer des pieux supplémentaires. Terrae sombrait. Plus personne ne la relèverait. Elle dévoilait à présent des plaies béantes, suppurantes, dégoulinantes de révoltes. Son sang coulait le long des murs du palais présidentiel comme d’interminables larmes de déception. Terrae mourrait. Il n’était plus permis de douter. Elle était désormais décapitée, privée de sa tête, du seul homme qui offrait encore l’espoir d’une paix possible. Dorénavant, son âme l’avait abandonnée, la délaissant dans sa misère. Evaporée, elle filait loin de ce corps gouvernemental, oubliant ses soucis. La République vivait sous l’impulsion de dernières tentatives désespérées mais elle poursuivait sa décadence vertigineuse, se blessant un peu plus à chaque marche de l’escalier la menant à sa destitution… Se vidant de ses dernières énergies, elle contemplait ses erreurs d’un regard perdu, inconsolable. Sa mort ne servirait à rien. Les populations fêteraient sa fin sans s’apercevoir que bien pire les attendait et qu’une guerre viendrait faire couler leur propre sang. Ils ne se rendaient pas compte qu’elle était la seule capable de sauver leurs pauvres vies, impuissantes face à la folie du probable futur chef d’état, prédestiné par la presse. Ils avaient assassiné leur unique espoir, rare lumière guidant vers un monde paisible. L’Empire deviendrait l’ennemi imminent alors qu’il aurait pu demeurer un allié puissant. Il n’hésiterait pas à déployer ses armées et répandre la désolation sur son passage. L’Empereur avait été clair. Il ne tolérerait plus aucune insulte. La trahison de Terrae avait brisé des liens déjà peu solides entre les deux mondes. Les rapports n’iraient qu’en se dégradant et les premiers coups de feu seraient tirés. La terreur accompagnée de sa fidèle mort s’abattrait sur cette planète insouciante qui préférait satisfaire ses envies stupides, poussée par des hommes peu scrupuleux. En condamnant Terrae, la société se détruisait d’elle-même. Pervertissant ses membres, elle se suicidait inconsciemment, avide de gagner encore un peu plus de pouvoir. Ne voyait-elle donc pas qu’elle se poussait à la mort alors que bien d’autres chemins lui étaient favorables ? Terrae s’apparenterait bientôt à un maigre souvenir d’un moment illustre où la société avait bâti plutôt que de démolir, d’une époque où les enfants apprenaient à lire plutôt que de manier les fusils, d’un temps où l’on partageait plutôt que de se battre… Il était bien triste de voir s’écrouler sa propre République. Mernine le ressentait comme une perte personnelle, comme s’il s’agissait de sa maison qui s’enflammait sous ses yeux. Il l’avait élevée comme sa fille. Il l’avait éduquée et apportée du bonheur selon ses principes, tout en étant dur avec elle car il l’aimait, preuve d’une véritable douceur à son égard. Cependant, on lui avait kidnappé sa chérie et on ne lui demandait aucune autre rançon que celle de partir, de quitter son rôle de père. Et il avait accepté tellement son adoration pour Terrae était forte. Rester au sommet n’aurait attiré que d’autres ennuis dont la République n’en retirerait que du mauvais. Puis ensuite, on lui avait annoncé qu’on l’exécuterait malgré sa compensation remplie. Horrifié, il n’avait pu que ravaler sa tristesse et contenter ses larmes. Mirelly désirait édifier son propre empire sur quelque chose de neuf. Et pour cela, il réduirait toutes les actions de l’ancienne Terrae en cendres, à commencer par sa constitution. Tout détruire pour mieux construire, telle devait être sa devise. Le cœur de Mernine s’en retrouvait déchiré. Sa peine se consumait dans son âme désagrégée. Elle s’écoulait dans ses veines, grandissant sa hargne vis à vis de son échec. Brusquement, une main sur son épaule le sortit de ses rêveries. Elle était fraîche et parfumée de jasmin. Un ardent espoir se ralluma dans les tréfonds de son être et un sourire timide sur cette figure fatiguée se dessina. « Monsieur, la limousine vous attend… -Je sais Marie, approuva t-il » La jeune secrétaire attrapa la valise et la tira vers elle. Puis elle soupira gentiment pour le presser. Mernine essuya rapidement une larme sur le coin de ses cils et admira pour la dernière fois son Agora. Il l’avait créée, façonnée selon sa pensée. Elle aussi, il la laisserait derrière lui. La rupture semblait insoutenable et pourtant il fallait s’y résoudre. Puis, il descendit doucement les marches du palais, les comptant pour une ultime fois. Trente-six. Le compte était bon. Le ciel paraissait compatir à sa douleur. Il demeurait gris, venteux, chargé de larmes lui aussi dans ses nuages. Ainsi, Sarcadid, exilé de son monde natal, limité à plus bas que simple citoyen d’une République déchue, savoura la vision de son palais présidentiel. Son balcon jetait son ombre sur la place. Il le regretterait. La vue demeurait si belle de là-haut… « Monsieur ? Il est temps… » Une portière s’ouvrit et un coffre se referma. Les agents polégardiens démarrèrent la limousine et elle ronfla discrètement, seule au milieu de l’immense Agora. « Juste une petite minute, supplia Mernine au bord de l’effondrement » Les sanglots remontaient le long de sa gorge secouée de spasmes. Ses yeux brillaient d’un désir irrésistible. Puis, lentement, il embrassa ses paumes et souffla pour envoyer son baiser d’adieux à sa République. Finalement, refermant les paupières pour ne pas montrer trop grandement son chagrin, surtout devant les agents, il monta dans la limousine, s’asseyant péniblement aux côtés de sa secrétaire. Celle-ci, désolée, se pinça les lèvres et affirma en signe de consolation : « Monsieur, je… -Appelez-moi Sarcadid, la coupa Mernine. Je ne suis malheureusement plus votre patron. Nous n’allons donc pas faire de manière lorsqu’il n’y en a plus obligation. Et puis, vous êtes la seule à me soutenir, je me sentirais abruti de vous en demander tant… -Ce n’est rien, répondit Marie en rougissant légèrement. Mons… Sarcadid, se rattrapa t-elle à temps devant les gros yeux sympathiques de l’ancien président, vous retrouverez votre République car je sais que vous vous battrez pour elle. Nous nous dirigeons dans une quête pleines d’embûches, mais nous possédons des alliés tout aussi fiables que dangereux. Je sais aussi que ce ne sera pas simple et que Monsieur Mirelly nous mènera la vie dure… mais, nous, nous la faisons toujours survivre notre République Terrae. Elle ne sera jamais morte dans nos cœurs… » Mernine ne savait quoi dire. Les yeux embués de mélancolie, il prit les mains de la frêle demoiselle Borkest et souffla : « Merci… merci beaucoup… » La limousine Impériale s’écarta de l’obélisque plantée au centre de l’Agora et passa devant la fontaine qui s’illuminait sous des projecteurs multicolores… Elle aussi lui faisait ses adieux. Sarcadid aurait juré apercevoir un arrêt de jets pendant une fraction de seconde. Elle pleurait sa perte. La banque mondiale pavanait toujours fièrement le glorieux drapeau de Terrae sur son fronton. En un sursaut, Mernine retint un sanglot et concentra son regard sur l’un des portails de sortie. Les agents s’étaient tus. Le véhicule s’engagea ensuite dans l’avenue vidant la place. Au fur et à mesure que la vitesse augmentait, la peine de Sarcadid s’estompait. Une chance lui était offerte. Il la saisirait. Si ce n’était pas la société de ce monde, il s’agirait de celle de l’autre. L’Empire souhaitait lui aussi la paix, Mernine en demeurait convaincu. Il avait toujours eu de bonnes relations avec lui. D’ailleurs, la Polégardie l’avait accueillie les bras ouverts, chose perdue d’avance dans la récente Terrae. « Nous faisons comme convenu monsieur ?, demanda soudainement l’agent qui ne conduisait pas. Marie, surprise, fronça les sourcils en signe d’incompréhension. Qu’était-il préparé d’autre à part le fait de se rendre en Polégardie ? -Bien évidemment, assura l’ancien président qui avait repris des couleurs. Oui, nous allons exercer une petite vengeance personnelle, pour nos deux peuples, rajouta t-il à l’adresse de sa secrétaire qui nageait dans l’ignorance. Il est temps de prouver, à ce cher Mirelly, que je ne suis pas aussi manipulable qu’une poupée de chiffon.» Marie Borkest ne comprenait toujours pas. De quoi voulait-il parler ? Pour seule réponse, Sarcadid se pencha vers le chauffeur et annonça : « Tournez à gauche à la prochaine intersection. Le QG de l’OMRIPT se trouve au fond de la rue… »
A suivre... |
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| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Ven 16 Mai - 21:17 | |
| Voici voilà, l'avant dernier épisode du Tome 1... Oui, une mini fin approche, et il faut bien un jour y arriver xD. Bref, vous vous direz sûrement "ouf enfin, fini avec cette histoire à la c**" eh bien je vous répondrais "Non!" Oui, moi le sadique dans l'âme, je vous informe qu'un Tome 2 pleins de rebondissement en cours de rédaction... avec déjà sept ou huit épisodes prêts ! Bon allez, ce n'est pas le sujet, je vous laisse donc lire ce 25ème épisode... _________________________________________________________________________________________
Episode 25
Le capitaine arpentait les tunnels de l’OMRIPT. Il ne demeurait pas tranquille, seul, en ces lieux où les ténèbres gouvernaient en maître. On lui avait confié une lourde tâche, où l’on attendait beaucoup de sa personne. Il allait soumettre l’agent prisonnier à un ultime interrogatoire. S’il ne transigeait pas, on l’exécuterait. Tels étaient les ordres du grand patron. Brusquement, un bruit alerta ses sens. Paralysé sur place, il pivota sur lui même et regarda en arrière. Les couloirs donnaient froid dans le dos. Mal éclairés, ils pouvaient cacher plusieurs monstres imaginaires en quête de sang. Le capitaine s’imaginait déjà des êtres hideux, possédant des têtes multiples, le lorgnant d’un coin sombre. Une goutte de sueur gelée lui traversa l’échine. Scrutant les profondeurs du passage, il ne distingua rien d’anormal. Sa frayeur retombait. Son cœur battait toujours à un rythme soutenu mais ses jambes se débloquèrent. Déglutissant pour dessécher sa gorge rappeuse, le capitaine poursuivit sa procession. Pour se distraire, il chantonna silencieusement, sa voix résonnant contre les parois. Une petite comptine lui revenait souvent en tête dans ces instants là. Il l’avait apprise lorsqu’il n’était encore qu’un jeune môme sur les bancs d’une école misérable, dans l’ancien état national dans le sud, où il résidait, avant que la République Terrae ne naisse. Malgré la condition pitoyable dans laquelle il recevait son instruction, le capitaine gardait de magnifiques souvenirs de sa scolarité. Des moments inoubliables repassaient devant son esprit. Lors des cours de chants, la maîtresse, pauvre femme défavorisée conservant un sourire omniprésent malgré sa situation déplorable, lui tenait la main pour qu’il donne plus d’ardeur dans ses paroles. Quelles étaient belles ses chansons. Elle choisissait toujours le meilleur morceau pour le pur plaisir de ses élèves. Puis, elle leur offrait une sucrerie s’ils avaient été sages, avant de sortir rejoindre les familles qui les attendaient au-dehors. Ah, le soleil du pays lui chauffait encore le visage. Il lui manquait dans ces sous-terrains. Les courses effrénées dans les ruelles jonchées de détritus restaient gravées dans sa mémoire. Qu’il était heureux lorsqu’il gagnait de plusieurs avances ses copains qui le félicitaient pour sa rapidité. Puis, comme tout moment heureux trop court, il avait fallu fuir le pays. A l’époque, il n’avait pas compris pourquoi sa mère avait un jour fermé à la va-vite les valises et l’avait attrapé dans ses bras, en pleurant. Il avait cru à un jeu aux premiers abords, mais l’angoisse lui avait prouvé le contraire. Par milliers, ils avaient fui leur terre natale. Depuis ce jour, il n’avait plus revu son pays. Tout comme son père. Des trains express bondés les avaient, tant bien que mal, transportés vers des contrées lointaines, sans le Nord, beaucoup moins ensoleillées, où l’ombre gelait les âmes. On les avait accueillis par des sourires forcés et on les avait logés dans des quartiers éloignés du reste du monde, afin de ne pas affecter le reste des populations locales. Il avait grandi ici, combattant perpétuellement son injustice. Il avait mal vécu cette période cependant, jamais il ne s’écarta du droit chemin. Il s’était senti rejeté néanmoins il gardait un fervent espoir de réussite. Il semblait inutile, capable de rien, mais il savait qu’un jour il deviendrait indispensable, apportant le tout. Il s’était alors forgé avec patience, convoitant discrètement l’occasion où il sortirait de sa misère et connaîtrait la gloire... Sa mère le soutenait dans sa quête de triomphe. Elle partageait ses peines et riait à ses joies. Il l’avait aidée jusqu’à sa mort. Puis, Terrae avait poussé son premier cri de jouissance, émerveillant le monde sous sa beauté politique et ses offres d’emplois multiples. Il avait rapidement postulé dans les administrations naissantes qui recrutaient sans compter. Il avait eu sa place, dans un bureau, certes peu brillant, mais dont il était cependant très fier. Il possédait sa place dans la société. Il avait même eu l’honneur de voir le président de près, lors d’une visite officielle. Jadis, il l’avait admiré. Maintenant, un peu moins. Monsieur Mirelly racontait tellement de choses affreuses à son sujet que son estime avait douté. Néanmoins, le capitaine ne croyait pas en tout. Sarcadid Mernine semblait quelqu’un de bien. Il n’aurait jamais trahi sa République. Il n’aurait jamais agi contre elle. On entachait sa réputation, il en était persuadé. A présent, avec l’OMRIPT, on lui avait proposé une place dans l’organisation. Il avait accepté. Surtout pour le salaire. Jamais un fonctionnaire n’aurait pu rêver mieux comme conditions sociales. Lui, bambin originaire d’une pauvreté cruelle, il avait sauté sur l’occasion en or. On lui avait pourtant dit que l’OMRIPT ne paraissait pas bien. Que lui aurait dit sa défunte mère ? Bah, elle voulait son bonheur, et l’argent, même s’il ne l’apportait pas nécessairement, y contribuait largement. Il savait que ce qu’il entreprenait lui convenait amplement, le complimentant de félicitations redoublées. Les mauvaises langues n’avaient qu’à bien se tenir, car l’organisation se retrouvait sous les feux des projecteurs. A la télé, on parlait même du futur gouvernement provisoire. Il allait jouer un rôle phare dans ces évènements. Sa fierté grandirait encore un peu plus. Il en découlerait encore plus d’honneurs… Soudain, un autre bruit suspect le sortit de ses réflexions. Tétanisé, il n’osa pas bouger d’un centimètre. Retenant sa respiration, il écouta le calme inquiétant du tunnel qui resemblait à un véritable boyau. Il résidait dans le ventre même de l’OMRIPT. C’était sinistre. Il faudrait plus de lumière. Les ténèbres ne lui inspiraient pas confiance, lui homme du soleil. Il s’exposait à son ombre et cela ne l’enthousiasmait guère. « Glong ! » Le son provenait de derrière. Sans aucun doute. Ne prenant plus le temps de réfléchir, le capitaine courut. Perdant haleine, il arriva tant bien que mal devant la porte blindée de transition. Rapidement, il passa sa carte et tapota son code. Puis on lui vérifia l’iris de ses yeux et une reconnaissance digitale lui fut soumise. Pressant la machine, le capitaine jetait plusieurs regards par-dessus son épaule. Il sentait cette… présence. Oh non, ce n’était pas bon. Il ne fallait pas faillir. Sa mission l’ordonnait. Ses pensées se tournaient vers sa gloire. Le courage revint. Les soucis s’approchaient à pas feutrés. Le bip de la machine lui indiqua que les codes d’accès étaient correctes et la porte blindée s’ouvrit péniblement. La forçant de ses bras, le capitaine s’engouffra dans le couloir suivant et referma vivement. S’adossant contre la paroi métallique, il inspira profondément toute l’oxygène que ses poumons pourraient contenir. Il fallait chasser ses mauvaises impressions de son corps. Il s’en sentait envahi Soulagé, il considéra d’un œil bien-veillant la porte blindée et la sécurité qu’elle lui apportait.. Lorsque sa peur s’estompa complètement, il reprit sa descente dans les sous-sol d’un pas plus libre. Il arrivait presque à rire de sa peur. Qui pourrait bien le suivre, lui ? Insensé ! Il n’intéressait personne. Enfin pas vraiment. S’esclaffant de bon cœur, il tomba brusquement nez à nez avec son supérieur qui remontait à la surface. « Eh bien, mon p’tit, l’endroit vous fait tellement rire ? -Non monsieur. Ce n’est rien monsieur, répondit le capitaine penaud » D’un regard amusé, le militaire examina son homme et rajouta : « C’est bien vous qui êtes chargés du dernier interrogatoire ? -Oui, monsieur -Bon. Le patron me fait savoir de ne pas y aller trop fort. Ne poussez pas trop… -Mais monsieur ?, coupa le capitaine interloqué -Il n’y a pas de mais ! Obéissez ! Monsieur Mirelly ne veut pas d’un agent sur les bras. Un point c’est tout. Bon allez, je remonte, on étouffe par ici. Bonne journée mon p’tit. -A vous aussi Colonel Barbossa, remercia gracieusement le capitaine. » Le colonel sortit en rouvrant la porte blindée. Sentant son angoisse ressurgir, il lorgna l’accès menant au couloir précédent, ne détachant son regard que seulement quand elle fut à nouveau close. Le capitaine longea plusieurs entrées de bureaux administratifs et il salua quelques secrétaires dont il avait fait connaissance. L’endroit demeurait plus gai et plus rassurant. Plus peuplé aussi. Une énorme pendule indiquait l’heure car, sous terre, on perdait rapidement la notion du temps. Des écrans géants sur plusieurs murs originairement nus, diffusaient des images de la surface. La rue Démosthène s’écartelant devant l’entrée du QG paraissait plutôt calme, désertée même. A vrai dire, plusieurs familles commençaient à fuir la capitale. Des immeubles se vidaient. L’annonce d’une réforme républicaine, proclamée par des députés sbires de Mirelly, avait activé les départs. Malgré toutes les manifestations populaires, on craignait à présent de gros chahuts dans Bagdad et les plus aisés préféraient s’éloigner de l’étoile mourante de Terrae avant qu’elle ne leur explose en pleine figure. Ils voulaient ces changements, mais ne pas en payer les conséquences urbaines. Ils reviendraient lorsque la situation aurait reposé. Le capitaine montra sa carte aux gardiens de la cage d’escalier puis il dévala quatre à quatre les marches conduisant dans les cellules provisoires. Pour l’instant, une seule était occupée, mais il était prévu que bien d’autres devaient se remplir…Réajustant son col, il s’examina dans un reflet de la vitre de la geôle. Il lissa sa chevelure, ébouriffée par sa panique récente, puis il ouvrit la porte. Derrière, deux gardes encadraient l’entrée. Abaissant leurs têtes en signe de bonjour, ils entrèrent les codes pour ouvrir la cellule. La grille sauta et pivota sur elle-même. Puis, le sas se libéra et se découvrit à son tour. La grille se referma derrière le capitaine qui entrait dans la prison. L’agent M demeurait au fond de la pièce, recroquevillé sur lui même. Il se tenait la tête dans ses mains. Il avait l’air misérable. Secoué de spasmes, il se balançait d’avant en arrière. Son illustre chemise noire pendait sur ses muscles bandés. L’OMRIPT, dans sa terrible cruauté, ne lui avait apporté aucune affaire de rechange. A demi nu, le polégardien reposait sur un sol glacé, si froid que le capitaine ressentait presque ses morsures à travers ses semelles. Le capitaine s’empara de l’unique chaise qui trônait au milieu de la cellule. Il s’assit et contempla le prisonnier. Le visage de ce dernier était tiré. Il ne mangeait pas à sa faim. Ses mains arboraient des ongles noirs, pourris à certains endroits, et elles dissimulaient la beauté de ses yeux bleutés, reposant sur sa figure. En effet, son regard conservait malheureusement ce caractère pénétrant, analyseur, violeur d’esprit. Les consignes avaient d’ailleurs intégré un protocole de sécurité. Ne jamais le défier par l’intermédiaire de la vision. Plusieurs officiers qualifiés avaient perdu la raison en voulant impressionner de leurs pupilles sournoises. Ils hurlaient à la mort jusqu’à ce que des gardes viennent les chercher. La raison ne leur revenait que très rarement. C’est pourquoi, il fallait fixer le mur opposé. Le capitaine dit : « Vous savez qu’il s’agit de votre ultime chance… -Je le sais en effet, répondit calmement l’agent tout en continuant ses balancements » Sa voix grave et sereine subsistait elle aussi. Le capitaine éprouvait presque de l’admiration pour le prisonnier. « Vous savez aussi que l’OMRIPT ne compte pas vous garder éternellement en vie… -Je le crains en effet. » Le capitaine grimaça. Les questions lui faisaient faute. Le polégardien répondaient trop brièvement. Quitte à accomplir son acte final, il le souhaitait immédiatement. Il ne faisait rien pour arranger les choses. « L’OMRIPT vous récompenserait si vous passiez de notre coté… -Je n’en ai nullement l’envie, trancha le polégardien -… et vous pourriez avoir accès aux plus grands honneurs de notre monde… -… et mériter la pire honte de mon Empire, poursuivit-il -… vous seriez décorés par les plus grands hommes… -… seul l’Empereur est un grand homme, affirma l’agent. -Vous auriez votre propre armée à diriger… -… et une autre m’attend en Polégardie, termina M. » Surpris, le capitaine esquissa un sourire et se tourna pour demander : « Vous possédez votre propre régiment ? » Le moment semblait venu. Le polégardien releva la tête. Son regard se fixa sur celui de son tortionnaire. L’illusion opéra. La pénombre semblait s’abattre sur la cellule. Seule la connexion entre les deux regards persistaient. Le capitaine demeurait comme hypnotisé, traversé par un courant incontrôlable. « Hurlez !, ordonna paisiblement le polégardien » Le capitaine hurla. Son cri strident fit vibrer les vitres opaques entourant la cellule. Mais l’officier le prolongea davantage car il obéissait à l’agent. Et il ne s’arrêterait que seulement quand ce dernier lui signalerait… [...] |
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| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Ven 16 Mai - 21:18 | |
| (Obligé de couper désolé ^^' ) ___________________________________________________________________________________ [...] L’agent M ne paraissait tout à coup plus du tout misérable. Il stoppa sa fausse manière de se balancer et se releva de toute sa hauteur. Il observa l’homme en face de lui. D’un mouvement de tête théâtral, il lui cracha au visage. Puis, il se pencha sur son arme de service. Il s’en empara, dégrafant la ceinture de cuir du capitaine. Il chuchota alors à l’oreille de sa victime : « Plus fort ! » Le capitaine décupla son cri. Il n’avait jamais hurlé de cette façon de toute sa vie. Mais son cerveau lui ordonnait. Il se leva de sa chaise et se jeta contre les murs, frappant de ses poings, jusqu’au sang, les vitres opaques. L’effet fut immédiat. La grille pivota au-dehors et le sas s’actionna. Les gardes entrèrent. D’habitude, le prisonnier agonisait dans un coin, gémissant de fatigue. A chaque fois, il se roulait au sol comme les officiers soudainement fous. Parfois même, l’agent se tenait inerte, comme dans une sorte de transe. Dans chaque cas, il demeurait inoffensif. Mais pas aujourd’hui. Cependant, les gardes l’ignoraient et ils pénétrèrent sans se soucier du prisonnier. Ils se dirigèrent automatiquement vers leur supérieur à leur droite. A leur gauche, l’agent les fixait. Ils ne comprirent qu’après leur erreur. Le polégardien releva son bras. Il tenait le revolver dans ses mains. Il tira. Deux coups suffirent. Les corps chauds s’étalèrent sur le sol froid. L’agent rabaissa froidement son arme encore brûlante. Puis il dit sereinement : « Bien joué capitaine. » Le capitaine se releva. Il grimaçait encore. Il avait du se blesser réellement pour rendre plus réaliste. Ses paumes coulaient de sang tandis que son succès s’exhalait dans son esprit. « Merci, monsieur, approuva t-il. J’ai bien cru que j’avais été repéré, tout à l’heure, dans le couloir. D’ailleurs je ne sais pas si mes soupçons sont fondés ou non. Je vous conseille donc de fuir au plus vite. » L’agent acquiesça. Il rangea son arme à sa taille, dans un morceau de son pantalon qui enserrait toujours ses hanches. Il toucha l’aorte des deux gardes de l’OMRIPT. Ils étaient bien morts. Il décréta alors : « Bon. Recouchez-vous. Il faut qu’on croit que je vous ai aussi maltraité. L’Empire viendra vous chercher plus tard, comme convenu. Et vous recevrez les honneurs impériaux. Vous serez le premier citoyen de ce monde à les obtenir. Vous pouvez être fier de vous ! » Le capitaine hocha de la tête et s’allongea à son tour au sol, comme pour signifier une scène de lutte. L’agent lui adressa un dernier salut et se dirigea vers le sas. Cependant, avant de le passer, il se tourna et souffla : « …et merci ! » Il sortit du sas. L’OMRIPT allait bientôt se rendre compte de la supercherie. Il agirait vite. Il se gratta l’oreille et inspecta son doigt. Une minuscule puce, pas plus grosse qu’un grain de poussière, grésilla. Mentalement, l’agent l’actionna. Puis il dit : « Mission réussie. Je me rends à la seconde étape. » Les agents, à la surface, se tournèrent vers Mernine, assis dans la limousine Impériale. Il l’avait garée à deux rues de l’entrée. Des passants virulents l’avaient agressée mais ils avaient bien vite stoppé leurs violences. Le quartier était inhabité, vidé de ses occupants. Et la rumeur circulait que l’Empire entrerait en guerre contre la nouvelle Terrae. On ne préférait donc pas trop prendre le risque de se faire tuer par un agent furieux. Mernine expira le peu d’air qu’il contenait dans ses poumons et annonça, soulagé : « Je suis bien heureux de l’apprendre. Je trouvais votre manigance un peu risquée. J’avais peur que ce capitaine flanche et raconte tout à l’organisation. Nous aurions été dans de beaux draps. -L’Empire sait où il entrepose ses espoirs, rassura le polégardien -Moi, je ne comprends pas, intervint Marie la secrétaire. Si c’était si simple de faire sortir votre collègue… pourquoi avoir attendu si longtemps ? » Les polégardiens sourirent. Se jetant un regard l’un l’autre, ils répondirent : « M a toujours aimé se payer la tête des imbus d’eux même. Il a rencontré votre Mirelly au cours d’une mission l’année dernière. Et je peux vous certifier, qu’il lui a fortement déplu. Son arrogance l’a profondément vexé. Et l’Empire avait besoin d’informations… -Vous voulez dire que votre agent a fait exprès de rester prisonnier ? -Exactement, souligna Sarcadid. Moi aussi j’ai été surpris quand j’ai appris la duperie. Et j’ai ris de bon cœur. -Il fallait du cran effectivement, concédèrent les agents. Mais nous en retirerons une grosse occasion de se renseigner un maximum sur l’OMRIPT et son mode de fonctionnement. » La puce grésilla dans leurs oreilles qu’ils tapotèrent de leurs index. Silencieux pendant quelques secondes, ils informèrent leurs deux invités : « Bien. Il est sorti du local à cellule. Il part à la recherche de Marc Poxcenite. Il nous contactera pour nous signifier quand nous devrons les attendre pour fuir… »
A suivre... |
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| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Sam 17 Mai - 1:15 | |
| Très bonne tournure des évènements! Je suis contente qu'on ait reparlé de l'agent M. ça faisait longtemps.^^ |
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| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Sam 17 Mai - 14:22 | |
| Oyé, Oyé! Voici voilà l'ultime épisode de ce tome... Il est long, mais pour achever un tome, il faut bien (je pense d'ailleurs le couper celui là aussi ^^). A vous de me dire s'il vous plaira. Il ouvre une nouvelle histoire... bref, il se termine mais, j'espère en tout cas, il doit aussi laisser une grosse part d'envie et de mystères. Enfin, c'est juste le but recherché =). Donc voilà, je vous spécifierai deux ou trois trucs pour les tournures plus tard... car j'ai du nouveau pour ce livre et qui risquerait de me contraindre à ne plus pouvoir poster ici... Enfin, il faut que je me renseigne ! En attendant, voici le 26 et dernier épisode ! ______________________________________________________________________________________
Episode 26
La Lumière… Elle était là, émergeant du brouillard qui troublait la vue de Marc. Les nuages se dissipaient à son passage. Elle venait à son secours. Elle, l’admirable merveille, maîtresse du monde, puissance sans nom, elle poussait ses rayons jusqu’à lui. Pourquoi ? Marc ne réfléchissait plus. La logique perdait tous ses liens unis. L’intelligence rougissait devant son génie. Il restait béat devant sa beauté soutenue. Plus rien ne l’empêchait de l’effleurer du bout des doigts. Cependant, il se résigna à la contempler simplement une fois. Par respect ou par pudeur, il ne savait quel sentiment se mêlait le plus fortement en lui. Elle lui procurait un plaisir inouï. Son cœur s’épanouissait lorsqu’elle l’éblouissait et il s’assombrissait des plus noires émotions lorsqu’elle se retirait. Il sautait dans sa poitrine, comme s’il souhaitait la rejoindre dans sa danse d’étincelles. Il adorait l’extase qu’elle lui transmettait par toutes ses parcelles. Une sorte d’adrénaline lui remontait le long de l’échine puis un sentiment de vide, puis à nouveau cette jouissance extraordinaire… Tout paraissait fantastique, comme si la Lumière l’emmenait dans un monde féerique où Marc se laissait envahir par une humeur euphorique. Tout semblait si simple, si splendide, si… impassiblement clair. Son âme s’envolait dans les cieux et visitait les vapeurs d’une gaieté insaisissable. La Lumière. Quel doux nom imprononçable sans une once d’émotion ! Elle serait la première et la dernière. Sa grâce était indéfinissable, mais elle méritait toute une attention. Ses radiations l’enveloppaient de sa chaleur extrême, l’emplissant d’une allégresse injustifiée, l’emportant dans un bonheur suprême, au gré d’une paresse sollicitée. La passion prenait enfin tout son sens, elle abondait à profusion. Elle illuminait son esprit, lui octroyant un but à sa vie. Il l’aurait eue, cette vision volée, il l’aurait perçue, son aura éclairé. Qu’il était bon de l’embrasser sans modération. Qu’il était délicieux de parcourir ses rayons gracieux des yeux. La Lumière tournoya… le cœur de Marc se serra. En une ultime révérence, elle lui accorda une exaltante danse. Puis, elle partit, et rejoignit sa patrie de fantaisies. Marc lui envoya un baiser de sa plus grande sincérité avant de replonger dans son sommeil agité. Peu à peu, de la lumière perçait ses paupières closes. Il s’arracha aux souvenirs enivrants de son voyage entêtant, puis il rouvrit les yeux… En douceur, il écarquilla les paupières. Des rayons violents lui attaquaient la vision. Elle se troubla. Puis, les contrastes se discernèrent peu à peu et il distingua les contours d’une sorte de lampe médicale, braquée sur lui. Imposante par sa clarté, elle empêchait d’observer la moindre chose aux alentours, comme si elle souhaitait s’attirer toute l’attention sur elle. La lueur demeurait trop intense. Une migraine s’éveillait au fond de son crâne. Elle se tapissait dans l’ombre de ses cellules, attendant que Marc relâche sa concentration afin de s’installer brusquement. Sa tête devenait lourde. Ses souvenirs s’embrouillaient, ne trouvant aucun lien logique entre eux… à croire qu’il ne possédait aucun point commun, n’appartenant pas au même esprit. De vagues visages se mêlaient à d’autres, dans une mare de lumières rouges, bleues, vertes et jaunes. La douleur sourde se répandait peu à peu dans l’intégralité de son cerveau, s’accaparant une à une ses capacités intellectuelles. Elles diminuaient, comme si elle s’échappait de cette tête malmenée, délaissée, désolée, procurant un sentiment de vide affolant. Sa réflexion se retrouvait à néant et rien que le fait de vouloir penser lui demandait un énorme effort. A quoi bon de toute façon ? Plus rien n’était envisageable, plus rien n’avait de sens. L’esprit de Marc coulait, attiré par un sommeil irrésistible. Il demeurait au bord du précipice des chimères les plus folles. Les tentacules langoureuses des rêves agités le tiraient. Marc voulut attraper la tête entre ses mains, mais il s’aperçut qu’elles ne bougeaient pas d’un centimètre. Paniqué, il retenta l’expérience, sans succès. Avec peine, il réussit à détourner son regard. Une nausée lui enserra la gorge. Il vit tournoyer autour de lui les dizaines d’aiguilles qui étaient plantées dans ses bras retournés. Des tuyaux entraient et sortaient de sa peau, dévidant son corps de son précieux sang. D’autres, au contraire, lui injectaient un liquide douteux dont Marc soupçonnait qu’il était la cause de toutes ses difficultés. Ses membres s’engourdissaient, bloqués par ces perfusions. En plus de son intelligence, il était à présent dépouillé de son huile, de son essence, du jus qui lui permettait de fonctionner. On lui coupait toute forme de sortie. Ses forces s’épuisaient, elles aussi s’enfuyaient de ce corps misérable. La vision de Marc se brouilla à nouveau et les contours de la lampe s’évaporèrent. Les ténèbres se refermaient, la lumière s’envolait… Soudain, un bruit le sortit de sa torpeur. Un claquement de porte plus précisément. Puis des pas résonnèrent dans son dos et un malaise déconcertant s’empara de l’enfant. Impuissant, il écoutait, résistant au sommeil, les sons étranges qui troublaient le silence omniprésent jusqu’à maintenant. Subitement, deux mains frôlèrent sa nuque et deux autres enserrèrent son cou. Marc voulut hurler, mais aucune vibration ne fut émise. Il n’avait pas la force. Il suffoquait. Puis, il remarqua que les mains étaient plus douces qu’il ne l’aurait cru, et elles ne se contentèrent que de le tâter à certaines parties de son corps. Puis un individu s’immisça dans son champs de vision. Il portait une blouse blanche, un stéthoscope pendait à son coup. Un laser allumé à la main, il lui força à écarquiller les cils et lui examina le fond de ses pupilles. Ensuite, il lui appuya sur une partie du menton qui, automatiquement, lui fit ouvrir la bouche. Il l’observa longuement et il préleva un échantillon. Marc, faible, se laissa ainsi étudier sans broncher, puisqu’il ne pouvait pas. Enfin, le scientifique se releva et dit à son collègue, debout derrière l’enfant : « Toujours aucune réaction… » Le temps parut se suspendre. Marc tenta de soulever son regard, mais il n’y parvint pas et il se contenta de percevoir la respiration régulière du médecin en face de lui. Finalement, l’autre répondit : « Poursuivons. Le produit finira bien par faire effet. S’il a déployé autant de forces, il sera capable de faire de même ici. Il craquera, j’en suis certain… -S’il n’a pas déjà craqué, reprit le premier -Espérons le. Sinon, nous pouvons dire adieux à toutes nos subventions. Le patron se mettra dans une colère noire. Ce gosse est devenu une obsession pour lui ! » Le médecin devant Marc acquiesça puis passa une main dans les cheveux dorés du môme. « C’est à peine croyable que cette tête d’ange renferme autant de forces et autant de mystères. Vous ne pensez pas que c’est un peu abusif comme méthode ? Surtout pour un enfant… -Nous n’exécutons que les ordres de l’OMRIPT, je vous le rappelle. On augmentera les doses du sérum s’il le faut et s’il nous l’impose. On ne vous demande donc pas de penser, mais d’obéir ! » Le ton était froid. Il cassait toute réponse, ne s’attendant à aucune réplique. Le premier médecin baissa la tête en signe de soumission. Il ferma les yeux. Il en avait assez de se faire commander de cette manière. Mais il n’avait pas le choix. Les temps avaient changé… « Allez venez Tomas. Il craquera, je vous l’assure. » L’alarme sonna soudainement. Les deux médecins sursautèrent, étonnés. « Allons bon ! Que se passe t-il à présent ? » s’écria le médecin autoritaire. Il tapota doucement sur son oreillette. Mentalement, il activa le code de sécurité, propre à lui même et une analyse cérébrale s’exécuta. Cela fait, il fronça les sourcils le temps que la petite voix lui explique la situation. Puis son visage vira du rouge au blanc lorsqu’il raccrocha. Fébrilement, il se tourna vers son collègue et annonça : « Alerte optimum. L’agent s’est enfui. Il rôde encore dans les couloirs… » Aussitôt, ils se précipitèrent sur la porte de sortie. Mais elle était bloquée. C’était le protocole. Tous les accès seraient verrouillés en cas d’évasion du prisonnier. Il aurait ainsi peu de chances de poursuivre son échappée. Le docteur Tomas Lincoln haleta : « Mais nous ne pouvons rester dans la même pièce du patient… et si la réaction se déclarait ? » L’autre ne répondit pas. Effectivement, il devenait désormais eux mêmes soumis au pouvoir de l’enfant. Il fallait donc éviter de le pousser à l’extrême. Tomas sauta sur les machines et commença à baisser les jauges du produit psychotrope. L’autre le retint et le frappa violemment du revers de la main. Le médecin fut propulsé contre le mur en face, sur lequel il s’écrasa lourdement. « Idiot ! Nous continuons nos expériences. Pour l’honneur de notre toute nouvelle République. Quitte à mourir pour elle ! -Non… on ne peut pas… on n’a pas le droit de faire ça ! Pas à un enfant…, pleurnicha Lincoln » Des larmes de rage coulaient le long de sa joue souillée de sueur. La fatigue le submergeait. Voilà trois jours qu’il travaillait d’arrache pied. Depuis son départ en catastrophe de Paris, en section européenne Nord, l’OMRIPT n’avait cessé de lui ordonner encore plus d’injonctions, sous peine de lui supprimer sa place dans son hôpital, et de lui interdire toute autre entrée dans un autre. C’était ça le problème d’une République Mondiale. Il n’y avait plus de terres susceptibles d’héberger quelques récalcitrants aux instructions de Terrae. On le pourchasserait, sans fin. Alors, il avait cédé. Il avait été recruté pour ses fortes compétences sur les produits hallucinogènes. Cependant, il avait pour habitude de les contrer, non de les soumettre à un patient, qui plus est un jeune môme, pour la torture. Il se remit debout laborieusement, et fixa son supérieur. « Vous n’êtes qu’un salopard ! » L’autre ignora l’injure. Il tourna la molette de la seconde machine, et les poches des perfusions se remplirent d’un nouveau liquide, plus jaunâtre. Satisfait, le scientifique, une lueur de folie dans les yeux, affirma : « Ce môme n’est pas un môme ! Il s’agit de Satan réincarné. Il paraît qu’il aurait rendu l’air aussi chaud que de la braise lors de la catastrophe. Et même après son passage, l’atmosphère semblait encore moite. Vous y étiez, vous ne pouvez pas nier. Ce n’est ni plus ni moins le feu des enfers ! Et je suis prêt à mourir pour déjouer ses plans diaboliques ! » Marc sentit ses veines se gonfler d’un nouveau produit. Néanmoins, plus aucune peur ne lui tordait le ventre. Son esprit était déjà ailleurs… il divaguait dans le monde des chimères.
Les officiers de l’OMRIPT encerclaient la salle médicalisée. Le colonel Barbossa supervisait les opérations. Il avait été rappelé en urgence. Une tactique avait été lancée. L’agent ne s’enfuirait pas sans l’enfant. Alors, les soldats l’attendraient. Il n’était pas question de prévenir Mirelly. En ce moment même, il se faisait sacrer président suprême, pour remettre en ordre la République, adoptant ainsi les pleins pouvoirs. Terrae se relèverait. C’était bien. Barbossa était capable de réorganiser les troupes intérieures. Il deviendrait le directeur de l’OMRIPT et bras droit de Mirelly. Il prouverait sa valeur. Fiévreusement, il collait son arme contre sa poitrine, qui se gonflait au fil de ses respirations suffoquées. L’agent ne tarderait pas d’apparaître. L’alarme continuait de sonner. Les lanternes rouges illuminaient par périodes les plafonds des longs couloirs. Cependant, la porte blindée fermait l’accès au-dehors. Le polégardien serait pris comme un rat… Plusieurs dizaines de minutes s’étaient écoulées. Le prisonnier ne montrait toujours nul signe de vie. Angoissé, Barbossa ordonna qu’une patrouille circule dans les couloirs à sa recherche. En contact radio, il leur demanda de faire un rapport direct de la situation. Quelques autres minutes s’évaporèrent puis le colonel entendit des cris étouffés dans son oreillette. Tendu, il s’écria : « Que se passe t-il ? Répondez sergents ! Que se passe t-il ? » Mais aucune tonalité ne fut plus jamais émise, sonnant seule du côté de Barbossa. Le polégardien aurait-il réussit à retenir six soldats à lui tout seul ? Le colonel considéra alors ses hommes restants. Il en restait une petite quinzaine, maximum. Il ne pouvait pas se permettre d’en envoyer des supplémentaires. Ce n’était pas grave, il garderait ses positions. Ils avaient des vivres. L’agent flancherait sûrement avant eux…
Mirelly revêtit l’écharpe blanche et argentée que deux députés de l’Assemblée Mondiale lui tendaient. Une extrême puissance s’empara du nouveau chef d’état. Il tenait Terrae entre ses mains assoiffées de puissance. Les députés se retirèrent, respectueusement. Il demeurait seul, devant son secrétaire doré et ciselé par des mains expertes. Seul comme la politique qu’il allait instaurer. Ainsi, la République applaudirait un nouveau dirigeant solitaire. Saluant à son tour les quelques représentants du peuple, Mirelly s’approcha du balcon présidentiel. Il n’y avait pas foule sur la place. Quelques badauds tout au plus. Même les journalistes semblaient fuir la capitale. Une rumeur s’était répandue comme une traînée de fumée. L’Empire aurait organisé un attentat contre l’avènement du sauveur de la République. On parlait de bombardements, d’explosions extraordinaires… Bagdad serait rayée de la carte selon les dires de certains citoyens. Et seuls les plus téméraires avaient ignoré cette révélation. Tant pis. L’accession au tout nouveau pouvoir se ferait dans l’ombre, loin des médias, loin de la foule en liesse, loin de tous soucis. Mirelly se retourna et examina le bureau présidentiel. Les deux uniques drapeaux de Terrae avaient été repliés, mis en berne. « Désormais, nous épurerons la République, annonça t-il. Il y a parmi nous de nombreux traîtres favorables à l’Empire. Nous les chasserons de nos terres. Il faut préserver notre patrimoine. La Polégardie n’empiètera pas sur nos sections. Je me porte garant de cette devise. Et nous nous rebellerons s’il le faut… » Les députés présents approuvèrent. La nouvelle Terrae s’épanouirait et rayonnerait de bon sens, pas comme l’ancienne, contaminée par la vermine de l’Empire. Elle conserverait son titre et son blason. Elle se laverait de toute cette pourriture. Elle détruirait les infâmes qui osaient la souiller. Mirelly semblait être quelqu’un à la hauteur… un héros même ! [...]
Dernière édition par Empereur le Sam 17 Mai - 14:24, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Sam 17 Mai - 14:23 | |
| (allez, dernier morceau avant l'arrêt des souffrances xD). ___________________________________________________________________________________
[...] Deux heures. Barbossa semblait toujours aussi tendu sur son arme. Son regard bifurquait de couloirs en couloirs. La zone demeurait parfaitement défendable. Le prisonnier ne s’échapperait pas. Ses hommes commençaient à gronder. Ils en avaient assez d’attendre un danger angoissant qui n’arriverait peut être jamais. Ils avaient l’impression de se faire piéger eux-mêmes… Brusquement, une ombre noire, noire comme les chemises familières des agents polégardiens, longea un mur faiblement éclairé. Une tension fouetta le dos des soldats. Aussitôt, ils pointèrent leurs canons vers l’endroit visionné. Crispés, ils patientèrent. Une minute, rien ne se prépara. Deux minutes, rien ne bougea davantage. Trois minutes… toujours rien. Quatre, puis cinq, puis dix minutes et aucun signe de l’agent ne se percevait. Un sergent se tourna vers le colonel et demanda : « Qu’attendons-nous pour aller le chercher ? -C’est un piège ! J’en suis certain, répliqua Barbossa. Il ne désire que ça, que nous tombions dedans. Les polégardiens sont rusés. Et nous aussi. Suspendons le au temps, déjouons son tours de mascarade… il commettra l’erreur… -Mais il est seul, colonel ! Il ne peut rien contre nous tous !, rétorqua le soldat -J’ai dit que nous attendrions ! C’est un ordre, beugla Barbossa » Les officiers de l’OMRIPT se figèrent. Le colonel était fou. Le récalcitrant s’avança tout de même. Un coup de feu tonna. Le sergent s’étala au sol. Le canon du petit revolver de leur supérieur fumait. « D’autres souhaitent me désobéirent ?, interrogea t-il » Tous les soldats firent non de la tête et ils se repositionnèrent. L’agent leur réservait sûrement une surprise…
Marc nageait dans un océan de Lumière. Ses rayons le transperçaient de toute part. Comme il était bon de se voir lavé de toutes ses fautes. Elle le pardonnait. Elle le consolait. Elle devenait son amie la plus intime. Plus rien ne lui était caché. Il la dévorait des yeux. A chaque instant, il refoulait un désir envoûtant de l’enlacer entre ses bras nus. Elle demeurait partout autour de lui. Il sentait ses caresses. Elle le berçait. Elle prenait soin de lui. Et lui prendrait soin d’Elle. Ils se le promettaient mutuellement, sans se le dire. Etrangement, ils le comprenaient. Aucune utilité de l’affirmer. Chacun avait besoin l’un de l’autre. Ils s’aimaient, il en était sûr. La Lumière… comme elle était belle, gracieuse, rayonnante, éclatante de pureté… Puis, doucement, elle forma, de ses fumées lumineuses, un visage qui n’était pas inconnu de l’enfant. La figure semblait voyager de nuages en nuages de Lumière, mais Marc ne la perdait nullement des yeux. Paisiblement allongé sur des fils d’or, il lui demanda la raison de sa présence. La nouvelle venue s’exprima de la manière la plus calme et la plus poétique qu’aucun être vivant sur Terrae n’en aurait été capable. Marc soupçonnait la Lumière de transformer ses paroles pour les embellir de finesse. Il entrevit l’agent M. Il s’agissait de son visage. Il l’avait su depuis le début. Mais la Lumière le lui avait confirmé. Elle avait une totale confiance en lui. Marc en fit alors de même. Une douce mélodie léchait le lobe de ses oreilles. Il percevait tout. La voix de l’agent lui parvint parmi tant d’autres sons séduisants. Elle lui quémandait de s’unir avec la Lumière, encore une fois. Marc ne saisissait pas vraiment ce « encore une fois ». Mais la Lumière accepta, sans réserve. L’enfant fit de même, sans broncher. Si la Lumière approuvait, il concéderait lui aussi. En un volute de fumée, le visage disparut. La Lumière s’agita. Elle poussa Marc à se réveiller. Elle aussi s’en allait. Elle se décomposait lentement. Une boule rouge, puis une boule bleue, puis une boule verte et enfin une boule jaune se dispersèrent. Marc se réveilla en sursaut. Les médecins se querellaient devant lui. Il voyait leurs visages. L’un empoignait fermement l’autre qui pleurnichait. L’un était autoritaire, l’autre semblait affaibli devant tant de domination. Qu’importe ! La Lumière trancherait. Ils ne remarquèrent d’ailleurs pas la boule rouge qui se posa sur la lampe médicale. Ni celle bleue et encore moins la verte, puisque le premier venait de donner un coup de poing dans le ventre du second, l’étourdissant au sol. Mais le premier aperçut la dernière, l’ultime accomplissement du destin… la jaune. Son visage se crispa puis une panique sans nom défigura ses traits. Il se jeta sur la porte qu’il tambourina. Il était pourtant trop tard. Les officiers de l’OMRIPT à l’arrière, n’eurent le temps d’ouvrir. Les boules lumineuses s’allièrent et la blancheur inégalable de la Lumière s’imposa dans la pièce. Le médecin hurla de douleur. Elle le transperçait. Marc s’extasia devant sa splendeur. Elle dégageait autant d’amour que de cruauté. La blouse vola dans les airs, et elle retomba sur le sol, débarrassé de toute matière vivante. Puis la porte céda, les soldats entrèrent. Interloqués, les premiers furent immédiatement brûlés. Les autres reculèrent, et fuirent à grandes enjambées. Les couloirs ténébreux offraient davantage de sûreté. Ils ne firent même pas attention à l’agent, accroupi au sol, à l’endroit même où ils avaient aperçu son ombre quelques instants plus tôt, tenant un chargeur vide. Finalement, ils auraient pu l’abattre facilement. Il n’aurait pu imposer aucune résistance. Mais maintenant, il était trop tard. La Lumière, terrible horreur, terrasserait tout sur son passage. Le colonel courut lui aussi. Il s’enferma dans un bureau et se cacha sous un pupitre, seul. Ses hommes eux aussi cherchaient désespérément une cachette, sans succès. La Lumière les tuait un à un… Marc se releva de sa chaise. L’énergie de la Lumière avait fait aussi fuir le produit. Il remontait le long des tuyaux et remplissait les poches, en sens inverse. Il détacha une à une les seringues, sans éprouver la moindre douleur, mené par la beauté et la puissance suprêmes de sa guide. Il marcha, d’un pas posé, esquivant les corps calcinés ou les vêtements dépourvus d’occupants, jusqu’à l’agent qui lui tendit ses bras ouverts. Marc se faufila à l’intérieur et serra très fort le torse musclé de l’étranger. Il était rassurant. Le polégardien l’embrassa affectueusement à son tour. Ils étaient à nouveau réunis. L’Empire serait fier d’eux. Ensembles, main dans la main, ils remontèrent les longs tunnels de l’OMRIPT, accompagnés par la Lumière qui diminuait peu à peu de son éclat. La porte blindée avait été laissée entrouverte par les fuyards chanceux. Le capitaine les attendait. Il tenait lui aussi une arme fumante dans les mains. Il avait réussi à éliminer toute la troupe envoyée par Barbossa, ignorant sa traîtrise. Il avait dissimulé les corps. A leur approche, il baissa la tête respectueusement, son impatience lui tordait les entrailles, et leur emboîta le pas. La Lumière ne se réduisait plus qu’à un simple halo lorsqu’ils atteignirent la surface. Quand elle fut totalement disparue, Marc sentit tout à coup un nouvel éveil en lui, comme s’il sortait d’un délicieux rêve. Cependant, il connaissait exactement sa situation. Il se colla davantage à l’agent qui le protégeait de ses bras, comme son propre fils. Marc lui demanda d’une petite voix faible : « La Lumière… elle a tué tout le monde ? » L’agent sourit. L’innocence de cet enfant demeurait encore exquise. Qu’il était bon de se voir replongé au milieu de cette naïveté, de cette candeur, de cette pureté… « Non… elle n’a ôté la vie qu’à ceux qu’il semblait nécessaire, assura t-il en ouvrant la portière de la limousine Impériale, qui venait de se garer devant eux. » Au loin, une musique officielle célébrait l’accession au pouvoir de Mirelly. Une fête nationale battait son plein. Les quelques habitants résidants encore dans la capitale, s’étaient réunis par là-bas. Les rues d’ici avaient été désertées. Le nouveau président serait bientôt mis au courant. Mais ils rouleraient déjà bien loin… Marc pénétra dans le véhicule et s’étonna de la vision qu’il découvrit. Le célèbre président Mernine lui ouvrait ses bras chaleureux. Réticent au départ, par respect, il sentit la douce main de l’agent qui l’encourageait tendrement. L’enfant se laissa alors entraîné dans les replis de la veste de l’ancien chef d’état. La Lumière l’avait durement éprouvé. Il s’endormit, sous le ronronnement de la voiture. Lorsqu’il se réveilla, ils étaient déjà bien loin de la capitale. Le soleil s’était couché, lui aussi harassé par cette éreintante journée. Ils sillonnaient une route encadrée par deux énormes falaises. Mernine souriait. Malgré la fatigue, il exhalait une mine épanouie. Sa curiosité enfantine reprenait le dessus de ses sentiments. Il chantonnait… depuis combien de temps n’avait-il pas seulement sifflé un air entraînant ? Soudain, son regard s’illumina et il dit : « Messieurs… j’avais totalement oublié quel jour nous étions ! » Il se tourna vers Marc qui se frottait les paupières. Marie lui caressait les fils d’or de sa chevelure. Riant à moitié, Sarcadid claironna : « Bonne année 2190 ! » Tout le monde se regarda. Un étonnement se dessina sur leurs visages un court instant. Puis ils éclatèrent de rire à leur tour. « Bonne année !, répondirent-ils en chœur » L’agent M se pencha. Ecartant quelques feuilles volantes, il ouvrit un petit battant, juste devant Marc. Il sortit une petite bouteille de champagne qu’il déboucha. La limousine paraissait équipée pour organiser les meilleures des fêtes. Il trouva dans les recoins du plafond, le compartiment où étaient rangées les petites coupes de cristal. Il en servit une à chaque invité et il leva son verre bien haut : « En l’honneur de cette nouvelle année, je crois qu’il est temps mes amis… » Il fit un clin d’œil dans le rétroviseur du chauffeur, qui acquiesça d’un signe de tête. Marc se souvint alors toute sa vie de ce qu’il vit… Le ciel parut se déchirer et des rayons lumineux décrivirent une entaille en plein milieu du paysage. Les roches se fissurèrent, et de la verdure apparaissait au loin. Des arbres, des oiseaux qui chantaient, un soleil magnifique… le cœur de Marc s’emplit d’allégresses. Le chauffeur de la limousine, ne bifurqua pas au virage dangereux qui s’annonçait, et il fonça directement dans la pierre des montagnes. Affolé, Marc s’attendait au choc disgracieux et se recroquevilla sur son siège moelleux. Pourtant, à son grand étonnement, la voiture poursuivit sa course, comme si elle avait frôlé des parois de mousse… Les falaises avaient disparu. Il s’émerveilla devant le nouveau monde qui se déployait sous son regard. Il était si beau… L’agent M porta la coupe à ses lèvres et déclara après avoir bu d’une traite le délicieux liquide : « Bienvenue en l’Empire, citoyens de Terrae… »
A suivre... |
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| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Dim 18 Mai - 14:06 | |
| Ouais, mais avant j'voudrais faire un topo... Une mise au point xD. Oui parce quec'est tout de même la fin du Tome 1! Un gros morceau quoi . Alors: -> Vos réactions? -> Le parcours? -> Votre côté? xD -> Votre suite? -> Votre perso préféré? -> Votre avis sur les personnages?Bien sûr, si vous avez d'autres choses à dire, n'hésitez pas ! Hé, ça ne me sera que utile ! |
| | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Dim 18 Mai - 14:40 | |
| - Mes réactions... J'adore, j'en suis dingue, t'es un génie, tu le savais? Je vais te kidnapper pour avoir la suite qu'en j'en aurais envie ^^
- Le parcours.. Je ne comprends pas ce que tu entends par là
- Mon côté... Pour l'Empire et contre la lumière, étrange non?
- Ma suite? Une petite guerre, le retour de Roald à la recherche de Marc, qui sait un petit bond dans le temps et un retournement de situation l'Empire devient méchant et Marc cherche à le fuir?
- Personnage préféré... L'Empereur il me fait penser à mon père ^^
- Les persos:
* Marc, influençable et candide, il est pourtant la clef de l'histoire * Mernine, pourquoi l'a t'on élu président du monde? Trop influençable et qui cache bien son jeu... * L'agent M. , mon futur mari ^^ * Roald, très réservé, je pense que sa personnalité est un peu cachée histoire de nous surprendre par la suite * L'Empereur, il est drôle, savant et intéressant * Marie, elle va jouer un rôle important, au moins donner sa vie pour quelqu'un ou quelque chose de ce genre * Is there someone else? | |
| | | Alice.C Admin
Nombre de messages : 702 Age : 33 Localisation : Quelque part en tout cas... Emploi : Velléitaire Loisirs : Lire/écrire Date d'inscription : 08/05/2007
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Dim 18 Mai - 18:44 | |
| Navrée, la littérature fantastique me laisse sceptique, tes écrits n'échappent pas à la règle. | |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Dim 18 Mai - 20:51 | |
| Et je ne t'en veux pas du tout... chacun ses préférences . Et il est vrai que le fantastique peut parfois être une "sale" lecture... Bref, c'est ton choix . Alors, Aléanore, l'Empereur fait penser à ton père? Tiens, tiens xD. C'était pas voulu! C'est quoi les mêmes traits de caractère? Arf, tu oublies un personnage (mais je ne t'en veux pas, on en parle pas beaucoup dans le premier tome...) mais tu vas voir qu'il risque de jouer un sacré autre dans le second. Héhé, tiens en cadeau le premier épisode du tome 2 (oui ça commence dur ^^'). Bonne lecture . ______________________________________________________________________
Episode 1er
Le laboratoire était sombre, comme si l’on avait honte des expériences douteuses qu’il s’y déroulait. Le professeur Arold, promu depuis moins d’un an au rang de la direction du territoire génétique de l’OMRIPT, raccrocha vivement son émetteur auditif. Il s’ébouriffa quelques minutes ses cheveux blancs afin de s’accorder de la réflexion nécessaire sur ce qu’il allait réaliser. Autour de lui, d’autres hommes en blouses blanches le scrutaient. Nerveusement, ils patientaient, attendant que leur patron leur indique la procédure à suivre. Puis, reprenant doucement ses esprits, Arold ordonna d’un ton dur : « Allez me chercher le cobaye ! » Aussitôt, un sourire de satisfaction se dessina sur toutes les mines des scientifiques et deux d’entre eux se précipitèrent pour exécuter l’injonction. Un seul néanmoins semblait dépité par la tournure des évènements et il secoua sa tête en soupirant. Ils revinrent avec un malade, maigrelet, au teint livide. Des cernes soulignaient ses yeux emplis d’une profonde fatigue. Même sa chevelure rousse semblait avoir perdu de l’éclat, comme si les tortures qu’on lui faisait subir la pâlissaient. On le força à s’asseoir sur une chaise médicale et on le ceintura vigoureusement. On lui arracha sans ménagement la petite tunique qui lui recouvrait le torse. C’était un corps meurtri, mutilé par la science. Le cobaye gémit mais déjà les médecins l’entouraient pour le tenir droit. Arold s’approcha vers lui. De sa poche droite, il sortit une longue seringue remplie d’un liquide rougeâtre. Ce dernier paraissait bouillonner contre les parois. Le professeur attrapa le bras du malade et lui chuchota à l’oreille : « Ne vous inquiétez pas Dèvid, c’est comme d’habitude… vous ne sentirez rien. » Il avait déclaré cela d’une voix blasée, indifférent au sort monstrueux que l’on réservait au jeune homme. Peu lui importait. On lui avait affirmé que cet homme avait été recueilli lors de la catastrophe dans la section européenne Nord. Il avait été blessé par la Lumière, gravement. Il ne possédait plus aucune famille. Personne ne le regretterait en cas d’échec. Et il aurait peut être une chance d’être sauvé… Dèvid se débattit mais les médecins le tinrent fermement contre la chaise. Arold s’empara d’une petite lingette imbibée d’alcool et la passa négligemment sur l’épaule gauche du cobaye. Il repéra une veine bien visible, puis il planta vivement la seringue. Le liquide s’écoula jusqu’à ce que le professeur la retire. Les médecins le lâchèrent à leur tour, en s’assurant que l’homme était bien attaché. Ils reculèrent prudemment. Dèvid les considéra d’un regard implorant puis un voile sembla dissimuler ses pupilles. Il s’affaissa, piquant du nez sur ses genoux. Inquiet, Arold le toucha du bout d’une baguette de métal. Le cobaye ne réagit pas. Le seul médecin réticent à toutes ses expériences interpella ses collègues. « Ce fut la fois de trop… honte sur nous… -Ne parlez pas de malheurs docteur Lincoln, aboya le professeur immédiatement. » Le médecin se tut, résigné. En vérité, il avait peur des réactions occasionnées par ce sérum. L’an passé, il avait subi un accident et il avait miraculeusement été épargné… Peut être que sa chance ne se renouvellerait pas cette fois-ci. Avec appréhension, le professeur s’avança vers le corps immobile puis il lui souleva la tête. Dèvid avait les pupilles dilatées et de la bave coulait le long de ses lèvres. Mais Arold lui prit le pouls et le test se révéla positif. Souriant, il railla : « Non, nous en ferons encore de nombreuses choses… » Il perçut ensuite une très lente respiration, preuve que le cobaye s’oxygénait. Satisfait, il frappa trois petits coups de sa baguette le malade pour le réveiller. Cependant, Dèvid ne bougeait toujours pas. Frappant plus fort, il écouta enfin un gémissement. Finalement, stoppant son agressivité, le professeur dit : « Aucun résultat. Encore un échec… » Résignés, les scientifiques détachèrent le malade et d’autres transcrivirent le bilan de l’expérience. Contrarié, le professeur rangeait ses ustensiles et s’apprêtait à s’enfermer dans son bureau pour une série de réflexions. Lorsque soudain, un médecin s’écria : « Hé ! Attendez, regardez son œil ! » Tous ses collègues accoururent. Encouragé par un nouvel élan de succès, le professeur attrapa sa petite loupiotte dans sa poche de chemise, et la pointa sur les pupilles du cobaye. Tous les scientifiques se penchèrent, alléchés. Mais rien ne semblait être à ce point intéressant… Certes, elles étaient très claires, mais cela était plus dû à la quantité de produits douteux injectés qu’aux résultats souhaités. Croyant à une fausse illusion, Arold s’apprêtait à se retirer, furieux de s’être laissé ainsi emporté. Cependant, brusquement, lui aussi perçut quelque chose d’anormal. Il examina de plus près le visage de Dèvid, qui ne cillait pas, puis il entrevit à nouveau ce qui l’avait interpellé. La pupille marron du patient virait au bleu quelques secondes, puis elle reprenait sa couleur originale. Puis les intervalles se raccourcirent de plus en plus et elle restait plus fréquemment d’une teinte azur. « Regardez…, s’émerveilla quelqu’un » Aussitôt, tout le monde eut un mouvement de recul. Le docteur Lincoln se rétracta derrière un bureau. Une aura lumineuse entourait le cobaye. Une aura légèrement bleutée. Mais cette lumière ne semblait pas aussi belliqueuse que toutes les autres fois. Elle paraissait naître, s’épanouir soudainement sous une nouvelle forme… Arold sourit. Un sentiment de triomphe lui enserra la poitrine. Son projet arrivait à terme, Mirelly le féliciterait… « Parfait. Nous la tenons enfin. Voyons ce que la Lumière nous réserve désormais… »
A suivre...
Dernière édition par Empereur le Sam 24 Mai - 12:27, édité 1 fois |
| | | Aléanore Bouquinovore
Nombre de messages : 1237 Age : 33 Localisation : Dans le sud de la France Emploi : Lycéenne Loisirs : Réapprendre à vivre... Date d'inscription : 12/05/2007
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Ven 23 Mai - 20:57 | |
| Trop court ^^, franchement j'ai adoré mas cette experience est encore un peu floue, ça me fait beaucoup penser à un texte que j'ai écrit, c'est une ébauche pour Céleste, peut être peut être pas, enfin je te montrerai si tu veux!
La suite!!!
Ps: la suite de Céleste est postée! | |
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| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Sam 31 Mai - 13:57 | |
| Je poste la suite, paske j'vous aime bien xD! Non et pis bon, t'façon ça fait pas grd chose alors bon... Donc voilà, j'vais vous rebalancer mes sales épisodes (et oui ça recommence =D). Et... Bienvenue en l'Empire comme le disais si bien l'agent M xD. Bonne lecture! ____________________________________________________
Episode 2 La chaleur des draps le réconfortait grandement. Ici, tout paraissait si calme, si éloigné du reste du monde. Marc s’étira dans son grand lit. Il baillait de joie. Il compta les jours, comme chaque matin… dix mois tout juste qu’il résidait en l’Empire. Lentement, il se redressa. On l’avait installé comme une altesse royale. Cela l’avait gêné un peu au début, mais ce peuple était si différent du sien. Il avait compris qu’il l’aurait choqué en refusant ce genre d’hospitalité. Oui c’était ça. L’Empire demeurait distinct de la République Terrae, telle qu’il l’avait toujours connue. Malgré les quelques mois passés, Marc n’arrivait toujours pas à saisir cette « chose » qui rendait ce monde si à part. Il s’ébouriffa les cheveux, déjà en bataille, et posa son pied nu sur le sol chaud. Doucement, il sortit des somptueux draps, cousus d’or et d’argent, de sa couche. Soulevant les voiles écarlates qui l’enfermaient dans son sommeil, Marc marcha jusqu’à la fenêtre la plus proche. Une intense lumière perçait les volets à demi clos. L’enfant parcourut de sa paume les rayons, qu’il fit danser entre ses doigts. Il avait appris tellement de choses depuis son arrivée… Tranquillement, à son aise, Marc ouvrit les battants qui protégeaient encore les ténèbres de la chambre, puis il se laissa irradier par la puissance de la Lumière au-dessus de la capitale Polégardienne. Il s’avança, paupières fermées, sur le balcon du palais Impérial. A tâtons, il posa ses mains sur la rampe, tiédie par le soleil matinal. Sa peau semblait s’éveiller à son contact. Un petit frisson délicieux lui parcourut l’échine. Marc sourit. Il était bien. Depuis peu, il vivait en harmonie avec la Lumière. Il la contrôlait à mesure de son instruction auprès des grands maîtres. Et parfois, chose rare, il rencontrait l’Empereur lui même. Quel personnage formidable. Il se souvenait de leur première entrevue. Après trois jours de voyage à travers l’Empire, ils avaient vu se dessiner au loin les portes de la capitale. Un véritable triomphe les y attendait. Marc n’aurait jamais cru avoir un jour été aussi célèbre. La limousine impériale avait franchi l’entrée sous un tonnerre d’applaudissements. Ainsi, elle avait remonté les artères principales de la ville, pendant plus de quatre heures. La capitale était immense. Marc le remarquait encore ce matin. En l’embrassant du regard, il laissa divaguer ce dernier par-dessus les ruelles, les majestueuses bâtisses blanches et les murs au loin, délimitant l’accès. Tout n’était que constructions diverses, mais dans une finesse exquise. A croire qu’un artiste se serait attribué la tâche de dessiner les plans, comme si la ville s’était épanouie d’elle même, sans craindre la moindre menace, pouvant ainsi s’élever sans le moindre risque de destructions. Bien des mystères planaient sur elle et Marc souhaitait les apprendre un par un. Mais le peuple de ce monde prenait un malin plaisir de les dissimuler futilement, de façon à ce que l’enfant les découvre petit à petit, comme une succession d’énigmes à résoudre. Même l’Empereur, pourtant si bon et qui répondait toujours avec philosophie à toutes ses interrogations, gardait une nuance d’ombre à ce sujet. Marc aurait déjà bien voulu savoir son nom. Elle semblait ne pas en posséder.
« A quoi bon lui attribuer un nom inutile, alors qu’il n’a toujours existé qu’une seule capitale ? »
Décontenancé, Marc n’avait pu riposter à cette rhétorique. Il s’était alors accommodé à cette nouvelle logique, à cette insolite manière de raisonner. Il est vrai, tout le monde savait où se situait la capitale, pourquoi la nommer ? Marc baignait dans ce monde original, et il y prenait goût. La Lumière l’aidait beaucoup aussi à s’intégrer. A présent, toutes ses nuits, il les passait à converser avec Elle. Terminés les songes de guerres, de mutilations, de violences, désormais, il partageait leur amour l’un pour l’autre. Un certain équilibre s’était forgé chez Marc, et son visage en démontrait. Radieux, il avait troqué son teint pâle, pour un agréable ton coloré. Ses yeux aussi se métamorphosaient. L’éclat de ses pupilles azures s’intensifiait. Sa chevelure blonde rayonnait d’elle même. Et Marc avait grandi. Ses bras s’étaient musclés et il s’accaparait de plus en plus l’apparence d’un homme. Il atteignait bientôt ses seize années. Son corps se transformait. Son caractère aussi. Il prenait davantage d’assurance en lui. L’agent M y avait largement contribué. Il était devenu le confident de l’enfant. En l’espace de quelques jours, leurs relations s’étaient étroitement liées. Ils avaient vécu le même enfer. Ils s’étaient secourus mutuellement. Une véritable complicité s’était tissé et M avait décidé de lui faire partager une partie de son savoir. Il lui avait montré comment passer inaperçu, en forçant son esprit à s’échapper de son être. Plusieurs fois, Marc avait cru flotter une fraction de seconde au-dessus de son propre corps avant de replonger immédiatement dans son âme. L’expérience était alléchante et il la reproduisit souvent, seul, dans sa chambre. L’agent lui avait aussi inculqué l’art de se mouvoir dans l’espace avec une rapidité extraordinaire. Tout reposait sur la faculté de percevoir les choses. L’agent procédait à une analyse complète de chaque sol, de chaque mur, de chaque obstacle. Et il calculait en un temps record le chemin le mieux adapté. Il lui expliquait aussi la manière de courir. Ne jamais poser le pied en entier, mais juste les orteils, à la manière du tigre ou du guépard. Le talon ralentissait la progression. Mais l’agent M se révélait aussi en un excellent substitut de père. Combien de fois il lui avait ouvert ses bras lorsque Marc se désespérait de ne plus revoir sa famille et son ami ? Par des mots simples, il l’avait réconforté et avait même réussi à lui redonner le sourire. Il n’était plus aussi froid et impassible que Marc se l’était imaginé l’année passée. Les citoyens de Terrae paraissaient bien sots maintenant de croire que les agents de l’Empire n’avaient aucun cœur. Bien au contraire, ils en avaient trop. Et ils le cachaient, pour se protéger eux-mêmes mais aussi leurs prochains. Il s’avérait que l’amour pouvait se transformer en une faiblesse impitoyable. Et malgré tout le savoir d’un Empire, les agents pouvaient succomber par cette simple faille. Marc, avide, assimilait toutes ces informations. Il buvait les paroles de l’agent, qui devenaient vérité pour sa nouvelle conception du monde. Un jour, l’agent M lui avait même dévoilé une chose que l’Empereur lui avait défendu à son arrivée dans la capitale.
« Tu es immunisé désormais. »
Peut être avait-il légèrement sur-estimé l’enfant. L’agent l’avait emmené dans sa voiture officielle, gravée de la maison de l’Empereur. Ensemble, ils avaient déambulé dans les rues de la ville. Après une trentaine de minutes de route et de discussions mystérieuses, M s’était enfin arrêté devant une bâtisse imposante. Elle aussi était marquée aux insignes du palais Impérial. Ce fut une chose que Marc comprenait peu à peu. L’Empire aussi solide qu’il se le concevait était en fait divisé en deux parties bien distinctes : l’Empereur d’une part et le Grand Conseil de l’autre. Etonné, Marc s’était rendu compte que l’Empire semblait bien plus démocratique que la République. Subjugué, il avait découvert que l’Empereur n’avait aucun pouvoir absolu sur son peuple, contrairement à ce que critiquaient ouvertement les journaux de Terrae. Mais là aussi, un voile s’était dressé devant l’enfant. Il avait l’impression de vivre à l’intérieur d’une petite bulle, dans le palais Impérial, éloigné de ce véritable monde. Il ne savait que très peu de choses à propos de ce Grand Conseil. Simplement qu’il dirigeait l’Empire et qu’il avait bien plus de pouvoir et d’autorité dans la société. Néanmoins, l’Empereur semblait demeurer un personnage très respecté. Personne ne contredisait sa parole et de nombreux visiteurs venaient lui demander ses conseils. L’agent M le vénérait plus que tout, Marc ressentait une profonde affection pour son maître. Ainsi, il avait incité le jeune garçon à pénétrer l’établissement. Dans un hall luxueux, de nombreux hommes, simplement recouvert d’une toge fine, les avaient accueillis avec une grande joie. Il s’agissait en fait d’une école, d’une très prestigieuse école, où l’agent avait été lui même élève. Les étranges personnages étaient des professeurs, excessivement cultivés. Par des gestes souples, ils les avaient convié à visiter l'institut. Mais M leur avait fait comprendre le pourquoi de leur venue. Marc les avait suivi, ne comprenant pas ce que son ami voulait lui présenter. En arpentant les couloirs somptueux, il s’était extasié devant la richesse des décorations. Des années, des siècles, des millénaires même, s’étaient étalés devant son regard ébahi. L’école demeurait très ancienne, et il ne savait pas à quel point. Des tableaux d’une élégance incomparable surmontaient des meubles ornés d’objets d’une finesse exemplaire. Marc s’était arrêté devant une petite amphore argentée. Elle paraissait posée là depuis des temps immémoriaux, mais on n’apercevait pas la moindre trace de poussière. A ses côtés, une gravure sur une tablette de marbre antique se laissait encore déchiffrer très facilement, comme si elle désirait qu’on la lise indéfiniment. Les yeux de Marc avaient sauté de merveilles en merveilles puis il avait remarqué que le groupe s’éloignait de lui. En quelques enjambées, il les avait rejoints, au moment où le directeur de l’établissement, vêtu d’une fraîche robe bleutée lui accordant une légèreté délicate, avait ouvert une porte donnant accès sur une autre partie du bâtiment. Lorsqu’il découvrit ce qu’il se cachait à l’arrière, le cœur de Marc se serra. De jeunes enfants assis en rond avaient jeté sur lui leurs regards emplis d’une sagesse impensable pour leurs âges juvéniles. Puis l’un d’eux s’était levé et s’était approché de Marc, respectueux. Mêlant toute la philosophie de l’enseignement qu’il avait reçu, l’élève lui avait dit :
« Quelle joie me transporte que de voir l’un de mes compatriotes… »
Réservé, il avait approché sa main du visage de son interlocuteur et il lui avait caressé amicalement, en signe de bienvenue. Marc, déboussolé, avait serré la paume de ce jeune citoyen de sa République natale. Puis, oubliant toute contenance, il l’avait embrassé sur la joue, comme un besoin oppressant. Les neuf autres enfants s’étaient levés à leur tour. Ils paraissaient changés depuis leur départ de Bagdad, ce fameux jour des adieux de Terrae à ses dix sélectionnés. L’Empire avait tenu sa promesse. Ils recevaient une éducation soutenue. Marc avait passé le reste de son après-midi à converser avec eux. Marc leur avait donné des nouvelles de la République. La Polégardie leur avait caché les troubles qu’il s’y déroulait, pour ne pas enfreindre leur sagesse en constante ascension. D’ailleurs, Marc fut étonné avec quelle maturité ils reçurent l’information.
« Tout bon régime doit connaître sa part d’ombre pour se relever. »
Ils avaient tous acquiescé à ces justes paroles. Puis, vers la soirée, ils s’étaient retirés dans leurs appartements, pour méditer. Marc avait rejoint le palais Impérial, avec l’agent. Il aurait cru que l’Empereur se serait fâché de leur conduite, mais il n’en fit jamais mention. Et pourtant, il savait où ils avaient passé leur journée. [...]
A suivre..
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| | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Sam 31 Mai - 14:26 | |
| Et la suite ! ___________________________________________________ [...]
On frappa à sa porte. Marc sursauta. On le tirait de ses rêveries. Refermant sa fenêtre, il s’empressa d’aller ouvrir le grand battant, sculpté de feuilles de vigne, qui verrouillait sa chambre. L’agent M l’attendait dans l’embrasure. Marc le salua d’un geste amical et l’invita à entrer. Il était encore en chemise de nuit mais il n’avait aucune pudeur devant lui. Il avait l’impression que M l’avait déjà mis à nu plusieurs fois et leur intimité en était arrivé à tel point qu’ils se considéraient comme membre de la même famille. Le polégardien tenait à bout de bras un petit plateau surmonté d’un bol de chocolat et de petits pains dorés. Il le posa sur le lit de l’enfant qui le rejoignit immédiatement, alléché par les bonnes odeurs. Ils partagèrent leur petit déjeuné. Ils discutaient de tout et de rien. On aurait affiché un nouveau tableau dans la bibliothèque du palais. Marc se disait qu’il irait l’admirer le plus vite possible. Puis, l’agent commença à dévier sur un sujet plus ambigu. Il fit plusieurs fois allusion à la rencontre des jeunes sélectionnés de Terrae. Puis il vint à la question fatidique :
« Tes parents te manquent, n’est-ce pas ? »
Marc déglutit avec difficulté son morceau de croissant, et il baissa la tête. Des larmes commençaient à lui piquer les yeux. La vie était belle dans l’Empire, le palais était magnifique et ses gens, aimables… mais, il résidait un mais. Il lui manquait une chaleur irremplaçable, même par l’agent M. Avec difficulté, il murmura un oui presque inaudible. Cependant, le polégardien s’attendait à ce genre de réponse et il sourit d’un air réjoui. Surpris, Marc se demanda s’il ne se fichait pas de sa tête et il eut soudain honte de ses larmes. Il les sécha du revers de sa main et prit son air renfrogné des jours sombres. Pourtant, M lui dit :
« Eh bien, j’ai une grande nouvelle pour toi… »
Marc lui fit un signe de la main pour qu’il poursuive, tout en étalant rageusement du beurre sur sa tartine.
« J’ai longuement parlé à l’Empereur, et je t’assure qu’il lui fut difficile d’accéder à ma requête. Mais j’ai tout de même réussi ! »
Reposant sa cuillère sur le plateau, il posa sa main sur l’épaule du garçon et claironna d’un ton chantant :
« Je t’emmène chez tes parents pour Noël ! »
La nouvelle ne fit qu’un tour chez Marc et il bondit littéralement de joie de son lit. Remerciant le ciel d’exaucer ses vœux les plus chers, il alla ensuite embrasser vigoureusement son protecteur polégardien. M le tapota gentiment sur le dos. Puis, il le lâcha et reprit son air sérieux :
« Evidemment, il faudra t’attendre à une surveillance plus que multipliée. L’Empereur enverra une armée à tes basques. Une armée bien dissimulée, ne t’en fait pas, rajouta t-il en souriant. Les relations avec ton gouvernement sont exécrables et la circulation sur ton territoire devient de plus en plus compliquée. Des attentats ratés sont constamment perpétrés et personne ne punit. De plus, personne ne devra savoir que nous t’avons à bord. Sinon, nous retournerons directement ici et l’Empereur n’acceptera plus jamais une entreprise aussi risquée… »
Marc se rassit. Son cœur s’emballait. Malgré le danger, il attendrait ce jour avec impatience. Enfin, il avait un but, un espoir à se fixer devant lui. Noël… ce serait dans deux mois. D’ici là, il travaillerait et se ferait bien voir auprès de l’Empereur, pour ne pas le décevoir. Oui, c’est comme ça qu’il agirait. L’Empereur était bon, il savait exactement ce qui lui faisait plaisir, à croire qu’il lisait dans ses pensées. L’agent M lui donna ensuite deux autres indications sur leur projet puis ils sortirent de la chambre. Le doux jeune homme recevrait encore une dure journée d’instructions avec les grands maîtres…A suivre...
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| | | Invité Invité
| | | | Invité Invité
| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Dim 1 Juin - 0:20 | |
| Merci ^^. Je tiens à préciser que les paragraphes ne sont pas voulus... c'est le forum qui merdouille! Totu comme le changement d'écriture, ce n'est pas un effet de style xD. Enfin, je posterai le troisième demain ! |
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| Sujet: Re: Le Véritable Visage de la Lumière... Dim 1 Juin - 22:09 | |
| Arf'! Ce qui m'embête en fait, c'est que, j'suis en train de bidouiller la première partie du Tome 1... et ça collera pas forcément avec le Tome 2 que je risque de rechanger plus tard. Mais bon j'le poste quand même. Mais sachez que ça risque de bouger, donc voilà voilà! Bonne lecture . ___________________________________________________________ Episode 3 L’Empire. Partout l’Empire. Marc dévisageait les longs couloirs du palais Impérial. L’agent M s’était échappé de son étreinte. Une entrevue avec l’Empereur l’attendait. Marc demeurait seul, au milieu de ce cristal de pureté. Il s’avança. Ses pas donnaient quelques notes fluettes sur le sol fin. Lentement, sa marche se transforma en une symphonie de sons clairs qui se répercutaient contre les murs en verre opaque. Une douce mélodie s’éprit de son esprit et elle l’emporta sous les effluves de son concerto. Il paraissait léger au milieu de toute ce raffinement et il se surprit à gambader au rythme de la musique entraînante qui murmurait à son oreille. La Lumière était maîtresse. Partout elle rappelait sa présence. Elle transperçait les obstacles et elle s’enroulait autour de ceux qu’elle aimait. Marc la caressa de ses mains et la contempla amoureusement. Un rayon dansa dans ses cheveux d’or puis il partit loin en avant. Il lui indiquait le chemin à parcourir. Intrigué, Marc le suivit. Néanmoins, il s’arrêta lorsqu’il aperçut une gravure surprenante. Sur un pan de mur, des paysages d’émeraude, des soleil de rubis ou des ciel de saphir s’illuminaient sous l’impulsion de la Lumière. Les contours se distinguaient par elle, puis les couleurs se remplissaient en fonction de la quantité de lumière acceptée, jouant avec les effets d’ombres. Marc n’avait jamais découvert cet endroit et il fut charmé. Il posa sa paume sur le visage d’un être voilé par une brume d’or et il remarqua qu’il était chaud. Il pressa alors son autre main et il souligna langoureusement des doigts les ourlets soignés par un outil de maître. Ainsi, par la magie de quatre éclairages différents, du rouge, du vert, du bleu et du jaune, il contempla le désir suprême de tout homme. Son regard s’arrêta sur le corps d’un personnage nu. Ciselé d’une perfection inimaginable, l’être dégageait un amour délicieux. Longeant son bras tendu, Marc entrevit ensuite la splendeur d’une femme, allongée sur le côté, qui lui tenait la main. Elle exprimait la douceur incarnée, et elle lissait délicatement ses cheveux aux tons de nuit. Marc eut le cœur serré, l’Amour le pénétrait. La Lumière lui lécha le visage… les gravures se troublèrent. L’enfant se retourna et il poursuivit. Cet endroit demeurait vraiment somptueux. Taillé dans du diamant, le couloir brillait de mille éclats. Plusieurs fois, il repérait son reflet, qui se cachait derrière des piliers de marbre. Ces derniers encadraient de leurs arches gracieuses l’ensemble du parcours. Des tapis d’herbes continuellement fraîches tapissaient à présent le sol. Marc se déchaussa et il reposa ses pieds nus sur cette tenture naturelle. Traversé par un sentiment de douce délectation, il sautilla à la suite de la Lumière. Enfin, il aperçut une fenêtre. Il s’élança vers elle et il l’ouvrit. Une rafale de vent l’ébouriffa et s’empressa de secouer l’univers stable du couloir. Marc avait une vue sur la cour Impériale donnant accès à la grande porte qui se fermait sur le reste de la capitale. Derrière ses remparts, le palais était réellement un monde à part. Plus loin, l’enfant distinguait les hautes tours des immeubles d’immenses sociétés de l’Empire. Inlassablement, des gyroptères, dont Marc commençait à s’habituer de leurs présences, se posaient ou s’éloignaient des toits, déposant leurs propriétaires.
« Que contemples-tu mon ami ? »
Marc n’avait pas écouté l’approche du vieux maître. Confus, il se tourna vers un homme âgé, vêtu d’une longue tunique jaune. Une petite coiffe lui recouvrait la tête. Et il s’appuyait sur une solide canne pour ne pas s’affaisser sur le sol moelleux.
« Rien, Maître. Je ne fais qu’observer la beauté de votre monde. »
Le maître rit. Marc s’en étonna. En quoi sa réponse était source de plaisanterie ? Se renfrognant, l’enfant baissa la tête et inspecta les limousines garées en contre-bas, dans la cour. Le maître se tut, puis il interrogea :
« Et de quelle beauté me parles-tu mon enfant ?
-De la beauté de votre ville, de la finesse de votre philosophie et de l’agréable atmosphère qui règne ici, murmura Marc se laissant choyer par la Lumière du soleil. »
Le vieillard acquiesça d’un signe lent du buste. Puis, s’approchant de son élève, il ajouta :
« Te faut-il changer de monde pour découvrir tout cela ? »
Décontenancé, Marc se répéta cette ultime question. Déjà, le maître s’en allait. Refermant vivement la fenêtre, stoppant par la même occasion tous les bruits étourdissants de la capitale, il courut rejoindre le vieillard. Mais il ne dit rien. Ensemble, ils arrivèrent enfin devant la porte qui délimitait la fin du couloir. Celle-ci s’ouvrit toute seule. Ses lourds battants de pierres poncées se retirèrent chacun dans le mur de l’embrasure, offrant l’accès aux deux passants. La pièce qui se situait à l’arrière, Marc ne la connaissait que trop bien. La première fois, il avait été époustouflé. Mais au bout de quelques mois et de plusieurs leçons s’y déroulant, il s’était accoutumé à sa grandeur. La Bibliothèque ne semblait jamais se terminer. Des rangées d’innombrables livres s’entassaient sur des étagères ancestrales. La Bibliothèque avait été placée dans une tour du palais, si bien que des escaliers en colimaçon permettaient d’accéder aux rayonnages du haut. Marc n’avait jamais monté jusqu’au sommet. Il avait peur. Il ne le voyait pas.
« Il faut d’abord se méfier de l’inconnu avant du connu. » lui avait pourtant inculqué plusieurs fois les grands maîtres. Mais l’enfant n’avait pu se résoudre à grimper les quantités incalculables de marches. Et, à son soulagement, la plupart des ouvrages que lui quémandaient ses professeurs reposaient dans le bas.
Le Maître en jaune alla s’asseoir sur un fauteuil confortable. Un large table lui faisait face. Marc reconnut Sarcadid qui dévorait les lignes d’un vieux recueil. L’enfant n’était désormais plus impressionné par l’ancien président de la République Terrae. Il était même devenu lui aussi un ami. Il passait son temps à lire et à discuter avec l’Empereur les soirs. Mernine qualifiait ce chef d’état de passionnant. Cependant, à chaque entretient, l’Empereur lui donnait une énigme que Mernine cherchait dans les livres le lendemain pour y répondre la prochaine veillée. Voilà comment il occupait ses journées. Comme il l’avait promis à son peuple, il étudiait l’Empire… d’une étrange manière certes, mais d’une méthode infaillible. Marc le salua alors et Sarcadid releva la tête spontanément, comme sortis d’un charmant rêve.
« Oh, bien le bonjour petit. Comment vas-tu ce matin ? »
Il jeta un rapide coup d’œil au maître à l’autre bout de la table et lui fit un petit signe de la main. Puis, il reporta son attention sur l’enfant :
« Ces vers sont passionnants. Je n’ai pas vu le temps passer. Cet Empire m’étonnera de jours en jours. Il renferme des poètes d’un étrange raffinement. Je ne sais comment il s’inspire mais c’est pour le plaisir de l’esprit…
-Beaucoup de choses sont étranges ici, Sarcadid, répondit Marc. Sauf si ce sont nous qui sommes étranges…
-Effectivement, accorda Mernine, je vois que la philosophie polégardienne te touche toi aussi, rajouta t-il en souriant… »
Il se replongea alors dans les pages du manuscrit. A l’expression de son visage, Marc devina facilement que l’ancien président éprouvait une allégresse indéniable à déguster les lignes de son ouvrage. Cependant, lorsque Marc rejoignit le maître en jaune, il l’interpella :
« Ô, j’oubliais, l’Empereur m’a confié de te signaler la présence d’un nouveau tableau à l’autre bout de la Bibliothèque. Je suis allé le voir moi même et je crois qu’il compte beaucoup pour sa majesté…
-C’est ce que je m’apprêtais à faire, approuva l’enfant, M m’en avait parlé…
-Ah, si M est allé plus vite que moi, rétorqua Sarcadid d’un air faussement jaloux. »
Marc sourit. Tout le monde s’apercevait de la complicité entre lui et l’agent. Et Mernine était un expert quand il s’agissait de les taquiner à ce sujet. Mais, l’enfant voyait bien qu’il était particulièrement heureux de cet amitié. Au sein de l’Empire, l’agent semblait imposer une importante place. Il ne pouvait être qu’un allié puissant pour le jeune enfant. Et Sarcadid s’en réjouissait. Lui qui avait cru que l’intégration se ferait durement après tous les châtiments imbéciles qu’il avait osé prononcer lorsqu’il était encore à la tête de Terrae…
De nombreux érudits s’imprégnaient du savoir de la Polégardie dans la Bibliothèque. Marc obligea le maître à se lever et à le suivre. Les gens se bousculèrent à leur passage et certains même risquèrent une révérence au jeune enfant. Marc détestait cette impression de supériorité qu’on lui octroyait. Il se retrouvait plus gêné qu’honoré. On le considérait comme un prince depuis son arrivée. Il n’avait pourtant nulle apparence d’un tel titre. Il traversa ainsi plusieurs rangées d’étagères toutes plus hautes, toutes plus chargées, toutes plus rayonnantes de connaissances que les autres. Enfin, il aperçut le tableau. Au loin, il avait cru qu’il s’agissait d’une personne de chairs et d’os, tellement la peinture semblait réelle. Puis peu à peu, il remarqua que son sourire énigmatique demeurait figé et que ses gestes gracieux persistaient immobiles. Son cœur se serra. Une femme magnifique, d’une grandeur incontestée, se tenait droite devant lui. Elle était belle, sans aucun doute. Sa robe aussi simple que riche, la recouvrait délicatement. Une légère transparence permettait d’entrevoir la finesse de son corps. Elle avait quelque chose, quelque chose d’indescriptible. Son regard, aussi bleu que l’immensité des océans, était empli d’une profonde tristesse ce qui rajoutait une pureté supplémentaire à toute sa grâce. A cet instant, Marc voulait la connaître, il aurait souhaité la prendre dans ses bras, caresser ses cheveux recouverts d’un voile sombre… Une main sur son épaule le sortit de son émerveillement.
« Ah, quelle femme cette Impératrice… »
Marc sursauta. L’Impératrice ? Elle-même ? Il n’en avait jamais écouté parler. Ce portrait existait dans la vie réelle ? Ce n’était pas une autre chimère de la Lumière, des œuvres magnifiques de l’Empire ? Marc sentit son cœur s’emballer. Déjà il désirait la rencontrer, lui faire allégeance et lui prêter serment de fidélité. Le maître en jaune sourit devant l’agitation de son jeune élève et il lui caressa la joue en confiant paisiblement, comme pour enlever toute douleur à ces paroles :
« Mais elle nous a quitté il y a fort longtemps, mon ami. Mais je puis t’assurer qu’elle a marqué l’Empire à jamais… »
Le monde naissant et frêle que s’était bâti Marc s’effondra brusquement. Toute sa joie fut balayée par une amère tristesse. Alors, finalement, il ne la verrait jamais ? Un soupir s’échappa de ses poumons et il marmonna :
« Comment un monde a t-il pu se séparer de cette beauté sans nom ?
-Ce n’est pas le monde qui en a décidé ainsi. Mais elle même… »
Marc releva son regard d’un air interrogateur. Le maître en jaune ferma ses paupières puis les rouvrit, des larmes perlant ses yeux…
-Elle s’est suicidée…, souffla t-il »
Marc se rattrapa à une chaise, manquant de tomber. Elle s’était offert elle-même à la mort ? Ce bijoux, cette pureté, cette splendeur avait décidé lui-même de disparaître, de s’assombrir, de reposer le froid voile mortuaire sur son visage si chaleureux. A présent, des larmes lui piquaient lui aussi les rebords de ses cils.
« Et l’Empereur ?, demanda t-il d’une voix enrouée, pourquoi voulait-il que je la vois ?
-Peut être … pour que tu comprennes mieux sa douleur. Et peut être aussi pour que tu acceptes mieux les conséquences d’une telle perte… »
Une envie obsédante poussait Marc à pleurer à chaudes larmes. Elle était si belle. Il n’avait jamais eu la chance de la rencontrer… Ses gestes resteraient donc figés à jamais ? Quelle horreur devait subir l’Empereur… quel supplice il endurait. Pourquoi affichait-il sa douleur ? Pourquoi lui prenait-il le désir de lui montrer cette souffrance à lui, Marc, le pauvre môme de la République Terrae ? Pourquoi, pourquoi ? A nouveaux les questions fusaient dans son esprit. Et il se sentit submergé par une vague de désespoir soudain. Ses parents lui revinrent en mémoire et il s’étala sur le sol, s’affaissant sous le poids de son chagrin. Sa vie n’était qu’un long destin d’accablements… Le sol trembla légèrement, les vibrations se répercutaient dans sa poitrine, stoppant la montée des sanglots et des spasmes de sa tristesse. Marc remarqua le maître qui essuyait quelques gouttes dont saignaient ses yeux. Le vieillard joignait ses mains. Il était source de ces tremblements. Il était le maître de la Terre…
« Viens mon enfant, l’Empereur t’attend. C’est lui et lui seul qui désirait que tu contemples sa douleur, l’ange qui fut source de ses démons… Maintenant, je sais qu’il voudra te parler. »
Marc se remit debout. Il saisit la main que lui tendait le vieillard qui ajouta :
« Et n’essuie pas tes larmes… tes yeux ne sont que le miroir de l’âme. Et personne ne devrait cacher son âme, car c’est ce que chacun possède de plus pure et de plus sincère… »
Marc obéit. Ils sortirent de la Bibliothèque, par une porte sculptée de nobles arabesques. Elle s’ouvrit automatiquement elle aussi, comme une révérence à ce jeune et frêle enfant qui importait tellement à cet Empire si puissant…
A suivre...
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